
Bertrand Belin est de retour dans les Hauts-de-France (pardon à l’époque c’était encore le Nord-Pas-de-Calais). Après un concert réussi à Tourcoing en fin d’année dernière et avant un nouveau passage programmé à Lens, sa tournée pour son dernier album Cap Waller fait escale à Arras, plus précisément dans le théâtre, lieu magnifique qui sied parfaitement à la pop élégante de l’artiste Bertrand Belin.
Avant lui, c’est un jeune Belge tout droit venu de Liège, Nicolas Michaux, qui se présente devant nous simplement accompagné d’un guitariste Clément Nourry. Sa pop à lui est dépouillée. Les accords sont simples, une guitare acoustique (la sienne) pour le rythme, une guitare électrique (celle de Nourry) pour des petits gimmicks accrocheurs. Il vient présenter en avant-première son premier album « À la vie, à la mort » à quelques jours de sa sortie officielle chez Tôt ou Tard. Cette sortie dans un label réputé et une prestation scénique convaincante devraient lui permettre de s’inscrire dans la durée. Dans la lignée de grandes figures comme Dominique A, par son calme notamment, Nicolas Michaux propose une pop française très écrite même s’il ne rechigne pas à mélanger un peu d’anglais dans ses textes (« Nouveau départ », « Part of no part »). Un texte plus érotique plus loin (« Un imposteur »), une capacité à densifier ses compositions (« Les îles désertes ») suffisent à rendre son passage agréable et convaincant.
Bertrand Belin revient donc présenter son cinquième album Cap Waller. J’avais vu Bertrand Belin lors du Tour de Chauffe 2014 à Comines, pour la tournée Parcs, et étais ressorti quelque peu frustré. Ses élucubrations, trop ésotériques, prenaient le pas sur les chansons qui elle-même souffraient d’un certain manque de rythme. Ce soir le changement est radical. Ses digressions qui font office de transition/introduction à ses chansons déclenchent souvent le rire dans la salle. Quant aux morceaux interprétés, dans une liste de morceaux resserrée (quinze titres au total, deux rappels inclus), les titres de « Cap Waller » ont beaucoup plus de nerf (« Douve » par exemple). Si ce soir il ne jouera principalement que des titres issus de ses deux derniers albums (« Cap Waller » et « Parcs ») ceux des précédents opus bénéficient aussi de ce regain d’énergie (« Hypernuit », « Pour un oui, pour un non »). Avec son groupe autour de lui, il se permet beaucoup plus de variations et étend régulièrement ses compositions (en y ajoutant des éléments électroniques pour « Au jour le jour » dans une version hypnotisante).
Le courant passe très bien entre Bertrand Belin et le public malgré (ou peut-être grâce à) la solennité du lieu. Une solennité accentuée par les lumières très faibles qui plonge la salle dans une obscurité presque totale. La salle est presque comble pour ce qui, d’après les fans croisés de Bertrand Belin après le concert, est l’une de ses meilleures prestations de la tournée.
Nicolas Fournier