Milky Chance était en concert à l’Olympia, à Paris, le 7 février. Pour l’occasion, Ça C’est Culte s’est glissé dans les loges, en interview avec le duo allemand composé de Clemens Rehbein et Philipp Dausch.
Vous avez sorti votre dernier album il y a quelques mois, Mind The Moon.
Que souhaitez-vous exprimer avec ce nom ? Des superstitions, une grande ambition… ?
Clemens Rehbein : « Nous n’avions pas de titre avant la fin de l’enregistrement. Nous l’avons mixé dans un studio en Norvège, avec la fenêtre donnant sur une plage, au bord de l’eau. C’était le début de l’été, et il y avait une ambiance particulière. Être là-bas avec les vagues, la lune, toutes ces forces naturelles… Nous avons été inspirés et nous avons voulu écrire à propos de l’ambiance ressentie. Cela n’a rien de conceptuel.«
Lors de votre premier album, vous l’avez autoproduit, pourquoi pas cette fois-ci ?
Clemens Rehbein : « Le premier album que nous avons fait, nous avons tout autoproduit. Désormais, une autre personne assure le mixage après le nôtre. Le mixage peut être perçu comme un art à part entière. Pendant la réalisation du premier album, nous étions curieux et ambitieux. Donc, nous avons tout fait nous-mêmess, et comme nous n’avions pas beaucoup d’argent, nous avions fait comme nous pouvions.
Nous aimons être impliqués dans tout le processus de production, mais il y a de très bons mixeurs. Nous faisons désormais appel à eux. Ils sont plus rapides, et ils arrivent à trouver quelque chose pour rendre le morceau meilleur.«
Quelle est la différence entre la production de votre second album et Mind The Moon ?
Clemens Rehbein : « Nous avons écrit des morceaux ensemble, avec d’autres personnes, par exemple les musiciens qui nous rejoignent et jouent avec nous sur scène. Cette fois-ci, il y avait beaucoup plus de personnes impliquées. Nous ne voulions pas faire la même chose une deuxième fois.«
Dans votre album, vous êtes très mélancoliques, n’avez-vous pas l’envie de revenir au moment de votre premier album ?
Clemens Rehbein : « Parfois, nous avons l’envie de ne pas avoir de responsabilité, car nous ressentons beaucoup de pression, avec les gens avec qui l’on travaille. Nous voulons continuer le projet, alors qu’au début, nous ne nous préoccupons pas de grand-chose.
Cela a voir avec le fait de grandir. On peut aussi le voir comme se souvenir des vieux jours pour mieux comprendre le moment présent, et être plus libre.«
Vous êtes vraiment ancrés dans le genre « indé », est-ce vraiment une volonté de votre part ?
Clemens Rehbein : « Nous ne nous fions pas trop aux stéréotypes. Nous faisons juste la musique avec laquelle nous sommes les plus confortables. Si la prochaine est pop, ce sera pop, ce n’est pas grave. Les genres et les catégories deviennent de moins en moins importants. Le monde est si rapide ! Un son peut sortir au Mozambique et devenir viral, sans importance du genre. Tout est un peu niche de ce fait.«
Quels sont les artistes qui vous inspirent le plus chez Milky Chance ?
Philipp Dausch : « Il y a une différence entre inspirer et influencer. Inspirer est plus actif : beaucoup plus d’artistes nous influencent, mais c’est plus difficile de dire qui nous inspire.«
Clemens Rehbein : « Concernant l’influence, ce sont les personnes qui nous accompagnent quotidiennement.«
Philipp Dausch : « Et pour l’inspiration, il s’agit de morceaux que l’on écoutait intensivement au moment de l’écriture. C’est très large, il y a beaucoup de noms !«
En parlant de noms, quelles sont vos inspirations cultes dernièrement ?
Clemens Rehbein : « Le dernier film que j’ai vu est 1917. C’était assez fou et très inspirant ! C’était choquant, mais je pense que c’est un bon film. J’ai un faible pour les films de guerre, car c’est si intéressant et choquant de voir la cruauté de l’humanité. Cela me rappelle que ces événements ne devraient plus arriver. Mais, il faut se souvenir que cela s’est passé. Nous devons faire attention dans le futur, nous rappeler que nous avons tout durant notre enfance. Tout peut changer très vite si les gouvernements se montent les uns contre les autres.«
Philipp Dausch : « Le livre Homo Sapiens ! Il retrace l’histoire scientifique de l’humanité. Il explique de manière très simple, mais il rappelle des faits. Cela me fait penser que si tout le monde lisait ce livre, personne ne ferait la guerre par exemple. Nous sommes tous différents et tous identiques, dans la même communauté. Et c’est aussi pourquoi ce livre aborde aussi les autres espèces humaines, comme le Néandertal. C’est vraiment intéressant et ce sera toujours valable à toutes les époques !«
Retournons à la musique : comment était-ce de jouer avec tous ces artistes ? Comment les avez-vous choisis ?
Clemens Rehbein : « Nous les avions tous rencontrés sur la route et nous sommes devenus amis. C’est le cas avec Témé Tan. Nous l’avions rencontré il y a six ans, nous avions gardé le contact, puis invité à participer à notre album. Travailler avec eux nous a permis de connaître un peu plus certaines personnes. Aussi, nous avons envoyé un courriel aux Ladysmith Black Mambazo, car nous ne les connaissions pas, cependant, nous avions l’envie de travailler avec eux.«
Vous jouez ensemble depuis maintenant plus de sept ans, est-ce toujours aussi facile ?
Clemens Rehbein : « Oui, c’est facile ! Faire de la musique a toujours été facile pour nous. Ce n’était pas un problème au début, ni maintenant !«
Quels sont vos projets à venir Milky Chance ?
Philipp Dausch : « Dans le futur, nous ne voulons pas faire d’albums immédiatement. Nous avons tellement de nouveautés, les singles, les clips. Nous voulons profiter de la tournée de Milky Chance assez longtemps.«