Trente ans, ça se fête ! C’est ce qu’ont dû se dire le chanteur-guitariste Page Hamilton et les musiciens du groupe Helmet pour lancer une tournée européenne fêtant l’anniversaire de la formation californienne.
Le concept va même un peu plus loin : 30 ans, 30 dates, 30 chansons ! Petit retour sur l’étape du quatuor au De Kreun de Courtrai.
Cela fait deux ans et demi que Helmet avait posé une première fois ses amplis sur la petite scène belge. C’était à l’époque de Dead To The World, le dernier album en date. L’opportunité de voir une des légendes du metal des années 1990 était trop forte pour que je ne refasse pas le chemin outre-Quiévrain. L’énergie développait par les quatre musiciens m’avait captivé, si bien que je les avais inclus dans mon top 10 cette année-là.
Alors, à quoi s’attendre pour ce concert sans grands enjeux ?
La disposition des musiciens est la même que la dernière fois.
Toujours pas d’effets grandiloquents comme un écran en fond de scène. Une scène très dépouillée d’ailleurs. Et, non, il n’y aura pas non plus de gâteau d’anniversaire géant apporté sur scène. On a l’impression que l’on reprend les débats là où on les avait laissés en mars 2017.
Pas de première partie sur cette tournée, ce qui renforce encore le sentiment d’immersion. Les musiciens arrivent à 20h30 pile. Ils en sortiront deux heures plus tard, bien rincés et devant les yeux pétillants du public flamand.
» It’s easy to get bored « , clame Page Hamilton dès le premier titre. Difficile de le croire portant tant les trente chansons qui s’enchainent carburent à l’énergie. Bien sûr, sur la durée, l’exercice est périlleux surtout quand on ne connaît pas bien la carrière d’Helmet comme c’est mon cas. J’avoue avoir pris le train en route et m’y être réellement intéressé lors du dernier album sorti en 2016. » Life or Death » et » Bad News » sont pour moi les principaux titres attendus du concert.
Ils permettent effectivement de renouveler un peu le schéma de composition, qui pour le reste, demeure assez facilement reconnaissable. Le rythme est lent, mais très lourd. Une impression que confère la basse, omniprésente, tandis qu’Hamilton se fait plaisir avec quelques solos bien sentis souvent calés après des refrains déjà très efficaces. Grimaçant derrière ses micros (l’un d’eux permettant de lui donner un son nasillard comme sur » Throwing Punches « ), c’est encore lui le plus expressif des quatre. Les dates de cette tournée sont tellement serrées que, si l’on ne sent pas de lassitude, la fatigue paraît évidente.
L’exercice de style de cette tournée n’est pas sans temps mort.
Le groupe doit une première fois s’interrompre pour des problèmes techniques. Suite à une coupure des micros pour le chant, Hamilton profite de ce petit répit pour se livrer à une improvisation jazzy et taquiner un adolescent situe en face de lui. Il y aura toutefois d’autres temps morts.
En effet, on n’aligne pas trente titres avec le même bonheur. Le format choisi oblige à les enchaîner sans trop s’épancher auprès du public. Dommage, quelques anecdotes auraient été bien accueillies. Seul » Unsung « , joué au milieu du concert, provoque réellement une réaction auprès du public. La seconde partie du set sera plus timorée d’ailleurs.
Pas de répit pour autant. La machine se relance pour le rappel, très efficace, avec » I know » et » Milquetoast » notamment. Va-t-on se quitter comme ça ? Non, le public courtraisien aura droit à du surplus : deux chansons en plus durant lesquelles les spectateurs se déchaineront. Quelques slameurs se lancent, ça commence à tanguer sévèrement dans le premier rang. Même les musiciens s’approchent plus de l’avant-scène, comme s’ils étaient dans un carcan auparavant. Dommage qu’il n’y ait pas eu cette proximité avant.
Peu après 22h30. Le concert est fini, les musiciens serrent les mains des spectateurs. Page Hamilton paraît interloquée par le jeune homme qui lui propose avec insistance de l’herbe, mais bon, je pense qu’il s’en remettra. Sans doute moins éclatant qu’il y a deux ans Helmet à balayer avec honnêteté ses trois décennies de carrière et la salle bien remplie témoigne aussi de l’attachement du public à leur égard. Un moment très agréable. Vivement le retour avec de nouvelles chansons !