
Festival pluvieux, festival heureux ? C’est ce que se demande le spectateur en voyant la pluie tomber ce dimanche matin devant sa fenêtre. Oui c’est assez peu encourageant, surtout quand on connaît la disposition de la Citadelle où se joue chaque année depuis dix ans le Main Square Festival, et sa tendance à être boueux.
Heureusement, la météo s’adoucit peu à peu et une fois arrivé sur le site, on peut profiter au frais des nouvelles activités proposées par le Main Square.
On commence par le fameux Bastion, cette troisième scène, centrée sur les formations régionales (avec notamment Louis Aguilar et Structures) dans une ambiance champêtre. Le public s’assoit sur une petite butée, il y a des jeux flamands à disposition, une tyrolienne et même une grande roue pour ceux qui voudraient admirer le paysage alentour.
Proposée par quelques salles locales (le Pharos, le Poche…), cette scène permet de donner un éclairage plus important aux groupes locaux, en plus du vainqueur du tremplin. Cette année, c’est d’ailleurs Old Tree’z qui s’y colle. Après avoir échoué l’an passé, le trio ouvre donc la journée sur la Greenroom. Leur esprit « musique du monde » était dans le ton de la journée, même si ce n’est pas trop mon truc.

Mon truc c’est Idles sur la grande scène du Main Square Festival dès 15 h 00.
C’est la quatrième fois que je les vois en moins d’un an. Ce n’est certes, pas aussi impressionnant que quand ils sont en tête d’affiche. La faute à la distance avec le public, même si les deux guitaristes s’évertueront à franchir les crashs barrière pour jouer dans le public. Ils ont malgré tout un peu de mal à entraîner le public, se réservant sans doute pour plus tard. Leurs hymnes sont toujours efficaces (Mother, 1049 Gotho). Les allées et venues des musiciens dans la foule sont toujours aussi sympathiques.
Je reste sur place histoire pour profiter du talentueux John Butler. À peine huit morceaux, c’est une joie communicative et surtout ce solo délirant de plus de dix minutes (Ocean), exploitant à merveille les capacités d’une guitare folk et sa virtuosité technique. Que demander de plus ?
En attendant Bring me The Horizon, la grosse claque métal de la journée au Main Square Festival…
On tend l’oreille pour Tamino et son ambiance très sombre (sans doute pour préparer le terrain à Editors). C’est sobre, efficace. S’exprimant un peu en français entre les titres, le Belge d’origine égyptienne rend aussi hommage à Chris Cornell. On ne demande qu’à en écouter plus. Car dans un autre genre du gros spectacle se profile à l’horizon.
Venus d’outre manche, les membres de Bring Me the Horizon ne sont pas venus seuls. Le décor est fourni, un grand écran affiche les paroles des chansons comme des slogans, des danseuses maniant également le lance flamme sont de la partie. Oliver Sykes et ses potes ne sont pas là pour jouer des berceuses. Le rythme est lourd, allant parfois chercher vers le punk. Le set est carré, bien construit. Cependant, il faut que j’avoue que j’ai un peu de mal avec ce genre de formation, dont les gros moyens masquent un peu l’absence de contenu.

Maintenant, tout va s’enchainer très vite au Main Square Festival 2019 !
À commencer par Rival Sons, une formation bien connue des festivaliers (et notamment des Arrageois). Ce sont des amateurs de ce rock très années 1970, un rock brut ponctué de solos bien sentis. Le chanteur dont c’est l’anniversaire ce dimanche, ressemble plus que jamais à Jim Morrison. À l’image d’un Seasick Steve, c’est le genre de formation appréciée des rassemblements estivaux. Puissant et proposant une vraie bonne ambiance ainsi qu’une hure de set réglementaire. Oui, très bon !
Et maintenant, place au rap ! BigFlo et Oli, dans un décor façon théâtre de rue, et Eddy de Pretto. Ils se feront chacun à leur tour les chantres du rap. « Je suis comme toi« , annoncent les Toulousains ; ce à quoi l’interprète de Kid répondra qu’il se considère comme « normal, banal » quelques minutes plus tard sur la scène secondaire.
Un changement clair du rap actuel où il n’est plus question de se prendre pour un Gangsta pour réussir.
Voici arriver les trois dernières têtes d’affiche du Main Square Festival.
Principale attraction, Ben Harper est de retour à Arras, neuf ans après. Cette fois ce sont les Innocents Criminals (le groupe avec lequel je l’avais découvert) qui remplacent les Relentless Seven (ou Relentless7) venus avec lui en 2010. La formation balaie la carrière de l’américain au jeu de guitare si particulier : Burn On Down, The Will To Live, Fight for your Mind.
Enfin, je peux entendre en direct Please Bleed ou encore le très beau Diamonds on the Inside. À la fin c’est le dilemme : rester entendre sa reprise de Superstition ou migrer vers la Green Room pour entendre le Papillon d’Editors.

Ce sera la seconde option pour moi.
Le rock très sombre des Anglais est mêlé à une musique synthétique très froide et appréciée du public, restant encore massivement sur le site malgré l’heure. Fan de leur premier album, j’apprécie tout particulièrement les interprétations de Blood et Munich et les nouveaux titres extraits de leur dernier album Violence (Hallelujah (So Low) et Magazine).
Un dernier crochet par la grande scène pour entendre la sympathique Jain. La musique colorée de la Toulousaine finit idéalement la soirée un peu fraîche, où elle contribue tout de même à adoucir avec un set réduit par rapport à son dernier concert au Zénith de Lille.
Clairement, il n’y avait pas le potentiel des grosses formations présentes par le passé (Queens of the Stone Age ou Depeche Mode rien que l’an dernier). Assurément, ces habitués des festivals ont livré des shows de qualité à un public nombreux : ce qui a permis au festival de battre un nouveau record de fréquentation.