Pour toute personne attentive à la nouvelle scène française, voir une affiche annonçant Louis Arlette au Bar Live de Roubaix (« la plus grande des petites salles »), ça fait son petit effet.
Comment résister à l’idée de découvrir le set de ce projet original dans des conditions de proximité aussi privilégiées ?
Sur les terres roubaisiennes en ce 6 juin 2018, les bonnes paroles du jeune homme sont accueillies par un public attentif, mais moins nombreux que ce que l’on est en droit d’attendre face à un groupe de ce niveau.
La première partie a été honnêtement assurée par le groupe roubaisien Lily Kwhy
Entre deux moments instrumentaux prenants, la voix du chanteur a des airs de Gaëtan Roussel en un peu plus poussé. La présence d’une clarinette est une bonne surprise. On aurait juste aimé un peu plus d’explication sur les chansons afin de mieux en apprécier les textes.
Vient ensuite le gros morceau avec Louis Arlette
L’artiste est entouré d’un claviériste-machineman, d’un batteur et d’une guitariste-choriste. L’ouverture, « À notre gloire », est pleine de promesses. Un engrenage de notes médium aigües déchire l’air puis est rejoint par un motif de sub-bass du plus bel effet. L’atmosphère rock-indus francophone, les dissonances maîtrisées nous emmènent dans un univers à la Nine Inch Nails en quelques secondes. Même le physique et l’attitude du bonhomme font penser à un Trent Reznor, période Downward Spiral bien sûr…
La suite tapera toutefois dans du rock français un peu plus conventionnel, ponctué par de la basse électronique (tant pis pour les amateurs de quatre cordes) et un waterphone qui rappellera les talents de violoniste d’Arlette.
Le titre « Providence » nous offre une superbe plage instrumentale. C’est une montée en puissance portée par un excellent motif rythmique à la batterie.
« À cœur ouvert » emprunte autant à Rammstein pour les couplets (coucou le riff de batterie impitoyable) qu’à NIN dans les refrains (bonjour les suites d’accords qui ouvrent le récit).
Enfin, « À la dérive » termine de nous conquérir avec un son ample et épique. En effet, on sent bien que Louis Arlette met un soin particulier à affiner l’identité sonore de son projet. Côté textes, une première écoute et la captation de quelques bribes de poésie donnent envie d’en savoir plus et de réécouter plus attentivement.
Tout au long du set, le langage corporel de chacun des protagonistes nous a semblé pertinent, entre tension et précision.
Le public a eu droit à un concert de très belle qualité, dans le confort et l’intimité d’une petite salle : le genre de moments que l’on garde précieusement pour soi.
Un seul petit regret : qu’au regard du parcours et des références de l’artiste (NIN, Radiohead…), le son et l’énergie dégagée n’aient pas été un peu plus « sales ». Une dose de sueur et de « craditude » supplémentaire sur l’ensemble aurait rendu le moment encore plus excitant.
Cela arrivera peut-être par la suite ? Louis Arlette affirme lui-même qu’il cultive le fait de « tourner la page »…