Voir plusieurs fois un artiste sur une même tournée est plutôt rare. Surtout, quand il s’agit d’un groupe étranger plutôt très demandé. C’est pourtant une occasion que j’ai pu saisir cette année en voyant à dix jours près, Idles à Reims puis à Nancy.
Deux ans après la dernière tournée de Suicidal Tendencies (mêmes salles à trois jours d’intervalle). Alors que valent les punks anglais les plus tendances du moment sur cette tournée en tête d’affiche.
Première surprise : le concert rémois se tient dans le club de la Cartonnerie (ils auront droit à la grande salle à l’Autre Canal à Nancy). Comme à l’Aéronef de Lille, la Cartonnerie possède donc une plus petite salle. C’est bête à dire, mais je découvre. Ça va être compliqué pour les photos, cependant ambiance et sueur garanties.
Deuxième surprise : la première partie LIFE est excellente.
Originaire d’Hull dans le Yorkshire, ce quatuor mixte réveille avec un post punk dynamique. Il y a du Joy Division bien sûr en tête, et aussi le style vocal d’Idles. Le chanteur ne fait pas que mimer le style vocal de celui d’Idles, il a également une démarche assez particulière.
Notamment un mouvement rappelant la danse des canards. Je sais cette information est un peu brutale à avaler, cependant rassurez-vous ! La présence scénique du groupe, et surtout l’énergie avec laquelle ils balancent leur son, vous scotchent littéralement devant leur prestation.
Enfin, Idles arrive.
Le premier titre Colussus affirme par sa rythmique lourde la présence scénique du groupe. La première fois que je les ai vus, c’était en journée au Cabaret Vert 2018. Il faisait beau, néanmoins ils étaient très loin. Ici, c’est l’inverse. Les lumières sont rares ou à fond, au choix. Tant pis pour les images, toutefois la proximité avec les musiciens compense. Ils sont si proches, qu’ils iront régulièrement se mêler au public, dans la fosse. Celle-ci tangue déjà pas mal avec les nombreux slameurs qui s’agitent rapidement (et ce n’est pas la configuration de la Cartonnerie en mode club, je vous rappelle, qui va atténuer cette impression) bien aidés par la musique. Rapidement, le public est en transe.
Les musiciens aussi. L’un des guitaristes est le torse-nu (il jouera en short à Nancy). Le chanteur crache au sol comme un boxeur entre les chansons, présente les titres comme des petits brûlots politiques. Tout y passe, la critique de la politique britannique (mention spéciale pour le Brexit déjà dénoncé par LIFE), le féminisme (Mother), la dépression (1049 Gotho), le système de santé (Divide & Conquer), les conservateurs britanniques (Rottweiler).
Pas de rappels dans les deux cas. C’est inutile vue que le public est rincé. La critique était assez unanime pour saluer le travail du quintet (j’ai même entendu une chronique sur leur dernier album Joy as an act of Resistance… sur France Inter), qu’on ne va pas gâcher la fête de deux concerts si bien conçus. Même l’usage de la boule à facettes pendant Love Song était plutôt sympathique.
En deux prestations serrées (17 titres) et nerveuses, Idles a confirmé tout le bien que je pensais d’eux.
Impressionnants sur scène (et même en dehors, puisque les deux guitaristes iront dans la foule… Y compris pour laisser les spectateurs jouer à leur place !), musicalement très lourds, et sans oublier les petits riffs bien sentis et entraînant (Never Fight a Man With a Perm, I’m Scum) les britanniques ont su allier comme peu avant eux la puissance du rythme au service de textes engagés.
J’espère vous avoir donné envie, car la séance de rattrapage c’est dimanche 7 juillet 2019 au Main Square Festival à Arras.
Les photos du concert de Reims sont ici !