On les attendait avec impatience, des souvenirs de concerts encore bien présents dans nos têtes, car si vous ne le savez pas déjà, Last Train sur scène, c’est du lourd !
Ces quatre jeunes musiciens se sont construits au rythme effréné des tournées donnant naissance à leur premier album « Weathering » (2017) entre deux aires d’autoroutes. De la scène du Bataclan aux plus importants festivals du globe, ils ont marqué le rock français au fer rouge.
« The Idea of Someone » sorti en mai dernier, annonçait leur grand retour avec un goût de trop peu. « Disappointed », second single de leur nouvel album est disponible depuis le 15 juillet et la date de sortie de leur second opus « The Big Picture » est prévue pour le 13 septembre prochain. Pour l’occasion, Ça C’est Culte a souhaité en savoir plus sur ce groupe qui monte, qui monte… Ils ont accepté de nous en dire plus sur eux, sur ce nouvel album et leurs projets aussi fous qu’ambitieux.
Bonjour Last Train ! Depuis » What’s Wrong With Me ?« , votre premier EP en 2012, l’album « Weathering » en 2017, on peut dire que vous avez fait du chemin. On l’a beaucoup dit, vous avez grandi sur scène. On parle de 350 dates en trois ans, ce qui est tout de même impressionnant.
Comment gère-t-on un tel rythme ?
On ne gère pas, on le subit. On est jeune donc, on encaisse bien. Petit à petit, on prend conscience qu’on fait quand même beaucoup de choses en même temps : Last Train, Cold Fame (notre agence de booking), Les Messes (soirées rock à Lyon) ou La Messe de Minuit (notre propre festival). On ne s’arrête jamais vraiment et l’on a beaucoup de responsabilités pour de bien petites épaules. Qu’importe, tant que cette dynamique de vie nous plaît, je pense que l’on continuera.
Comment gère-t-on si jeune un tel succès ?
Voilà un bien grand mot pour résumer notre histoire d’amitié (rires). Car c’est ce que c’est ! C’est juste une belle histoire d’amitié et tout ça a pris beaucoup de temps pour se construire. On a commencé le groupe quand on avait 11 ans. Tout est venu progressivement, très naturellement en fait. Des tous premiers concerts dans des bars quand on avait nos premières compositions, jusqu’aux premières salles, aux premiers petits festivals, jusqu’aux tournées internationales, aux grosses salles et aux gros festivals.
On est le bon exemple de l’inverse d’un buzz. C’est parce que l’on a grandi ensemble, galéré ensemble, travaillé dur ensemble, et que l’on continue de grandir, galérer, et travailler dur ensemble que tout cela est finalement assez simple.
Vous tournez dans toute l’Europe, mais aussi en Asie. Comment sont reçus les frenchis du rock ?
Cela dépend des contextes. On a fait des concerts mémorables : devant 40.000 personnes en Birmanie, au Festival Summersonic de Tokyo, récemment au DMZ Festival en Corée du Sud. Les publics étaient complètement excessifs, embarqués. Ils criaient tout le temps, sautaient partout. Et puis, on a aussi joué dans des petits clubs devant 40/50 personnes en Chine ou en Inde : un public plus dans l’analyse, plus calme. On ne peut pas généraliser, c’est différent à chaque fois.
Votre meilleur souvenir sur scène ces trois dernières années ?
C’est vraiment compliqué de répondre à ça, car on a vraiment beaucoup tourné. C’est toujours impressionnant de jouer sur la grande scène des Vieilles Charrues ou du Main Square devant des dizaines de milliers de personnes, mais aussi chanceux que l’on a eu d’avoir ça. C’est bizarrement pas les expériences les plus marquantes. Les tournées asiatiques sont formidables, mais les concerts à la maison aussi.
Voir les salles de concerts dans lesquelles on est allé/on va qui sont remplies pour Last Train, c’est du gros délire : La Laiterie à Strasbourg, le Bataclan à Paris, etc. Ensuite, il y a eu certaines premières parties dingues : Muse, Placebo, BRMC, mais oui… les petits clubs sur-chauds et sur-blindés nous font tout autant, voir plus plaisir. Ce que l’on aime : c’est voir les gens ressentir des émotions pendant nos concerts : pleurer, crier, sauter, sortir. Je n’en sais rien, il faut qu’il se passe un truc. Voir un public ressentir quelque chose sur l’une de tes chansons, ce sont les plus beaux moments.
The Big Picture sortira en septembre 2019. Vous attendiez avec impatience de pouvoir retourner en studio ? Vous ressourcer ? Prendre le temps ?
Pas vraiment non. Personnellement, je n’aime pas le studio, et plus j’avance moins j’aime ça. Heureusement, il y a Rémi Gettliffe (notre réalisateur en studio) avec moi, sinon je ne pourrais vraiment pas je crois. Le studio c’est l’inverse du bien-être. C’est une remise en question permanente. Ce sont des doutes sur sa légitimité en tant que musicien, sur l’avenir de ta carrière, sur un peu tout. Je n’ai jamais bien vécu le studio et je savais que ça allait être une expérience douloureuse, mais je suis content du résultat. Ça valait le coup.
Vous avez enregistré en Norvège. C’était comment ?
On a enregistré en deux temps. La première partie s’est effectivement déroulée en Norvège. On y a enregistré le « squelette » de l’album : c’est-à-dire toutes les parties batterie-basse-guitares (qui ont été enregistrées en direct, parfois en une prise, parfois en trente). Le lieu était magique : on était perdu au milieu de rien, la cabine de prise de son était agencée pour que l’on ait l’impression de jouer au milieu de la mer.
Il faisait froid. Les paysages étaient magnifiques. Les couleurs étaient dingues (rouges, roses, oranges, bien plus intenses qu’en France), il y avait très peu de temps de jour. Bref, le fait d’avoir enregistré les fondations de « The Big Picture » là-bas lui a vraiment donné une couleur particulière.
À l’écoute de ce nouvel opus, on sent que votre son a mûri. On reconnaît la patte Last Train, entre mélancolie et frénésie…
Merci. C’est un résumé qui me convient parfaitement. Mélancolie et frénésie.
Que souhaitez-vous transmettre ou affirmer via ces dix nouveaux titres ?
Eh bien déjà, on voulait tout simplement libérer ces titres de nos cœurs et de nos têtes. Ils sont tous très introspectifs, très personnels. On ne joue absolument pas de la musique pour une cause particulière. C’est peut-être un peu égoïste, mais au moins c’est sincère. On grandit en racontant nos expériences de vies à travers nos chansons parce que l’on n’arrive pas à en parler autrement.
Ensuite, on a imaginé « The Big Picture » comme le deuxième chapitre d’un bouquin. »Weathering » a été écrit sur la route entre 18 et 21 ans, on était très jeunes. Il fallait donner des fondations solides au groupe, un peu comme une bonne introduction à un livre tu vois. On voulait des fondations radicalement rock. Ceci étant dit, on a toujours écouté de tout (de la musique de film au hip-hop, du néoclassique à la pop), mais on n’a jamais réussi à pouvoir l’appliquer dans nos propres compositions.
Le point commun de toutes nos affinités (et on l’a compris plus tard) c’est l’élégance. On aime beaucoup la belle musique. Je crois que notre principal défi sur cet album a été de créer quelque chose d’incisif, d’élégant.
Pourquoi avoir choisi » The Idea of Someone » comme premier single ? On vous connaît moins « sages ».
Il fallait donner un sens de lecture à ce deuxième album. La logique aurait voulu que l’on balance un titre rock, fort, avec un gros refrain pour entrer en radio ou rassurer notre public après un an et demi de pause, genre « c’est bon, les mecs font toujours du rock ».
Le fait est que ce deuxième album est à l’opposé de cela. Tous les titres sont longs, plusieurs sont lents. Ceux qui ne le sont pas sont plutôt violents, les autres sont mélancoliques. Tout en restant rock, évidemment, on ne sait pas faire autrement de toute façon. Cependant, le fond est différent. Envoyer un single rock pour premier signal était selon moi une mauvaise idée. The Idea of Someone permet ainsi de présenter une autre facette de Last Train, celle du deuxième chapitre et permet de garder du mystère pour la suite.
Un projet est né : La Messe de Minuit – les 19,20 et 21 septembre prochains -, vous avez développé votre propre maison de disque… Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ? En dehors d’une envie de relever des défis plus personnels.
Tout au tout début, le constat était très simple : on ne connaissait rien ni personne, aucun tourneur, aucune maison de disque, aucun manager. Alors, on a décidé de tout faire tout seul, pour faire avancer notre groupe tant bien que mal : produire nos premiers EP, nos premiers clips, monter nos premières tournées. On jouait les attachés de presse, on a acheté un petit van.
Et puis, petit à petit tu te rends compte que tout ça, ce sont de vrais métiers, qu’ils appartiennent à une industrie, celle de la musique. Tu te rends compte que faire ça pour son groupe c’est drôle, mais que c’est plafonné, que cela pourrait être intéressant de le faire pour d’autres artistes. Mais pour ça, il faut du temps, un bureau, des connaissances juridiques, tu commences par toucher à tout. Puis, le premier personnel débarque pour t’aider, et ainsi de suite…
Aujourd’hui, on a dû emménager dans de nouveaux bureaux, car on était trop à l’étroit.
Il y a six permanents. On fait tourner une quinzaine de groupes dans le monde entier. On produit des concerts tous les mois à Lyon. On a monté notre propre festival effectivement, dont la première édition aura lieu en septembre prochain. Pourquoi ? Je ne sais pas exactement. Avec ma casquette d’artiste, je te dirais qu’aujourd’hui, on a la chance d’avoir un contrôle total sur notre carrière. On prend toutes les décisions.
Alors ça demande un travail de fou, d’acharné même. Comprendre le monde dans lequel tu avances est fortement important. Peu de musiciens avancent en toute connaissance de cause. Ce n’est pas notre cas, on voulait parler le même langage que les gens qui nous promettaient une carrière.
On a pris le temps de traduire ce qu’ils nous racontaient et on s’est rendu compte que faire les choses soi-même ça a du bon. Avec ma casquette d’entrepreneur, je te dirais simplement que c’est passionnant. Que tout cela me permet de grandir, d’apprendre des choses en continu, de me faire surprendre encore et encore. Et c’est le plus important.
Vous vous arrêtez quand ?
Quand on n’aura plus la foi ?
Que peut-on vous souhaiter ?
De rester les meilleurs amis du monde.
« The Big Picture » sort le 13 septembre 2019, disponible en précommande. En attendant, les deux premiers singles rythmeront notre été à la rédaction. Notez aussi leur passage à l’Aéronef de Lille le 10 octobre 2019. Prenez vite vos billets pour Last Train : il n’y en aura pas pour tout le monde !