
Stéphane Montigny de l’artisan à l’artiste tromboniste 2024.
Le prisme des médias se complaît à montrer les artistes qui brillent au premier coup d’œil : du tape-à-l’œil, voire du factice en définitive. Le microcosme musical brille de multiples musiciens talentueux aux parcours bien plus tortueux, mais au combien bien plus formateurs et gratifiants en finalement.
Stéphane Montigny est un tromboniste de l’ombre, non pas du côté obscur, bien qu’il l’a côtoyé, mais du côté flamboyant de la musique. Ses multiples expériences montrent que la passion et la dévotion sont de vrais gageurs qui payent, non pas en monnaie sonnante et trébuchante mais en satisfaction et fierté du « travail » bien fait. Un cheminement bien inspirant sur bien des points.

Ça me fait plaisir de te voir, ça fait quoi un an et demi qu’on s’est vu pour la première fois au Brakrock Festival ?
Stéphane Montigny : Oui d’ailleurs, on va y retourner peut-être, on ira aussi au festival en Slovénie.
Commençons l’interview, qui sera décousue, car je ne préfère pas préparer de questions, mais plutôt t’écouter et rebondir. On abordera ton activité principale actuelle qui est de jouer pour les américains de Mad Caddies mais plutôt vers la fin. Ce n’est pas forcément la seule je suppose.
S.M. : On a passé deux mois et demi ensemble aux États-Unis et au Canada en trois tournées, on a fait presque un mois de tournée en Europe, donc quand même. Ça m’a pris trois mois et demi de temps plein à temps plein. Tu vois ? C’est avec ce groupe que j’ai le plus joué cette année en fait. Oui, cette année, vraiment, c’était mon activité principale, même si effectivement j’ai plein d’autres choses à côté.
Justement, on va parler peut-être des choses à côté. Ton activité habituelle, est-ce que c’est la musique ou est-ce que tu es obligé de faire autre chose pour vivre ?
S.M. : Ah non, j’ai toujours fait de la musique donc je ne sais rien faire d’autre à vrai dire, à part bricoler un petit peu dans ma maison. J’ai toujours fait ça depuis que j’ai 18/19 ans bien que je jouais dans la rue, à faire la manche à 14 ans avec les copains, mais aussi à jouer des concerts à 10 ans, à l’harmonie du village avec mon père.
À 17 ans, ouais, on faisait les premiers concerts dans les petits clubs à Orléans, avec un trio de trombones et mon frangin à la batterie. On reprenait des trucs hyper connus type les Blues Brothers, la panthère rose, du Sinatra, enfin un peu de tout, des trucs marrants. À 19 ans, j’étais directeur d’une école de musique, je dirigeais la fanfare dans laquelle j’avais appris la musique et je commençais à aller à Paris puis faire des petites tournées en Espagne, aux Antilles. Enfin voilà, ça ne s’est jamais arrêté.
Si je comprends bien, la musique c’est un peu un truc de famille. Le premier souvenir de musique, tu avais quel âge ?
S.M. : ça doit être mon père qui jouait au bal.
Tu le vivais comment le bal populaire du samedi soir ?
S.M. : bah moi je trouvais ça super. Mais il y a beaucoup d’enfants qui trouvent ringard ce que font les parents. En 1983, ce n’était pas encore ringard. Le bal, c’était ce qui se faisait de mieux. Puis j’étais dans des petites villes de province, donc il n’y avait que ça. Enfin moi j’ai eu accès à la variété internationale beaucoup plus tard. D’accord, beaucoup plus tard, j’ai eu accès à la musique classique beaucoup plus tard aussi. Non jusqu’à mes 10 ans, j’étais dans un petit microcosme, enfin dans le cocon variétés françaises. C’était moins pire dans ces années-là, début 1980, que les yéyés par exemple. Je n’ai jamais trouvé ça ringard en fait.
Enfin ringard, je ne sais pas ce que c’est comme j’habitais dans mon village jusqu’à mes 20 ans. C’était moi le ringard qui jouait du trombone, tu vois au collège. Je traînais avec les vieux du village, c’était mes copains. Pour moi dire que c’est ringard, c’est aussi réducteur que de dire que c’était mieux avant. Je pense qu’à tout moment, il y a des choses bien. Il y a des choses populaires donc plus accessibles, donc plus simples. Si tu es un peu dans un trip intellectuel, ça va te faire chier et puis à l’inverse, si tu n’as pas les clés pour avoir accès à des musiques un peu plus élaborées, ça va te faire chier aussi parce que c’est trop complexe pour ce que tu as l’habitude d’appréhender. Mais c’est valable pour la musique, c’est valable en peinture, c’est valable en bricolage.
Effectivement, ce qu’on reproche à la musique populaire, c’est d’être simple, mais pour toucher le plus de monde possible.
S.M. : Je ne sais plus lequel de mes profs m’avait expliqué ça, mais pour toucher le plus de monde possible, il faut forcément avoir le plus grand nombre de dénominateurs communs. Donc ça ne peut pas passer par la complexité, c’est sûr. Pour toucher les différentes civilisations, différentes cultures, différentes langues.
Alors justement, est-ce que en étant dans une harmonie, du moins nous on dit une harmonie ? Pas une fanfare dans notre coin…
S.M. : On dit aussi harmonie chez nous. D’ailleurs, je travaille aussi avec l’Orchestre d’Harmonie de Lille-Fives, j’ai fait des arrangements pour le prochain Lille Europe Metal Festival, mais en fait, qui vient d’être annulé. Pendant toute la tournée avec Mad Caddies, j’étais sur mon ordinateur pour faire ces arrangements, à faire du metal. Je viens du milieu des harmonies. Basiquement, Orléans, c’est comme Lille, c’est un endroit où il y a une cinquantaine, soixantaine d’harmonies dans les villages alentour.
C’est plus petit que Lille, donc c’est moins connu, on en parle moins, mais c’est le même phénomène. Ce n’est pas par rapport au monde des mineurs, c’était plus par rapport aux vignerons et des coopératives agricoles. Donc voilà, dans le village d’à côté, Cléry-Saint-André où il y a une basilique. Il y avait jusque dans les années 1990, deux harmonies, les blancs et les rouges. Ça se castagnait au 14 juillet, quand les harmonies se croisaient et puis ça ne pouvait pas se blairer. Les blancs, vraiment royalistes, cathos, au taquet et les rouges ouvriers plutôt communistes.
Tu as donc environ 10 ans et identifies-tu des artistes en place déjà comme des modèles ?
S.M. : Moi, vraiment, ce qui m’a tenu dans la musique pendant plusieurs années, c’est le fait d’être avec les copains. Tu vois, c’est de rejoindre les copains à l’harmonie, de faire les cons. Le déclic, ça a été de jouer dans la rue à 14 ans et de gagner des sous, puis d’entrer au conservatoire en même temps. Je découvre la culture de la musique classique qui est un autre monde. À l’époque, les bourgeois du centre-ville étaient les violonistes, les saxophonistes ceux des banlieues pavillonnaires et les autres cuivres les bouseux des campagnes, pour schématiser grossièrement.
Ces déclics sont une ouverture vers d’autres univers et la musique dite du monde ?
S.M. : J’ai commencé à écouter des musiques, alors du jazz, mais alors du Jazz mainstream, tu vois, c’est vraiment les disques que je pouvais trouver chez mon père. Enfin voilà, je n’étais pas du tout dans un milieu où l’on écoutait John Coltrane par exemple. Ça John Coltrane, j’ai découvert ça bien plus tard, à 20 ans, quand je suis monté à Paris. Vers 1994, j’écoutais la musique de La Nouvelle-Orléans par exemple, et c’est un disque, tu vois, j’avais une compilation de musique de La Nouvelle-Orléans.
Ça swing, ce style !!!
S.M. : Oui, on ne parle pas de swing, mais c’est une autre façon d’aborder le trombone. Glenn Miller, évidemment, là c’est un orchestre, un Big band de blancs, mais ça reste quand même de la culture américaine. Vers 19 ans je commence à aller régulièrement à Paris. Pour prendre des cours de trombone. Mais là, j’ai commencé à croiser d’autres gens aussi, qui m’ont ouvert sur, en particulier, par exemple Julien Chirol qui est un tromboniste très connu du milieu parisien, qui avait quoi, 3/4 ans de plus que moi qui m’a ouvert au monde du Jazz Parisien. Parallèlement à ça, sur Orléans, j’ai un copain qui a monté une petite fanfare du monde où on voulait faire de la musique du monde entier.
On s’est spécialisé dans les musiques latino et puis moi très très vite dans le répertoire qu’on m’a proposé, j’ai kiffé sur un style qui venait de Colombie qui se joue en fanfare de rue. Elle tourne toujours c’est une institution depuis 1996 qui fait le tour du monde. L’un des deux créateurs nous faisait des cassettes de compilation parce que lui, avait voyagé dans le monde entier et donc on avait des fanfares de Bolivie, du monde entier, des trucs complètement incroyables. Là, ça m’a ouvert sur le monde en plus par le biais de mon instrument, tu vois, c’est-à-dire d’entendre des fanfares, des trompettes de je sais plus, il y avait de l’Indonésie, il y avait enfin des trucs improbables.
Quelque chose de nouveau…
S.M. : Les fanfares colombiennes, ce n’est pas la Cumbia, ce n’est pas la salsa, ce n’est pas ce qu’on connait, c’est un peu comme à Lille, c’est un monde à part où on va dire plutôt comme dans les bandas du sud-ouest. Il y a une région de la Colombie où il y a des fanfares de 16 musiciens. C’est très codé, c’est des rythmes bien spécifiques et là je suis tombé là-dedans. J’ai fait ça pendant 15 ans tout en terminant mon cursus classique.
Tu en vivais ?
S.M. : Je commençais à survivre, alors j’en vivais en tant que prof sur Orléans et à 22 ans j’ai raté mon examen pour être prof, mon DE, mon Diplôme d’État. On m’a proposé quand même un poste de prof à temps plein sur la région Orléanaise. J’ai dit « fuck you ». L’univers s’ouvrait devant moi et on me proposait de prendre la porte. La petite porte là, au milieu. Je ne me sentais pas, de suivre la voie conservatoire, une vie bien rangée en étant fonctionnaire. J’ai démissionné et je suis monté à Panam.
Ma deuxième vie a commencé. Je vivais de cachets sur Paris et dans le classique. On a bouffé des patates pendant 3 ans avec ma copine. Mon objectif était de rentrer au conservatoire de Paris, non pas en classique mais en jazz. J’ai mis 3 ans en autodidacte pour y arriver. Je ne suis pas un jazzman dans le sens où je n’ai pas fait ça depuis que j’ai 15 ans. Mais au moment où je suis rentré au conservatoire en jazz, il y avait déjà cette génération de de gamins de 17 ans, 18 ans, qui a qui sortaient des premières écoles de Jazz en France. Je suis rentré au forceps en bossant sur le tard.
Ça se passe comment ?
S.M. : je suis resté qu’un an et je suis parti 3 mois aux Comores, j’ai fait deux concerts puis j’en ai trouvé d’autres, je suis revenu en France, j’avais plus le mood pour me replonger dans les études, puis je suis reparti pour faire du reggae sous les tropiques pour revenir à Paris. Ma carrière « world » commence à ce moment. J’avais 25 ans, un quartet de jazz qui tournait bien, en Belgique, New York ou Washington. Mais aussi la fanfare La Belle Image qui cartonnait. Les gros plans ont commencé à arriver.
J’ai joué pour K2R Riddim, aux Solidays. Puis le big band de Guy Marchand, assez d’argent pour habiter Paris et voyager, faire des trucs aux Antilles. Une belle vie de patachon. Après 4 ans de cashtonnage, de voyage, d’être partout, de faire plein de groupes, de faire plein de choses différentes et puis de commencer à être un bon spécialiste de la musique Colombienne parce que de jouer avec tous les Colombiens à Paris. On arrive vers mes 29 ans et là je fais ma première grosse tournée avec Bénabar. Je commence avec tout ça, à me sentir artiste et non plus artisan au service de la musique.
Bon début de carrière professionnelle !
S.M. : Bénabar, c’est 110 concerts à l’année, tous les festivals, les zénith, les plateaux télé avec Drucker. C’était vraiment sympa. Ça m’a ouvert tellement de portes, ça m’a appris tellement de choses et y compris sur moi musicalement. Par contre, j’ai mis tellement de temps à m’en remettre musicalement.
Tu as bloqué ?
S.M. : C’est-à-dire que c’est la première fois où je ne faisais que jouer la même chose pendant un an. Au final, pendant 6 mois je n’ai plus joué, plus de concerts parce que je n’étais plus dans le système. Vers 2008, il me semble, je rentre dans Dionysos, je fais 2 tournées mais aussi celle de Olivia Ruiz. Avec Mathias ça a été une super expérience. De là, Bénabar me rappelle. Je fais 5/6 chansons à la télé avec lui et là, je sens que je ne vais pas pouvoir partir en tournée et faire ça tous les jours, même si je suis peut-être pendant un an le tromboniste le mieux payé de France.
Tu ne te reconnais plus ?
S.M. : J’allais faire une dépression. Avec l’argent accumulé, je suis parti en Colombie pour y passer la moitié de l’année. Une troisième vie s’ouvre à moi en 2011 environ. La Cumbia commence à être vraiment connue dans le monde. Là-bas, l’accueil est génial car j’étais le premier Européen à connaître bien la musique, le folklore. A ce moment-là, c’était Napster qui me permettait de faire des gigas de compilations de musique latinos, salsa, Bolivie, Equateur. Je jouais avec eux aux Carnavals. Ils prenaient cela comme une forme de reconnaissance.
Je passais peu de temps en France, genre 2/3 jours par mois. Je rentre enfin longuement à Paris, ma grand-mère décède, on vide la maison que j’adorais. Je reviens dans le coin d’Orléans, je quitte donc Paris et là plus de boulot. Obligé de repartir à zéro. Je le vis vraiment très mal. Je retournais en Colombie de temps en temps où j’avais acheté une maison. A 33 ans, ça faisait 10 ans que je n’arrêtais pas de tourner.
Moment très délicat je suppose.
S.M. : Je recommence des petits plans à revenir à l’harmonie mais mes potes ne sont plus là. J’ai commencé à construire ma vie ici en regrettant Paris tous les jours, évidemment. Deux années un peu difficiles. Je m’étais coupés les ailes. Entre temps, je suis devenu père de famille et artiste local Orléanais tout en gardant un pied musical à Paris avec le groupe Groov’ Bones que l’on a monté avec Thierry, Fanfan et mon super pote Thomas.
Donc là ça y est, ça repart progressivement. Je remonte à un petit groupe de musique Colombienne : Ya Punto ! et Bongo un autre de musique Congolaise Brazz. Je joue avec de vrais musiciens. Je vais jouer avec l’orchestre symphonique d’Orléans. Je ne me sens plus esclave bien payé dans une prison dorée. Dans cette espèce d’équilibre entre mes groupes, donc maintenant j’ai aussi un trio qui s’appelle Akagera, un trio de Jazz.
Tu as réussi à remettre le pied à l’étrier
S.M. : 8 ans plus tard, je bosse avec les ricains et dans un milieu que je ne connaissais pas : le punk rock. Enfin lorsque j’étais à Paris, je connaissais surtout la scène ska : 8°6 Crew, Ska-P etc. Pas si loin du punk rock. Je me documente un peu et très vite je comprends les liaisons : skate, surf, tatouages, l’esprit Californien, un son bien spécifique, une culture particulière, une façon de composer autre. Je m’immerge, je découvre, je m’éclate et je rencontre la scène.
Quand nous nous sommes rencontrés, tu avais appris les titres pour le set en 2 jours. C’est improbable, tes expériences sud-américaine, le tempo rapide ça a dû aider ?
S.M. : Ce que je retiens, je fais une petite parenthèse de méchanceté : Le casting était un échec. Le batteur et le guitariste, une vraie catastrophe. Je me retrouve là-dedans et je sors tous mes plans de Fandango, musique Colombienne de banda, ultra rapide que je dois ralentir un peu tout de même pour Mad Caddies. Ça passe tout seul. Je pense que Chuck (ndlr : le leader du groupe) a tout de suite accroché et a été surpris.
Je me suis servi de tout ça pour improviser et adapter au langage de Mad Caddies. Ce ne sont pas les mêmes techniques de langue, ce ne sont pas les mêmes consonnes qu’on prononce, ce ne sont pas les mêmes voyelles, ce ne sont pas les mêmes fréquences parce que tu sais que quand on change de langue on change de fréquence.
Donc musicalement, maintenant vous êtes raccord, vous avez refait un groupe où vous vous comprenez ou pas comment ça se passe ? Après la tournée pourrie mais qui passait crème au niveau du public ?
S.M. : Je peux te dire que quand t’as ton chauffeur de la tournée qui te dit en te ramenant à l’hôtel en Espagne que le concert était vraiment pourri, tu te demandes dans quelle merde tu t’es mis. Finalement Chuck me rappelle, je demande d’abord avec qui on part. Il me dit les noms, mais en fait je ne les connais pas. On était censé répéter 2 jours avant de repartir en tournée d’hiver : États-Unis, Canada, enfin toute la côte Ouest. On entre et là bing Brandon Dion Landelius (Authority Zero/ A Vulture Wake) lance les riffs et Sean Sellers (Good Riddance) frappe et en moins de deux, tout était carré en 1h30 de répétition.
Enfin, le professionnalisme à l’américaine tel que j’espérais pouvoir le vivre un jour. Maintenant on s’adore. C’est des musiciens passionnés. Ils te mettent la barre bien haute et te poussent à l’atteindre et tu as le smile. Tout le monde est content, Chuck est content, ça roule. Surtout que Chuck sortait de 3 ans sans tournée à cause du Covid, d’une équipe de bras cassés et de gros soucis familiaux (ndlr).
Ça a dû changer Chuck dont je me souvenais semblait déprimer.
S.M. : Donc voilà, moi en février, je découvre aussi Chuck de bonne humeur, je découvre la musique de Mad Caddies bien jouée. La tournée d’hiver, une partie de la culture américaine, découvrir le grand nord Canadien. J’ai réalisé un de mes rêves.
C’est à ce moment que vous avez enregistré le nouvel album ?
S.M. : On a enregistré en mai, parce qu’au départ Chuck voulait que l’album soit sorti pour les tournées de mai et juin. Évidemment, on s’est tous speedé pour enregistrer, on a fait un bel album parce que Sean Sellers est un excellent batteur, Chuck un incroyable songwriter et Brandon un putain de guitariste. Aux cuivres on s’est mis la pression. On s’est enfermé 2/3 jours en studio en Corrèze.
C’est Chuck qui a apporté ses chansons ?
S.M. : Il avait déjà tout, on en avait préparé deux ou trois en février pendant la tournée. En fait, on avait monté sur la route. Le tout très vite et très efficace car Chuck n’aime pas répéter, il n’aime pas bosser. Heureusement le groupe est efficace. On en a fait deux sur scène. Puis après la tournée de mai, Chuck, Brandon et Sean se sont enfermés dix jours pour enregistrer. Ils ont posé une vingtaine de chansons à trois avec juste la voix témoin. Ils nous ont envoyé tout ça pour en garder une dizaine.
Comment apportes-tu quelque chose à ce moment-là ? Ils ont donc enregistré les voix témoin, guitare, basse, batterie. Comment après, en tant que tromboniste et trompettiste, vous arrivez derrière après tout ça ?
S.M. : C’est mon métier, je suis arrangeur. Le métier d’arrangeur, c’est de trouver des petites mélodies. Trouver des petites mélodies punchy entre les couplets, entre les refrains de trouver les riffs sympa sur les 4 mesures ou sur l’introduction de trouver les petites harmonies, les nappes, mais à la bonne hauteur, ça c’est du travail que j’aime bien faire. Pour dire sur tel style, on va utiliser telle technique, c’est-à-dire on joue soit à l’octave, des quintes, des tiers, en haut, en bas des tessitures, on choisit et puis on voit, ça ce sont des techniques d’écriture. En fait, les techniques d’écriture, c’est l’écriture musicale. C’est le travail d’arrangeur et du compositeur.
D’accord, mais donc tu me dis que quelque part, ils vous ont quand même laissé la latence d’ajouter des choses ?
S.M. : Voilà, mais par contre, on était en freestyle. C’est-à-dire qu’à un moment donné, même en studio, on aurait aimé plus de retour de Chuck. On n’a quasiment rien eu. En plus c’était un dimanche de Pâques. Il était en famille. On a eu un commentaire vénère sur un truc qui ne lui plaisait pas et c’est tout…
Est-ce que tu te replonges dans la discographie de Mad Caddies pour ça ?
S.M. : Pas besoin, j’ai bossé une quarantaine de morceaux de leur répertoire. Je ne pars pas de zéro. J’en ai joué environ 35 sur scène. En tournée, Chuck m’a fait écouter plein de musiques, c’était les moments privilégiés que j’avais avec lui. Il est dans sa phase country, ça le fait triper et c’est un monde qu’en tant que tromboniste je ne connais pas. Il arrivait qu’il me chantait ses créations et moi sans instrument, je faisais les riffs de cuivre en espèce de jam. A la première tournée, on s’est retrouvé chez lui à jamer au trombone sur ses chansons. C’est la première fois qu’il nous chantait ses nouvelles chansons. L’avantage du trombone c’est que je peux jouer partout. Pas besoin d’ampli. Pour revenir sur l’enregistrement, on a reçu les titres 3 jours avant de rentrer en studio par wetransfer. Heureusement j’avais repéré des titres, surtout speed et pu préparer en amont, car ce n’est pas en studio que tu fais ça. On en a enregistré, on l’a envoyé et ça plut directement.
Et donc ?
S.M. : Je m’inquiète, en fait, je m’inquiète ici, j’enregistre en trombone, j’enregistre la trompette avec un effet. Enfin le trombone, je mets à l’octave, ça fait comme la trompette. Enfin j’enregistre la trompette au trombone finalement. C’est du bon Mad Caddies. Certains diront que ce n’est plus ceux historiques mais il y a eu énormément de monde qui est passé dans le groupe. Jon Gazi est présent depuis 8 ans. On a 40/45 ans, ça ne peut pas être du punk-rock vénère comme avant, des chansons de rage. Mad Caddies, c’est Chuck de toute manière. Il y a une très belle évolution du son. Kristen, notre ingénieure son trouve le son monstrueux et venant de quelqu’un d’aussi talentueux, c’est bon avec un son de Sean Seller énorme et les riffs de Brandon.
Quel est ton sentiment maintenant ?
S.M. : J’en suis fier de cet album. Tu vois ce que je t’ai raconté, je suis le petit gars du patelin de 500 habitants et je joue avec Mad Caddies. Chuck lui aussi c’est un bouseux comme moi d’un patelin de 500 habitants, on se ressemble de ce point de vue là. On est vraiment copains parce que tu sais, il est d’un village de vigneron.