Du groove incandescent de Butcher Brown à la poésie méditerranéenne de Marco Mezquida Trio, en passant par les résonances créoles de Gadianm, ce jeudi 16 octobre a offert un panorama vibrant de la scène jazz contemporaine.
Céline Galant
Le Tourcoing Jazz Festival 2025 a poursuivi sa route musicale ce jeudi 16 octobre avec une programmation remplie de richesse. Entre concerts intimistes et performances électrisantes, la journée a mené les festivaliers à travers une palette d’émotions, de cultures et de sonorités.
Sous le Magic Mirrors, à l’Hospice d’Havré ou encore au Grand Mix, les artistes ont incarné à merveille l’esprit du festival : un jazz sans frontières, ouvert aux métissages, à la modernité et au dialogue des styles.
L’ambiance au parvis Saint-Christophe est déjà animée vers midi, quand le public commence à affluer pour l’ouverture de cette sixième journée. À 12h30, GADIANM délivre un set mêlant créole, jazz, soul et hip-hop poétique — un moment festif qui installe l’atmosphère du jour.
Soirée intermédiaire : Marco Mezquida Trio à l’Hospice d’Havré
Un peu avant 18h00, les portes s’ouvrent à la Maison Folie Hospice d’Havré pour accueillir le concert de Marco Mezquida Trio. Le concert débute à 18h30 avec « Letter to Milos », un projet intime dédié au fils du pianiste. Le pianiste catalan entre en scène. Il est accompagné de Martin Meléndez (violoncelle) et d’Aleix Tobias (batterie / percussions). Dès les premières notes, le silence s’installe : tout devient écoute, respiration partagée.
Mezquida déploie un univers hybride où le jazz se mêle à des résonances méditerranéennes, classiques, et contemporaines.
La salle, au complet, accueille un public attentif qui semble suspendu à chaque nuance, chaque mélodie, chaque improvisation. L’énergie monte crescendo, parfois discrète, parfois soudaine.
Leur univers, d’une douceur presque fragile, oscille entre romantisme et intensité, entre élans méditerranéens et clarté jazz.
Chaque regard échangé entre les trois musiciens devient un langage à part entière, révélant une synergie profonde, une complicité où la musique semble se construire d’elle-même. Le piano de Mezquida effleure autant qu’il embrase, dialoguant avec la chaleur du violoncelle et la finesse rythmique de la batterie. Dans cette conversation à trois, la mélodie devient caresse, l’harmonie devient confidence : un moment d’une infinie délicatesse.
Soirée : Butcher Brown et Ballaké Sissoko / Piers Faccini
Après le concert de Mezquida, une transition s’opère entre les lieux. À 20h00, Butcher Brown investit la scène du Grand Mix à Tourcoing.
Le groupe, réputé pour fusionner jazz, soul, hip-hop, R&B, livre un set puissant et groovy, mélangeant compositions originales et reprises audacieuses. Le public, nombreux, réagit vivement : applaudissements, mouvements dans la foule, sourires échangés.
On sent dans l’air une énergie collective — le groove, l’interaction entre les musiciens, les talons qui claquent sur le parquet — tout concourt à une performance généreuse et communicative.
Puis, à 21h00, Ballaké Sissoko & Piers Faccini ferment la soirée sur une note plus contemplative. Le duo mêle kora mandingue (instrument central pour Ballaké Sissoko) aux arrangements poétiques de Faccini, offrant une véritable traversée émotionnelle, sensible, lumineuse.
Sous les lumières tamisées, le public se fait discret, attentif, tout en ressentant la densité du moment. Les applaudissements sont riches et prolongés.
En coulisses et ambiances du Tourcoing Jazz Festival 2025
Le Tourcoing Jazz Festival joue sur les contrastes : du concert intimiste de Mezquida dans un lieu « club / maison folie », au show plus groovy de Butcher Brown sur scène au Grand Mix, jusqu’à la douceur méditative du duo final au Magic Mirrors. Les transitions entre les salles, ainsi que le retour des festivaliers entre les concerts, dessinent une cartographie vivante du festival urbain. Les artistes échangent quelques mots avec le public, ou s’attardent au bar pour prolonger les échanges.
Le service de restauration, les stands de merchandising et les moments de pause jouent leur rôle : un festival n’est pas qu’un enchaînement de concerts, c’est aussi un espace de partage social et culturel.
Grâce à ces concerts, ce jeudi 16 octobre 2025 apparaît encore comme une journée riche ; tant par la diversité des univers proposés que par l’alternance des ambiances : introspective, vibrante, métissée.
Un condensé de ce que le jazz (et ses frontières) peut offrir de plus stimulant : poésie, énergie, exploration et communion.
