
Du 26 au 28 juillet 2019 se déroulait la 19e édition du Dinant Jazz Festival dont le parrain n’était autre que le fantastique et très sympathique pianiste jamaïcain Monty Alexander.

L’événement Dinant Jazz Festival, qui est devenu incontournable avait lieu dans le magnifique parc de l’Abbaye de Leffe et autant dire d’emblée qu’il rencontra un franc succès.
Parallèlement, comme chaque année, il y avait un concours de jeunes talents et c’est précisément le groupe vainqueur du concours de l’année dernière Song Between Two Lands qui entama la journée du vendredi. Le sextet présenta un jazz varié avec des sonorités de différents continents et la présence d’un chanteur contribua à un concert agréable.
Le second concert, celui du Monty Alexander Triple Treat, était très attendu, car le parrain avait eu l’excellente idée originale d’intégrer dans son groupe deux des plus grands guitaristes au monde qui se rencontraient pour la première fois : notre Philip Catherine national et l’américain Russell Malone.
Les deux hommes se partageaient les rôles de soliste et de rythmique, tandis que notre dynamique parrain y allait aussi de ses petits solos.
Le groupe joua exclusivement des standards avec une classe indéfinissable. Grand moment.
Le dernier concert de ce premier jour fut celui du Kenny Garrett 5 tet. Le dernier saxophoniste de Miles Davis se montra sous différentes facettes. Il entama sa prestation avec deux morceaux très énergiques et puissants proches du free.
Ensuite, il présenta un jazz plus calme avec notamment le titre Jean-Pierre puis, il joua funky-soul pour terminer trop longuement en chantant du rap et sollicitant le public à le suivre de manière trop répétitive. Les avis sur ce concert étaient vraiment mitigés : on aimait ou pas du tout.
Le samedi 27 commençait de bien belle manière avec l’excellent Maxime Blesin New Quartet.
Le guitariste en grande forme était entouré de Thomas Bramerie à la contrebasse, Igor Gehenot au piano et de l’incroyable batteur irlandais Darren Beckett. Jouant ses propres compositions, Maxime dévoila un jeu de guitare qui n’est pas sans rappeler Wes Montgomery ou encore Jim Hall. Le swing était constamment au rendez-vous.
Comme il le qualifie lui-même, ce style néobop donna des frissons tellement le son était pur et la musique limpide. Magnifique concert !
Ensuite, ce fut au merveilleux bugliste français Alex Tassel de venir présenter une partie de ses compositions de son excellent dernier double album Past&Present/A Quiet Place.
Son incroyable programmation comprenait Manu Katché à la batterie, Reggie Washington à la basse, Pierrick Pedron au sax alto, Jason Rebello et Igor Gehenot aux claviers et piano. Cette fameuse équipe de copains en véritable symbiose, offrit une musique pleine de groove et intense, mais qui par moment, peut aussi se faire plus légère.
Cerise sur le gâteau, le fantastique harmoniciste Grégoire Maret est apparu en invité en ayant le pouvoir de s’adapter à ce casting de rêve et d’improviser de maîtresse manière. Très bon concert.
Enfin, Monty Alexander, toujours souriant, nous fit le bonheur de clôturer cette soirée avec son fantastique projet Harlem Kingston Express qui existe depuis de nombreuses années.
Ce groupe incroyable avec notamment le grand, au propre comme au figuré, Wayne Escoffery au sax ténor et deux batteurs – dont l’un est percussionniste également – nous a régalés. Il nous a fait voyager entre le reggae et le jazz traditionnel.
De nombreuses reprises certes, dont certains titres de Bob Marley, mais incroyablement interprétées.
Le parrain, sans s’oublier, mit véritablement en valeur chacun de ses musiciens pour des solos envoûtants. Que du bonheur !
La dernière journée débuta en matinée avec un moment exceptionnel et émouvant, dont l’idée émanait du père Augustin (rappelons que nous étions dans l’enceinte de l’abbaye de Leffe) : LA MESSE GOSPEL.
Côté scène : les huit membres chanteurs du groupe Gospel Wings, la rencontre et la complicité entre Monty Alexander et Madame Rhoda Scott à l’orgue Hammond, Grégoire Maret, Steve Houben au sax, une rythmique basse-batterie, mais aussi la présence de neuf pères, dont Augustin qui célébrera la messe.
La musique, les chants et les lectures liturgiques s’alternèrent idéalement. Il y aura une petite introduction instrumentale. Ensuite, les Gospels Wings et leurs très belles voix interprèteront neuf titres dont Stand by me et même Oh happy day, tandis que les musiciens improviseront sur ceux-ci.
Côté public, pas moins de 900 personnes tout simplement ébahies et émerveillées qui en redemandent pour l’année prochaine… Dans l’après-midi, le Dinant Jazz Orchestra entama les concerts du jour.
Il a été formé pour la première fois cette année et seulement dans le cadre du festival. Ce petit big band, de neuf membres et une chanteuse invitée sur deux moreaux, joua des thèmes composés par Maxime Blesin et le saxophoniste Stéphane Mercier. Une prestation très agréable et encourageante.
Vint ensuite au tour du Harold Lopez Nussa Trio de se produire. Quel concert ! Ce très sympathique pianiste cubain a littéralement réalisé un tabac avec sa musique, vous l’aurez compris… cubaine et latino.
Ce surdoué du piano accompagné de ses musiciens hors pair (un contrebassiste et un batteur), eux aussi cubains, a épaté le public par sa technique, en particulier par sa formidable musicalité.
Cette musique est d’une grande sensibilité et pratiquement constamment très rythmée.
Harold Lopez Nussa est un ami de longue date de Grégoire Maret venu le rejoindre à plusieurs reprises avec sa faculté d’adaptation à ce style. Ils ont déjà souvent joué ensemble et cela se percevait. Et ici : quelle performance !
Pour terminer ce dernier jour en beauté, Manu Katché est venu présenter son dernier très bon opus The Scope. Accompagné de Patrick Manouguian à la guitare, Jérôme Regard à la basse et Elvin Galland aux claviers, il proposa différents styles de musique dont du rock, de la pop, du funk et de la soul.
Finalement, sa musique n’a pas de limite. Elle lui est propre et indescriptible.
Sur certains morceaux, il invitera Alex Tassel. On entendra deux chanteurs de manière virtuelle ainsi que des effets préenregistrés. Il nous gratifiera aussi de solos dont il a le secret. Concert étonnant, comme très appréciable.
Le Dinant Jazz Festival est atypique par sa convivialité. Les musiciens s’y sentent tellement bien, qu’ils se mêlent au public. Les deux parties sont véritablement proches l’une de l’autre.
Félicitations à l’organisation pour cette nouvelle édition d’une réelle réussite en proposant, à nouveau, une programmation de très grande qualité et un accueil chaleureux. Il faut également souligner une sonorisation et un jeu de lumière irréprochable, mais aussi le dévouement des bénévoles sans qui rien n’est possible.
Le Dinant Jazz Festival est bel et bien un événement inévitable à dimension humaine et qui soufflera ses 20 bougies en 2020.
Bravo et le rendez-vous est pris pour l’année prochaine au Dinant Jazz Festival !
Pierre Gérard et photos de Bernard Rie