
La Femme, pour son grand retour sur une scène française, était au Grand Mix de Tourcoing, dans le cadre du festival Fair : Le tour, qui se jouait à guichet fermé ce jeudi 10 mars 2016. Programmé à 22 heures et en vedette après Grand Blanc (les français tendances du moment), Marlon Magnée (25 ans), membre fondateur et porte-parole de La Femme, m’a accueilli amicalement dans les loges un bon moment, avant leur entrée sur scène. La rencontre s’est transformée en une interview exclusive et scène de vie intime du groupe, quand tous les membres : Clémence Quelennec, Sacha Got, Sam Lefevre, Noé Delmas, Nunez Hijo et la petite amie de Marlon (le modèle américain, Grace Hartzel), nous ont rejoints. Les moments forts de ce rendez-vous privilégié, à l’instar du concert Warm up (test), ont témoigné de la véracité singulière de La Femme. Les voici :
Ce soir c’est le grand retour sur scène en France ! Comment vous sentez-vous ?
On se sent bien, on est content de revenir sur scène ! Quand je suis arrivé dans la salle, je me suis dit « qu’est ce que c’est cool de retrouver ça ! » Après, on est un petit peu nerveux, car on va jouer beaucoup de nouveaux morceaux et on n’est pas très au point encore. (Pas moins de douze titres du nouvel album ont été joués 100% en direct, dont « Mycose » et « Vague » déjà expérimentés sur scène, NDLR).
La pochette du tout nouveau single «Sphynx» (sortie prévue le 17 mars) a été dévoilée subitement sur la toile il y a deux jours ! Orienté mythologie égyptienne, l’album sera-t-il de cette trempe ? Sera-t-il influencé par des sonorités orientales ?
L’album non, mais le morceau « Sphynx » oui orienté oriental, mais pas que car il est surtout vachement moderne ! (En effet joué ensuite sur scène avant les rappels, il résonne encore dans ma tête comme une bombe électro-pop, insufflant la dynamique du retour, NDLR).

Où en êtes-vous d’ailleurs dans la genèse du nouvel album, qui semble avoir pris du retard ?
Oui… On l’a fini ! Mais on doit encore le mixer, et en profiter pour faire quelque petite retouche. Il sortira en septembre (Initialement, l’album devait sortir en avril, mais le groupe fonctionne avant tout par la scène. « Psycho Tropical Berlin » a été conçu, est né et a grandi avec la scène, NDLR).
Est-ce qu’il y aura des invités en plus du sextuor ?
Oui, carrément ! Il y a beaucoup de filles qui chantent. Il y a Battista Aquaviva qui chante sur un morceau, il y a aussi un pote DJ qui fait du scratch…C’est cool ! (Grace, a d’ailleurs ensuite chanté affectueusement pour la première fois sur la scène du Grand Mix au côté de Marlon, une nouvelle chanson : « Always In The Sun », NDLR).
Après le succès d’estime incontestable du premier album, devenu culte, est-ce que vous vous mettez la pression pour l’attente de celui-ci ?
Ben non, on se met la pression pour faire un bon disque, mais en même temps on sait que l’on a le potentiel entre les mains. On est franchement content des morceaux que l’on a écrit. Il faut juste les enregistrer de façon qu’ils rendent le mieux possible. (Effectivement, la plupart des titres entendus sur scène possèdent dès la première écoute le potentiel « effet papillon », celui de vous projeter dans une dimension intemporelle, hypnotique et visionnaire, NDLR).
La Femme est un vrai caméléon dans ses tenues et looks qui n’ont jamais cessé d’évoluer depuis les débuts. New Wave, GLAM, rétro, psychédéliques, punk, rock&roll, et même transgenre ! C’est quelque chose d’inné et qui va perdurer ?
Oui, on aime bien que notre univers soit fort, mais on a aussi envie de changer, donc le style, évolue, mais dans la continuité.
Je pense d’ailleurs à votre titre « Me suive » composé sous le nom Mystère pour Yves Saint Laurent, l’année dernière. La Femme est-elle ambiguë ?
Ah oui c’est un morceau au départ composé par moi et Sam pour le défilé, mais en fait c’est La Femme, oui et non… D’ailleurs il est aujourd’hui utilisé sous le nom La Femme sur Internet. (Et le groupe le jouera live ensuite, dans une version courte, NDLR).
Vous gérez absolument tout : sons, images, tournées, etc. La Femme est-elle autodidacte ?
Oui…complètement ! (Marlon semble bouleversé par sa réponse).
Vos clips sont hypers soignés et cinématographiques. Est-ce quelque chose que vous continuerez à exploiter ?
Tant qu’il y a de l’argent et des idées pour les faire, oui. Mais, par exemple, là, on vient de claquer tout notre argent pour réaliser celui de « Sphynx », complètement cinématographique, truc de fou, donc là on va se calmer et revenir à des choses plus simples. Mais oui après si l’on part dans ce délire, on aurait même la volonté de faire un film…
Vous êtes l’un des seuls groupes à chanter en français et à marcher dans le monde entier ! Comment expliques-tu cela ? C’est quoi le secret ? La Femme est-elle universelle ?
Je ne sais pas. Mais, d’une part, la musique française revient et les gens l’écoutent, et de l’autre même si les gens ne comprennent pas les paroles, ils sont réceptifs à la musicalité et aux mélodies. Aussi on a un style qui, à l’étranger, ne se fait pas encore, donc cela fonctionne.
Le succès à l’étranger n’est pas t-il dû aussi à votre mode de vie façon routarde, lors des tournées, où il vous arrive de dormir chez l’habitant ?
Oui, aussi ! Grave ! Beaucoup ! On est un peu comme des aventuriers, on va dans plein de pays, on rencontre plein de monde, des fans, on communique, tout cela… D’ailleurs sur cette tournée, on veut tourner vraiment partout dans le monde. (Le groupe anticipe tout de même de repasser dans la région, NDLR).
Dans deux semaines, c’est l’Olympia ! Complet depuis des mois ! Est-ce que l’on peut s’attendre à un show particulier comme au Trianon en 2013 avec l’accompagnement sur scène du collectif House of Drama ?
Non, justement, on veut revenir à un truc un peu plus classique, mais avec pas mal d’invités. Un peu en mode « Barbara, Édith Piaf, à l’Olympia», simple, où il y aura quelques lumières et une machine à fumer. On veut se concentrer essentiellement sur la musique, sans trop d’artifice. En fait, on va faire un spectacle en deux parties avec un entracte, car le show va durer près de 2 h 30 ! (Le show de ce soir a duré 1 h 40, NDLR).

Si j’ai bien cru lire sur la toile, vous anticipez un Zénith à Paris ? Bientôt la « mania » ?
Oui ! Carrément ! On fait un Olympia complet alors que le disque n’est même pas encore sorti, donc là on remet en place un Zénith pour septembre, pour la sortie de l’album. On espère que quand il sortira, les gens vont l’aimer, que cela fonctionnera ! (Plus varié, empreintes musicales « gainsbouriennes », guitares wawa et distorsion, electro et hip-hop semble être un des symptômes du cru 2016).
Après les attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan, vous étiez les premiers à revendiquer vouloir continuer à jouer sur scène ! La Femme est-elle insoumise ?
Oui, complètement ! Mais c’était quand même un peu compliqué, tu vois… Il fallait que l’on prenne un peu de recul sur tout ça. Surtout quand notre concert a été annulé, on n’avait pas tout compris. On pensait que c’était con, mais après avec le recul, on a pensé aux mesures de sécurité, aux gens qui faisaient leur deuil, et on a vu les choses différemment.
J’ai remarqué que vous n’étiez pas très remix (aucun titre de « Psycho tropical Berlin » n’est remixé officiellement), c’est une volonté délibérée de ne pas toucher aux titres originaux ?
Oui, c’est vrai, aucun ! Dans un premier temps ça nous fait flipper de donner comme ça nos pistes à un gars. Sur Psycho, en fait, on n’était pas trop dans le délire, mais peut-être que pour celui-ci on va s’ouvrir un peu. Aussi, on attend que des gens que l’on admire vraiment le proposent. Des noms ? Genre Daft Punk, tu vois (J’évoque l’idée que La Femme remixé par Daft Punk serait dans l’absolu numéro 1 mondial des ventes), Justice ou il y a Diplo qui pourrait nous faire aussi un truc cool (tout sourire).
Il y a aussi quelques artistes dans les anciens qui vous admirent ! Je pense à Étienne Daho, Air…
Mais oui ! … Et peut-être que…(hésitant) on a rencontré beaucoup de personnes, et ce n’est pas impossible qu’ils y aient des collaborations avec des plus anciens prochainement. (Informations à suivre)
Sacha intervient : tu connais Boris ? (Originaire de Roubaix, l’animateur radio Philippe Dhondt s’est popularisé avec le titre « Soirée disco », véritable succès commercial en 1995, NDLR). J’adore ! (En me mettant un morceau sur PC), il est d’ici, de Tourcoing, n’est-ce pas ? Je suis influencé par son style actuellement…(Effectivement, Sacha chantera un nouveau titre fun et disco, tout à fait dans la mouvance un peu décalée et humoristique de Boris, qu’il saluera pour le public tourquennois).
Originaire de Biarritz, Sacha et toi, vous êtes des amateurs de surf… Est-ce parce que l’océan vous manque, qu’il vous arrive de surfer sur le public avec une planche ?
Non, enfin c’est la culture quoi.
C’est un peu votre marque de fabrique maintenant ?
Grave ! Mais là on voudrait mettre des canoës gonflables comme Marcel et son Orchestre (Aussi comme avec Rammstein, j’apprendrai à Marlon).
D’avoir obtenu le prix révélation de l’année aux victoires de la musique, en 2014, vous a-t-il apporté un plus ou finalement cela ne veut pas dire grand-chose ?
Cela ne veut pas dire grand-chose, mais ça nous a apporté quand même un petit plus. En tout cas pas, un gros boum dans le domaine des ventes ou ce genre de choses concrètes, mais plutôt de la crédibilité. Par exemple quand tu montes un dossier, ou même des conneries, c’est un plus, du positif.
La formule sextuor de l’image de la Femme sur scène prend aujourd’hui l’image officielle du groupe. Vous n’allez plus la changer ?
Tout à fait ! Sauf pour les gros concerts où l’on aime bien ramener toutes les chanteuses et des invités. Sinon c’est vrai que la formule à six fonctionne super bien, et qu’avec plus de personnes, cela devient plus compliqué, plus cher… Mais avec les moyens, cela serait super d’avoir plein de gens !
Clémence (en train se préparer avant quelques vocalises), es-tu consciente que tu es devenue un peu une icône pour pas mal de monde ?
« Tu l’es déjà pour nous » rétorquent les autres membres du groupe ! Clémence : non, mais franchement je ne sais pas…mais c’est vrai que j’ai remarqué aux concerts, que des filles s’habillaient comme moi. (Je pense aussi à son visage très photogénique, que témoignent de nombreux clichés, ainsi qu’à son attitude galvanisante sur scène. D’ailleurs elle prit le « lead vocal » au Grand Mix, avec le ton du slam hypnotique pour un titre inédit surprenant).
Choisir comme nom La Femme pour un groupe, c’était osé et pas gagné d’avance, pourtant il s’est imposé et vous donne un bon karma !
Oui, l’énergie féminine vient nous apaiser… Sacha : En fait c’est un gars de Biarritz qui nous appelait comme ça déjà à l’époque…
J’ai le sentiment en vous voyant que vous vous entendez super bien !
Sacha : Oui, on s’entend très bien, sauf pendant les tournées et là c’est la première date (éclat de rire). Tout à l’heure, Nunez, il a entartré Sam ! Bon, c’est pour rire, mais au bout de la dixième date, je te laisse imaginer…
Pour conclure, auriez-vous un message à passer pour les lecteurs de Ca C’est Culte ?
Marlon : Bien sûr ! (petit silence) Kiffez votre vie ! Écoutez votre cœur, suivez votre instinct et découvrez le monde.
Le message est passé. Ce soir, j’ai kiffé La Femme, j’ai écouté mon cœur battre fort pendant le concert, de mes mouvements de jump au plaisir émotif, suivi de mon instinct de « passionné de musique moderne » et découvert plus profondément le monde hédoniste de ces jeunes artistes magnétiques, vrais et attachants.
La Femme : nouvel album en septembre (Barclay), et en concert au festival des nuits du botanique à Bruxelles (Chapiteau) le 13 mai 2016.
Josse Juilien