On arrive, un peu en retard, et il y a déjà un groupe sur la scène du Zénith de Lille.
Il s’agit de Bagarre une formation qui suit Fauve sur cette tournée spéciale baptisée Les nuits fauves. Musicalement, cette première partie reprend certaines des bases de Fauve si ce n’est qu’un chant plus hip-hop prédomine. Une tournée spéciale on l’a dit, car le groupe ne fait rien comme tout le monde (notamment en matière de communication). Et c’est dans le cadre du festival Les Paradis Artificiels que se tient l’étape lilloise de ce soir.
La performance de Bagarre ne dure pas très longtemps et un DJ (Les Gordon) nous fait agréablement patienter pendant le changement de plateau. Tandis que les nappes lounge proposées par l’homme aux platines se diffusent, on se balade un peu dans les couloirs du Zénith où une ambiance de kermesse s’est installée pour cette nuit. On s’approche d’un stand qui propose pop-corn et barbe à papa (pardon, c’est de la barbe à maman, selon l’écriteau) alléché par l’odeur. Des gens font la queue pour se faire tirer le portrait dans le photomaton installé à côté. On peut aussi déposer un petit mot sur un arbre à mantras.
Il est 20h50 quand commence le concert de Fauve. Une musique d’ambiance en introduction sonne le rappel des troupes.
Ce qu’on note immédiatement c’est le changement d’attitude du groupe. Il y a beaucoup plus de lumières que sur la précédente tournée (notamment des ampoules au plafond comme sous un chapiteau de cirque) durant laquelle les musiciens ne voulaient même pas être pris en photo ! Le groupe communique plus avec le public, même le guitariste, Pierre, ira de ses commentaires durant le spectacle. Musicalement, rien à redire, Sous les arcanes donne le ton avec son mélange de chant rappé et ses guitares rock incisives. On enchaîne avec les Nuits Fauves, clin d’œil à la thématique de la soirée ainsi qu’au film (dont une affiche orne les couloirs de la salle).
Les cinq musiciens montrent une belle énergie.
La voix de Gérard Depardieu se fait entendre en introduction de Voyous. Elle contraste avec celle, saccadée et au bord de la rupture du chanteur Quentin et qui lui servent à appuyer des textes très personnels. Le public est ravi par le spectacle proposé et il explose même de joie aux premières notes d’Infirmière qui raisonne presque de manière intimiste dans l’immensité du Zénith.
Leur musique n’était pas, effectivement, supposée être jouée dans des lieux si grands. Eux-mêmes s’étonnent que le public reprenne en cœur leurs textes, comme ils le notent en introduction de 4000 îles tout en demandant au public de participer. Ils sont visiblement contents de revenir dans le Nord (après un passage l’été dernier aux Nuits Secrètes d’Aulnoye-Aymeries où ils retourneront cet été) où ils apprécient la relation avec les spectateurs.
Plus chaleureux, plus ouvert, on a l’impression de découvrir un nouveau Fauve ce soir.
Même le spectacle paraît plus carré que celui des Nuits Secrètes 2014 durant lequel on était un peu inquiet que la formule ne tourne vite en rond. Finalement, ce second volume de Vieux Frères sorti il y a un mois à peine a permis de relancer la machine tout en conservant les bases du style du groupe. Une machine qui tourne à plein régime, comme le montrent les hurlements qui accompagnent les notes de Blizzard et son texte générationnel qui a lancé la carrière du groupe. Les musiciens reparaîtront pour un rappel de quatre titres.
Ils interpréteront notamment le très fort De ceux et conflueront par le trop tendre Les hautes lumières qui fait trop penser à un titre de variété. Mais l’essentiel n’est pas là, avec son concept et son nouvel album, le groupe a confirmé qu’il n’était pas un feu de paille et qu’il savait se renouveler. À la fin du concert, la salle se vide rapidement, on peut toutefois prendre le temps de profiter des attractions comme à une fête foraine. On recroisera d’ailleurs Les Gordon au stand de barbe à papa (pardon, barbe à maman, j’avais oublié), tandis que des spectateurs préfèrent disserter sur leurs impressions autour d’un baby-foot. Une bonne idée de concept qui, on l’espère, en inspirera d’autres.
Nicolas Fournier