
Le Colisée était plein ce soir du 3 mars 2017 pour accueillir le fantasque Katerine. Mais qu’a-t-il bien pu inventer pour cette tournée qui suit la sortie de son album, « Le film » ?
Philippe, président
La réponse arrive sur le coup de 20h45 quand Katerine fait son entrée en scène. Ou plutôt sur le côté de la scène, passant devant le public, dans la pénombre. Il est vêtu de manière excentrique, ceint d’une couronne lumineuse. Le ton est donné. Le public scande des « Philippe, président », mais celui-ci s’imagine plus en « Reine d’Angleterre ». Il est ensuite rejoint par sa pianiste Dana Ciocarlie, qui porte quant à elle une robe encombrante. Car c’est effectivement le concept étonnant de cette tournée : un piano-voix des plus intimistes, histoire de coller avec la composition du dernier album. On va voir ce que ça donne !
Un grand enfant sur scène
Car ce style très épuré ne veut pas dire que Katerine se soit assagi pour les thématiques abordées. Ni qu’il a renoncé à toute forme de fantaisie. Prolongement logique du dernier album, ce dernier est donc largement interprété (une douzaine de chansons). Mais il ne faut pas croire que l’usage quasi exclusif d’un piano et les costumes théâtralisés n’aient assagi le personnage. Katerine, comme le montre son costume vert, à mi-chemin entre Peter Pan et Robin des Bois, est resté un grand enfant. Il parle ainsi de son addiction aux « Doudous » et rend un hommage tendre à son « Papa ». Il joue un personnage qui vit dans un « Film », avec même un petit côté schizophrénique (« Bien Mal »). Bien conscient du rôle qu’il joue, il déclare même « n’être qu’un acteur ». Et effectivement on le sent comme un grand enfant sur scène. Dans un esprit totalement régressif, il finira même en justaucorps vert à la fin du concert, se dandinant à la façon d’un nourrisson.
Rencontre imaginaire
Mais d’autres moments régressifs sont au programme comme lorsqu’il s’essaie à divers instruments. Si le saxophone n’a pas sa préférence, il trouve que la flûte à bec se marie bien pour jouer la Marche turque de Mozart. La formule choisie n’empêche pas l’interprétation de certains de ses succès comme « La banane » ou « Louxor J’adore ». Effectivement adorable en version acoustique. Durant ce morceau, il titille même le public qui exige qu’il « remette le son ». Il chambrera encore ses supporters en racontant son après-midi dans le centre-ville de Lens. Pas de « 100% VIP » en revanche, mais il compense par des « Bisous » (y compris au sens propre) ! Ou encore la description de sa rencontre (imaginaire ?) avec Marine Le Pen (« 20-04-2005 »).
Les chansons interprétées sont courtes, mais il compense par sa générosité : il en jouera une trentaine pendant près de deux heures. Durant cette période on verra la réelle complicité qu’il entretient avec sa pianiste qui fait intégralement partie du spectacle. Ils s’échangent les bons mots et se déplacent parfois comme sur une scène de théâtre (après tout ils sont déjà en costume !). Il la laisse également jouer quelques morceaux classiques comme la Marche turque ou la Lettre à Élise).
Une excellente idée
Philippe Katerine profitera de la proximité offerte avec le public pour chanter le rappel sur le devant de la scène. Même si je n’étais pas un grand fan de l’univers de Philippe Katerine, j’ai apprécié comme les spectateurs cet univers décalé, dans une scénographie sobre mais qui leur a permis de mettre en valeur leur fantaisie. Une excellente idée.