
Le Main Square Festival 2018 prend à nouveau ses quartiers d’été à la citadelle d’Arras. Un programme à nouveau chargé réparti sur trois jours.
Bien qu’éclectique, on relèvera une dominante à chaque journée, le gros son le vendredi au Main Square Festival 2018 (avec Pleymo, Queens of the Stone Age et Gojira), du rock plus enclin à la mélodie le samedi (Wolf Alice, Black Foxxes…) avec LA tête d’affiche du week-end : Depeche Mode. Enfin, un dimanche un peu plus urbain (IAM, Jamiroquai et Orelsan). Et si on ajoute à ce beau programme un temps absolument radieux, avouez que ça aurait été dommage de rater cette édition. Retour sur quelques moments forts du samedi et du dimanche.
Samedi au Main Square Festival 2018
Cette journée est particulièrement chargée avec notamment la présence de la grosse tête d’affiche du week-end : Depeche Mode. Près d’un an et demi après leur passage au Stade Pierre Mauroy, les Anglais sont de retour dans le Nord. L’annonce de leur nom a été suffisante pour que les billets de la journée s’arrachent comme des petits pains !
Mais ils ne sont pas les seuls au programme. Deux groupes français vont assurer le spectacle. D’abord : les régionaux d’Okay Monday avec leur pop sucrée qui enchante les premiers festivaliers du jour, déjà chanceux d’être accueilli pour un soleil radieux. Une dizaine de titre dont une reprise de Madonna (Like A Virgin) histoire de bien se faire voir. Idéal pour débuter.
On notera ensuite la prestation des BB Brunes.
Seul groupe d’expression française de cette journée, il semble de prime abord surprenant de les voir s’installer sur la Main Stage. C’est oublié qu’avec cette machine à tube (Coups et blessures, Stéréo, Dis-moi…) la formation des ex-bébés rockeurs a ses « aficionados ». Ce n’est peut-être pas transcendant, mais avouons que ça a plu assez largement et que chacun pouvait trouver son compte parmi la grosse quinzaine de titres joués.
Revenons en arrière avec l’enchaînement de plusieurs formations rock qui toutes abordaient un style quasi-similaire. Alors qui de Basement, Black Foxxes ou Wolf Alice s’est détaché du lot ? Difficile de trancher. Les rythmiques lourdes et guitares tranchantes sont communes ; seuls les styles de voix diffèrent. Plutôt grave et puissante (Basement), plus aiguë (Black Foxxes) on préférera la touche féminine de Wolf Alice qui a aussi le mérite d’éviter de faire la diva comme certaines de ses consœurs. Alors oui, tout ceci est efficace, mais cet enchaînement dilue un peu la spécificité de ces formations.
On assiste ensuite au concert de l’autre tête affiche de la journée : Liam Gallagher. Il rappelle que son Manchester City était champion d’Angleterre (désolé, j’ai toujours préféré leurs rivaux d’United !). Puis enchaine, avec la mine boudeuse déjà vue à Lollapalloza l’an dernier, ses compos propres et bien sûr des reprises d’Oasis. Ce n’est peut-être pas nouveau, toutefois on apprécie le simple fait de pouvoir entendre des chansons du mythique groupe des années 1990 (les deux tiers du set) par sa voix originelle. L’effet est toujours aussi fort, il n’y a qu’à entendre Wonderwall ou Whatever pour s’en convaincre.
Place aux rois de l’électro-pop : Depeche Mode.
Ils ont traversé les décennies et les styles, mais s’en sont toujours sortis et ont su se renouveler. Les fans ont tous les âges. Une trentenaire près de moi accueille avec la même joie Precious ou Personnal Jesus. La liste des morceaux pioche allègrement dans les différentes époques, surtout les tubes, là-dessus, il n’y aura pas de surprise. Mais cela fonctionne toujours aussi bien sur le public. En fin de set, deux dames âgées dansent le sourire aux lèvres sur l’évocateur Just Don’t Get Enough. Contrairement à Radiohead l’an passé, le concert de la tête d’affiche est beaucoup plus digeste : court (1 h 30), et bâti sur des chansons populaires. La prise de risque est minimale, cependant, le boulot est (bien) fait !
Dimanche au Main Square Festival 2018
C’est par un soleil toujours plus radieux que commence la troisième et dernière journée du Main Square Festival 2018, dont la programmation sera étrangement quasi 100 % masculine.
Après le rock sympathique de The Hunna, Loïc Nottet sert une pop baroque de sa jolie voix aigüe. Ce qui caractérise aussi le set de Loïc Nottet, c’est une scénographie sobre et efficace qui laisse la part belle à la danse. Entre deux solos de guitare et chorégraphies lyriques autour de lui, l’artiste échange volontiers avec un public complice.
Tom Walker enchaîne dans le Green Room avec un pop rock agréable. Sa voix, avec léger grain, participe à un bon groove général. De jolies lignes de basse complètent l’ensemble.
Sur la Grande scène, le groupe Nothing but Thieves propose un rock sensible et burné, servi par une voix aiguë éraillée et un guitariste qui ne s’économise pas. Sous un soleil de plomb, le public commence à grossir.
En parallèle des « gros » concerts sur les deux scènes principales, ça s’active à la Greenroom Jungle. Deux petits espaces thématiques résonnent comme une stéréo grandeur nature avec un DJ set différent. On peut entrer dans chacune des deux zones et découvrir un univers sonore entraînant. Ambiance. Petit coup de cœur pour ALEX B2b SIMPLY SEB qui nous emmène vers les plaisirs du son et de la danse
Pendant ce temps, les six gars de Girls in Hawaii investissent la scène secondaire.
Après une superbe introduction musicale, résonne le sublime « This light », extrait de leur dernier album devant un public pourtant encore un peu tiède. La fin du tour de chant de Nothing But Thieves juste à côté n’aide sans doute pas à se plonger dans ce morceau somme toute planant et poignant. Cela n’a cependant pas cassé la magie de ce moment. Puis les Belges, entre deux plaisanteries sur le match France-Belgique prévu quelques jours plus tard, enchaînent sur des titres plus joyeux mais moins sensibles.
On a une préférence pour les titres les plus récents de Girls in Hawaii, plus à même à proposer des montées émotionnellement fortes. On se délecte de ce spleen à la fois léger et bouleversant que ces gars-là sont capables d’apporter.
Direction la Main Stage.
On sent la tension monter d’un coup côté public du Main Square Festival 2018. IAM va bientôt faire son entrée sur scène. Il y a de quoi exciter les festivaliers, nombreux et fébriles, qui se massent devant la scène. PAF. « L’école du Micro d’argent« . Le crew, portant masques de samouraï et capuches. L’énergie et la verve. « Nés sous la même étoile« , ils tombent le masque. IAM joue volontiers sur la nostalgie d’un large public autour de leur album chef-d’oeuvre. Et ça marche à plein tubes.
Le groupe propose cependant des alternatives et un vrai show hip-hop. Un break swing sur « Chez le Mac« . Un break reggae sur « Petit frère« . Les slams dans le public commencent sur « Je danse le MIA« . Des fréquences basses sans doute trop fortes pour apprécier totalement la richesse des pistes instrumentales. Derrière les Marseillais, des paysages noirs, rouges, ocres, des bannières au nom de chacun des membres d’IAM, un décor japonisant et lumineux.
Ils ferment magnifiquement sur « Demain c’est loin« , « classique des classiques » dixit Akhenaton et beaucoup de fans d’IAM. Ensemble sur scène, sur un vrai banc tagué apporté pour l’occasion. Poésie, tout simplement.
Juste après, Portugal The Man joue sur la scène voisine une musique rock servie par une voix masculine aiguë. On remarque la présence importante d’une guitare rock qui tire vers le blues. Le tout agrémenté par quelques synthés et orgue. Parfait pour patienter avant le gros morceau de la soirée.
Jamiroquai, enfin.
Trois choristes, deux claviers, un guitariste. Un bassiste supersonique, un batteur derrière une vitre, un joueur de congas. Coiffé de son fameux chapeau « pangolin-de-lumière » visible sur la pochette de son dernier album « Automaton« , le chanteur Jay Kay balance un « Shake it on » impeccable et met tout le monde d’accord. Jamiroquai est là pour envoyer du bois et le fait avec un groove imparable.
C’est parti pour 1 h 40 de bonheur, sur un tempo assez égal, celui qui est fait pour danser. Jamiroquai enchaîne les tubes funk sur fond de décor spatial ludique qui plonge le public dans une atmosphère unique. Jay Kay semble un peu fatigué. Certains pourront même dire qu’il a un peu perdu de sa superbe par rapport à ses débuts. Ceci étant, sa voix passe très bien et on a à faire à un véritable showman. On sent l’artiste qui veut rester généreux avec son public avant toute chose.
Il est de surcroît entouré d’une superbe équipe et servi par de très bonnes chansons, choisies pour la soirée pour leur hyper-positivité.
Jamiroquai a transformé la citadelle en piste de danse géante. Chapeau !
Nous rajouterons aussi la présence d’artistes électro (Paul Kalkbrenner, Justice, Feder) tout au long des trois jours pour ceux qui voulaient faire la fête un peu plus tard.
Orelsan, quant à lui, a fermé le Main Square Festival sur un terrain conquis, le public reprenant ses titres et les connaissant visiblement sur le bout des doigts.
À l’heure des bilans, le festival artésien peut encore se satisfaire de cette édition 2018.
Les festivaliers étaient au rendez-vous du Main Square Festival 2018 (110 000), beau temps, circulation fluide, prestations de bon niveau. Tout y était. Vivement 2019 !
Texte : YenchY et Nicolas Fournier
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les photos du vendredi (par Abdel Bouje)
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