Le festival Solidari’sons s’est tenu en cette fin avril à la salle des fêtes de Lille-Fives. Le temps de se diriger vers le bâtiment art-déco qui abrite cette soirée et on arrive pendant le set de Monsieur Rémy. Le lillois interprète les bières aujourd’hui s’ouvrent manuellement de Miossec. On est très vite plongé dans l’ambiance avec ses textes puisés dans la vie quotidienne qu’il joue avec son acolyte, avec lequel il se répartit les guitares classiques et folks. Un bon moment, avec un artiste local qu’on espère pouvoir revoir prochainement.
Une courte pause après cette intéressante mise en bouche et on retrouve Eden. Ce groupe était déjà présent l’an passé. Il propose un rock efficace sur des textes plus engagés (religion, politique…). La salle peine malgré tout à se remplir. Dommage, car les bénéfices de la soirée sont reversés aux Restos du Cœur, de quoi joindre la bonne action à la bonne musique. Çà n’empêche pas le quatuor de prendre son rôle de chauffeur de salle au sérieux et de laisser une bonne impression.
Place maintenant aux têtes d’affiche et tout d’abord à Pigalle et au monument François Hadji-Lazaro. L’impressionnant multi-instrumentaliste passe sans peine du violon (Pigalle) à l’accordéon (L’amour forain) ou au violon (Marie la rouquine). Les chansons sont courtes et s’enchaînent rapidement. Le public, jusque-là distant, se rapproche de la scène et danse comme dans un bal sur la piste trempée de bière. L’ambiance est festive malgré les thèmes parfois sombres de chansons (malaise des paysans : J’ai versé l’essence tout autour des granges, l’absence de lien social : Chez Monsieur Mohammed…). Le mélange rock et chanson fait des étincelles. Parfois le mélange est encore plus exotique comme des influences cajuns (Madeleine). Quelques moments de tendresse sont proposés (Partir). Bref, une excellente surprise, je suis ravi d’avoir pu voir (d’autant plus que j’avais raté leur passage au Métaphone à Oignies en début d’année) en concert ce monument qu’est François Hadji-Lazaro dont le charisme (il est aussi acteur à ses heures) aura illuminé ce festival.
Si les formations précédentes s’engageaient sur un plan social, le dernier groupe a passé sur la scène de la salle des fêtes de Fives, Les salles majestés, va concilier charge politique véhémente et punk direct sans se poser trop de questions. Le public est resté, de nombreuses personnes arborent, y compris des jeunes) des vêtements à l’effigie du groupe dont c’est le troisième passage en mois d’un an dans la région (Arras l’an passé et Oignies il y a trois mois). La sortie d’un nouvel album (au titre évocateur : Sexe, fric et politique) n’est qu’un prétexte pour ces vieux briscards pour reprendre la route et interpréter leurs hymnes contestataires devant un public conquis d’avance. Les textes sont engagés, souvent politiques (notamment à l’encontre de l’extrême droite), parfois simplistes mais quel défouloir bienvenu ! Il ne respecte pas non plus le Père Noël (Petit Papa Noël), aborde le sujet des femmes battues (Tous les jours). Tout s’enchaîne très vite. Les patrons sont dédiés à Pierre Gattaz (mais on est pas sûr qu’il apprécierait la chanson), le tout appelant à La révolution bien évidemment. Un petit rappel de cinq titres conclut la performance, dont un camarade reprit, par la foule le poing serré. Idéale pour conclure une soirée militante à tout point de vue.
Nicolas Fournier