
La soirée Mogwai de ce soir à l’Aéronef de Lille entame un cycle de trois dates très rapprochées (Godspeed You ! Black Emperor le 22 à la Condition Publique et pg. lost le 23 dans cette même salle) faisant la part belle au post-rock.
La soirée Mogwai + Sacred Paws : un genre quasi instrumental, peu technique, avare de mots mais très efficace pour faire passer des émotions.
20h sonnent quand deux jeunes musiciens entrent en scène pour cette soirée.
Les Sacred Paws ouvrent pour Mogwai ce soir dans une salle pas encore remplie. Même si le balcon a été ouvert au public. La présence de ce duo détonne, plus proche du surf rock que du post-rock des têtes d’affiche écossaises. C’est certes, sympathique mais sans plus. Bien qu’un bassiste se joigne parfois au duo originel pour densifier un peu le son.
Le tout rappelle par moments Tahiti 80. C’est ensoleillé et bien en rapport avec la météo estivale du moment qui joue les prolongations. En tout cas le chanteur hirsute n’arrête pas de sourire. Le public (un peu plus conséquent au fil du temps) a semblé apprécier leurs 45 minutes de présence. C’est déjà cela, mais j’aurai préféré une formation du même genre que Mogwai. Surtout que des groupes nordistes semblent se mettre au genre.
On patiente un peu. Les rangs se sont serrés et désormais l’Aéronef est complet.
Enfin, le quintet de Glasgow entre en scène et sonne le début des hostilités d’une montagne russe émotionnelle. Leurs compositions sont rarement chantées (sauf exception comme le récent Party in The Dark). Et quand bien même, c’est souvent inaudible en raison de l’utilisation d’un vocodeur trafiquant la voix. Le groupe s’exprime peu entre les chansons, n’en présente aucune, mais remercie humblement le public régulièrement. D’ailleurs le chanteur ne se met pas en valeur, exilé tout à droite de la scène.
On passe d’un rock énergique (Pano Rano) à la quasi-berceuse (Cody) mais toujours dans une ambiance hypnotique. La salle de l’Aéronef de Lille ne se déchaîne pas. Non que le public soit dubitatif, mais c’est plus le genre de musique que l’on apprécie en l’intériorisant même si quelques « tubes » du groupe sont immédiatement reconnus et applaudis (Hauted by a Freak notamment). Le groupe balaie sa longue discographie entamée, il y a plus de 20 ans. Sans oublier bien sûr les nouveaux titres qui représentent une bonne moitié de la liste des morceaux.
Le reste est pioché avec parcimonie entre leurs huit autres disques de Mogwai.
D’abord un peu circonspect. Je dois avouer que le dernier album cache quelques pépites (Coolverine est très efficace). Des titres qui passent très bien en concert (Every Country’s Sun, Old Poisons). On chasse même parfois sur des terres cinématographiques (Don’t Believe the Fife et son final haletant). Eux, qui ont dans le passé, réalisé la bande originale d’un film documentaire sur Zinedine Zidane.
En fin de set, ils s’offriront à un petit détour des années 1980 avec 2 Rights Make 1 Wrong et son lancinant thème façon jeux vidéo. On conclut avec un dernier riff tendu (New Path to Helicon, Pt 1). Et, il est déjà temps pour les musiciens de s’éclipser, aussi discrètement qu’ils étaient arrivés sur scène.
Quasi inventeur du genre, Mogwai n’est sans doute pas le groupe le plus facile d’accès du rock. Il a ses fans fidèles (certains à la boutique prévoyaient déjà de faire la route jusqu’à Bruxelles deux jours plus tard) et initiés. Au-delà d’une musique reprenant un cahier des charges très anticommercial par les temps qui courent (pas de refrain notamment), c’est un voyage introspectif qui est proposé. On en redemande.