
Véritable succès en radio et à l’écran, homme de scène, révélation de l’année aux derniers D6bels Music Awards, l’équipe de Ça C’est Culte a eu la chance de rencontrer Mustii lors de son passage au Ronquieres festival 2017.
Propos de Mustii recueillis par Sandrine Dancoisne et Céline Galant. Crédits photos : Sébastien Ciron.
Qui es-tu Mustii ?
Mustii : Je m’appelle Thomas. Je suis un acteur et un musicien et un peu schizophrène par moments. C’est-à-dire que j’essaye de mettre les pièces dans le bon ordre et de puiser là-dedans par moments à terme pour créer des choses. Donc, petit à petit, je fais mon chemin. Je travaille sur mon live et du coup, j’ai plus l’impression d’être acteur que musicien. D’une part, je termine mon album et, d’autre part, je tourne dans le cinéma. Je passe de l’un à l’autre en essayant que l’ensemble soit un peu plastique, que ce soit uniforme. Et non pas de coller des étiquettes telles que chanteur, acteur. Je créé un monde, je choisis un médium à un moment, et un autre dans une période…
Ce n’est pas un caprice de vouloir tout faire mais vraiment un besoin d’exprimer les choses et de créer. Soit, en racontant des histoires, en créant des personnages… Le but étant de s’exprimer à chaque fois, de faire ressortir des choses.
Ta fibre se situe plutôt dans quel domaine artistique ?
Je suis plus acteur à la base. Quand je vais sur scène par exemple, je vois davantage cela comme une pièce de théâtre. Maintenant, je ne souhaite pas être un artiste cloisonné. Ma créativité provient de mes aspirations et de mes envies du moment. Mes créations se rejoignent toujours à un moment. Comme dans mes concerts.
Je mêle à la fois musique, théâtre, scénographie et improvisation. Sans tomber dans la chorégraphie préétablie.
Oui, il y a une trame de départ. Ensuite, je laisse aller les choses par rapport à cette prise de conscience avec ce qu’il y a autour, sur scène et je joue avec toute l’ambiance, les émotions… Être dans l’instant et non pas répéter un projet millimétré. Être dans l’interaction.
Je suis fan de Florence Welch de Florence and the Machine. Je trouve cela très inspirant, car elle fait attention à tout cela. Notamment, le côté cérémonial et les éléments, à ce qu’il se passe devant. Elle est dans un état de conscience devant le public. J’ai plus d’affinités avec ce genre de choses, dans le fait de regarder autour et d’écouter.
On parle de toi comme étant le jeune prodige belge. Que ressens-tu ?
C’est flatteur, mais après… il y en a plein ! C’est juste qu’il faut faire son chemin, puis de proposer quelque chose de particulier et de personnel. Je préfère éviter de penser à ce terme flatteur…
En 2015, sortait ton tube “The Golden Age”. Que s’est-il passé depuis ?
Arès il y a eu la sortie de l’EP au Botanique, la première grosse date à Bruxelles qui s’est vraiment bien passée. Et puis, est arrivé l’été avec plein de festivals comme Ronquieres, où là cela a été vraiment pour moi une révélation, car c’était la première fois où je voyais la scène en musique. J’ai pris mon pied. Je me suis dit « ok, je veux continuer à faire cela le plus longtemps possible ». On a fait beaucoup de dates depuis. J’ai commencé à travailler sur le premier album qui est toujours en cours d’élaboration. J’ai tourné aussi dans La trêve et dans d’autres films, et ce, en même que la partie musicale.
Il y a eu pas mal d’allers-retours entre les films, le studio et les concerts.
Je ne savais pas que musicalement cela allait prendre autant. Les choses se font petit à petit. Tout est parti d’un titre. Après, tout reste à faire. Maintenant, je me concentre sur la suite. Pour moi, l’album est l’étape principale. C’est une première carte de visite.
Visuellement, j’ai envie d’installer un univers avec la vidéo. Et je ne veux pas lâcher les tournages et le cinéma. Par conséquent, tout est un peu plus lent. J’étais frustrée au début, mais maintenant je me dis qu’il faut prendre ce temps. Cela ne sert à rien de se précipiter et lâcher le truc sera d’autant plus galvanisant…
Penses-tu avoir trouvé ton style ?
Mustii : Ça c’est une très bonne question. Non, enfin… Par exemple, j’aimerais bien (c’est mon envie) que par album j’aille fouiller tout à fait autre chose. Album par album.
Je n’ai pas envie de refaire la même chose tout le temps.
Mais effectivement, garder un fil conducteur tout en confrontant des styles musicaux pour les prochains albums. On va déjà voir ici comment cet album est reçu. J’aime bien faire des choses extrêmement opposées.
Je sais ce que j’aime. J’ai des influences. Je ne me ferme pas et j’ai vraiment envie de confronter aux styles. Que chaque album soit une pièce à part entière. Par exemple dans l’album, il y a des choses très différentes de l’EP. Sur le fond, les thèmes, cela reste cohérent. Toutefois dans les sons, la texture, dans les structures, il y a des différences.
C’est une photo de toi à chaque moment de ta vie ?
Oui, parce qu’à chaque fois il y a des thématiques qui reviennent comme la solitude, le deuil… Oui cela gravite. Pour le moment, je ne vais que là-dedans. Je regarde beaucoup de films liés à cela.
Est-ce qu’il existe une part autobiographique ?
Sûrement, dans l’envie de dire les choses. Il y a des choses qui sortent, relevant de l’émotion que je ressens ou que j’ai pu ressentir. Il y a un côté alter ego et un côté purement fictif. Et heureusement ! Cela ne doit pas devenir une psychanalyse. Il faut qu’il y ait une vraie distanciation.
Une forme de musicothérapie ?
Il y a toujours une base thérapeutique. Ensuite, heureusement, ce n’est pas que cela. C’est aussi pour créer un univers, un personnage… Il y a des chansons, des textes que je n’ai absolument pas vécus. Et heureusement !
Prochainement, avec qui aimerais-tu collaborer ?
Je suis un grand fan du cinéaste David Lynch. J’aimerais bien d’une manière ou d’une autre soit jouer pour lui ou autres… C’est vraiment de l’ordre du rêve suprême. J’ai fait mon mémoire sur lui.
Puis, après ce serait Florence Welch, un duo par exemple…
Qui est le public de Mustii en 2017 ?
Alors, c’est très étonnant parce que pour le moment, je n’arrive pas à dessiner un public cible récurrent. On a tous les âges, des hommes, des femmes, des affinités différentes. C’est ultra varié. Il y a des petits de 6/7 ans et des gens de 50/60 ans, ou de 20/30 ans. Il n’y a pas de règle. il faut voir comment cela va évoluer. Je ne préfère pas réfléchir à ça. On constate simplement des gens très différents.
Quelles sont tes actualités pour la rentrée 2017/2018 ?
Là je vais tourner dans le film franco-belge Plein La vue, où je joue un aveugle. Le film sortira en 2018. Et sinon il y a le film L’échange des princesses avec Lambert Wilson et Olivier Gourmet qui sortira en décembre. Enfin, un téléfilm, Je voulais juste rentrer chez moi, qui sort sur France 2 à la rentrée à propos de Patrick Dils. Assez lourd et passionnant.
Il y a encore des concerts en septembre. Je vais aux Pays-Bas, en Espagne et encore quelques dates en Belgique. Sans oublier la sortie de l’album !
Un petit mot pour les fans des Hauts-de-France et de la Belgique ?
J’aimerais bien venir en France. J’attends que l’album soit fini pour venir et permette de voyager. Je suis vraiment impatient d’y aller ! Il y a de belles salles…
Attendez-moi !!! (rires). Je suis très curieux d’aller en France sans pour autant précipiter les choses.