Quinze ans déjà pour Lille Pianos Festival !
Créée dans la foulée de Lille 2004 (capitale de la culture européenne) cette manifestation Lille Pianos Festival a su s’ouvrir et se pérenniser. C’est la troisième année consécutive que j’y assiste au festival Lille Pianos Festival, avec à chaque fois son lot de surprises, de moments de grâce avec cette année, un clin d’œil appuyé à l’Amérique latine…
Une édition Lille Pianos Festival qui sera la dernière pour son créateur Jean-Claude Casadesus comme il l’avait annoncé en marge du concert invitation à la valse.
Allez, c’est parti pour trois jours, soixante artistes, quarante concerts répartis sur huit lieux !
Vendredi au Lille Pianos Festival 2019
La première journée du vendredi est assez chargée. Les premiers festivaliers pourront se rendre à la cathédrale de la Treille qui ouvre ses portes avec plusieurs récitals d’orgue, dont celui de Thierry Eschaich.
Je préfère prendre la direction du Nouveau Siècle. Quoi de mieux que de se mettre en jambe avec un peu de jazz ? Et comme la ville vibre actuellement au rythme du Mexique dans le cadre de la manifestation Eldorado, c’est le trio d’Alex Mercador qui ouvre le bal dans la petite salle Québec. Des parties techniques très appréciées par les puristes ainsi qu’un hymne à la ville de Mexico (Metropolitan blues) ont conquis le public.
Direction ensuite la grande salle, avec le concert d’ouverture proposé par l’Orchestre National de Lille durant lequel se succèdent deux solistes de renommée internationale, le suisse Louis Schwizgebel et le français Bertrand Chamayou. Le premier a mis son talent au service du concerto pour piano n°1 de Liszt, œuvre assez imagée avant de laisser sa place à son confrère pour un concerto de Saint-Saëns de facture assez classique bien que son sous-titre (l’Égyptien) laisse présager des sonorités plus orientales et audacieuses. Les deux nouveaux amis (« on s’est rencontrés ce matin« , précisera Chamayou) se rejoindront pour un rappel pendant lequel ils interpréteront un quatre-mains issu de Ma mère l’oye de Ravel.
On finira cette première journée sur la scène du grand auditorium.
Oui, comme l’an passé, le public est invité à s’asseoir autour du piano pour écouter Vanessa Wagner. Celle-ci aligne une quinzaine d’œuvres variées, centrées sur le minimalisme, souvent modernes, composées avec notamment quelques compositeurs baltes et le Claire de lune de Debussy en rappel. Idéal au moment de sortir sous un temps radieux juste avant minuit sur le parvis du Nouveau Siècle.
Samedi au Lille Pianos Festival 2019
La seconde journée démarre fort également avec deux concerts de l’Orchestre de Picardie. Le premier repose sur les prestations des solistes Romain Leleu (trompettiste) et Frank Braley (piano) : d’abord avec la douceur de la Fantaisie de Beintus avec un orchestre restreint (uniquement les instruments à cordes) puis avec un concerto de Dimitri (ou Dmitri) Chostakovitch caractéristique du style très puissant du compositeur soviétique dans lequel les deux solistes donnent un côté davantage plaintif au jeu. Ensuite, l’autre orchestre des Hauts-de-France se présente au complet pour deux concertos de Mozart durant lesquels le soliste Adam Laloum est invité.
On finira la journée du samedi avec le soliste Nelson Freire.
Bien qu’âgé (il a plus de 70 ans) le Brésilien n’en est pas moins un virtuose. Il enchaînera une dizaine de pièces courtes (surtout du Chopin) et rajoutera encore deux rappels devant l’insistance du public lillois. Le festival confirme qu’il a eu raison de se donner une couleur sud-américaine cette année. Les plus courageux pousseront jusqu’à la Gare Saint-Sauveur avec l’électro des régionaux de l’étape : Beat Slicer, où ils profiteront de leçons de tango.
Dimanche au Lille Pianos Festival 2019
Et c’est déjà la dernière journée. En milieu d’après-midi, une pièce (de théâtre) musicale contée par son auteur Éric-Emmanuel Schmitt est proposée. Plus tard dans l’après-midi la soliste Lise de la Salle (également programmée à la rentrée prochaine) proposera un programme proposant des œuvres de Mozart et Ravel (et la nocturne n°20 de Chopin en rappel).
Dernière ligne droite et retour vers la salle Québec pour un peu de jazz avec le duo complice Rhoda Scott et Jacky Terrasson. La première, à l’orgue Hammond assure à merveille des basses très groovy, tandis que son homologue ajoute délicatement ses notes de piano. Parfaits de maîtrise, la salle fera le plein pour ce duo placé sous le signe de l’humour avec une reprise de Duke Ellington entre deux références à la fête des Pères célébrée ce jour.
Pour clôturer ce week-end pianistique : dilemme ! Le ciné-concert le cabinet du Docteur Caligari au Palais des Beaux-Arts ?
Finalement, je resterai au Nouveau Siècle pour le concerto de Brahms avec l’ONL et le Brésilien Nelson Freire. Beaucoup d’émotions à la fin et surtout lors du rappel pendant lequel Casadessus se tiendra tout à côté de Freire, histoire de profiter jusqu’à la dernière note de son dernier festival en tant qu’organisateur.
À la fin de cet ultime concert, l’heure était au satisfécit général, encore une fois la barre des 15 000 spectateurs était dépassée. Incontestablement, la présidence du festival est transmise dans de bonnes conditions. Rendez-vous l’an prochain.