Soirée métal ce soir à l’Aéronef. Plus précisément de deathcore.
Reportage Parkway Drive + Betraying The Martyrs à l’Aéronef de Lille.
Comme à chaque date qu’organise cette salle pour ce genre de groupes sur un créneau aussi spécifique, de nombreux Belges ont fait le déplacement. Le public est plutôt jeune, avec souvent un look skateur bien assumé. Les Français de Betraying the Martyrs commencent le bal. Un grand logo à l’effigie du groupe est tendu dans le fond de la salle et des paravents du même genre sont répartis de part et d’autre de la batterie. Si avec ça, on ne sait pas de qui il s’agit…
Un gros jeu de batterie sonne d’entrée aux oreilles. Par la suite c’est la combinaison des deux chanteurs que l’on retient. Voix gutturale pour l’un (un anglais) un chant plus clair pour l’autre (qui est également clavier). Les rythmiques lourdes donnent à l’ensemble un lancement idéal pour cette soirée. Avec un anglophone (Aaron Matts, le chanteur donc) le groupe donne même l’impression de passer pour une formation américaine.
Ça ne gêne toutefois pas la communication du groupe qui échange beaucoup.
Des titres comme Man Made Disaster sont en tout cas assez percutants pour chauffer la salle et assurer le spectacle. Une petite introduction symphonique se fait même entendre au détour d’une chanson, mais c’est pour immédiatement retrouver la hargne dans laquelle sont aussi forgées les autres compositions. Un petit répit en somme. On notera aussi cette reprise hallucinée de Let It Go (la chanson du dessin animé Disney La Princesse des Glaces). Dans la foule ça réagit beaucoup, le clavier en profite donc pour aller s’y balader. Pour le plus grand bonheur de tous, des fans, le groupe qui a pris un plaisir visible à jouer cette première partie.
Les Australiens de Parkway Drive s’avancent ensuite sur la scène.
Prenons quelques lignes pour décrire ladite scène. Je crois qu’on n’a jamais vu autant de matériel entreposé dans l’Aéronef. Des détritus jonchent le sol. Derrière la batterie, une fresque représente le panorama d’une grande ville avec ses immeubles. Des drapeaux crasseux et déchirés flottent de chaque côté, ils reposent sur des pneus usagés. Les enceintes sont posées sur des bidons vides. Un monde pollué, voici le message des Australiens. On commence par un riff entêtant, celui de Wide Eyes, suivi par un rythme lourd.
Le public de Parkway Drive est déjà dingue, lui qui reprendra d’une seule voix le lancement de Carrion.
Car c’est aussi une caractéristique de Parkway Drive : une musique hardcore certes, mais toujours derrière la mélodie qui va bien, amenée par un son de guitare assez claire. De quoi satisfaire aussi bien le fan de métal qu’un amateur de punk rock. Le tempo s’accélère encore (Karma) et malgré les cris qu’il pousse sur chaque chanson, on se surprend à trouver le chant de Winston McCall étonnamment clair et audible.
Il se permet même d’alterner voix aiguë et grave sur Deliver Me. En plus, les cinq musiciens ont l’air franchement sympathiques et pas « prise de tête » pour un sou. Histoire de relancer un peu le spectacle, ils lancent leur nouveau single (Vice Grip), qu’ils interprètent pour la première fois en live ce soir. En effet, leur nouvel album Ire n’est pas encore sorti.
La prestation de Parkway Drive a déjà de quoi être suffisamment marquante…
Ils en rajoutent un peu avec une superbe reprise de Bulls On Parade de Rage Against The Machine, qu’ils décrient eux-mêmes comme un des meilleurs riffs de guitare qu’ils connaissent. Même s’ils n’ont pas joué beaucoup de chansons (seulement treize) ils reviendront pour un rappel (Home is for the heartless).
En bref, une prestation d’une grande intensité. Les fans ont adoré. Les autres auront pu découvrir ce groupe en se rattachant à quelques éléments plus balisés (le jeu de guitare) et apprécier le spectacle offert par un groupe qui n’a pas ménagé ses efforts.
Nicolas Fournier