Mass Hysteria fait partie de ces groupes de métal français peu connus du grand public (malgré un passage remarqué dans l’émission « l’album de la semaine » sur Canal+ à la sortie de leur dernier disque) mais qui compte suffisamment de fans pour remplir une salle comme le Splendid ce soir. Les Bretons viennent présenter « Matière noire », leur huitième album en 20 ans de carrière. Toujours fidèles à eux-mêmes avec leur métal poli à l’indus (malgré une tentative plus rock en 2005) et saupoudré d’électro (parfois prépondérant sur l’opus « Une somme de détails », parfois en retrait comme sur « Failles ») chanté en français exclusivement. Seul changement notable sur ce disque, l’incorporation comme guitariste de Fred Duquene (également producteur et membre du groupe Bukowski) après l’accident qui éloigne Nicolas Sarrouy, titulaire précédent à ce rôle, pendant quelque temps.
En attendant, c’est à The Videos de se présenter devant le public lillois. Il s’agit de la nouvelle formation d’un ancien Mass Hysteria, le bassiste Vincent Mercier. La performance est plus proche du rock lourd de The Pretty Reckless (le groupe de Taylor Momsen, l’actrice de Gossip Girl). La comparaison est d’autant plus aisée que c’est une jeune femme qui assure le chant. Le son produit par le quartet est très brut (surtout la batterie) mais malheureusement, un peu brouillon et l’on distingue mal les subtilités musicales de cette jeune formation. Ils interpréteront une dizaine de titres et même si le public applaudi poliment on sent que la foule attend les maîtres de la soirée avec impatience. En attendant, le stand merchandising des Mass Hysteria ne désemplit pas, pris d’assaut par des fans de tout âge.
Enfin les lumières s’éteignent à nouveau après le changement de plateau et le quintet breton entre dans un Splendid désormais plein comme un œuf. Ils alignent d’entrée trois titres issus de leur dernier album (« Chiens de la casse », « Vae soli », « Vector equilibrium »). En vieux briscards de la scène métal francophone, ils arpentent la scène en grands professionnels et utilisent tout l’espace disponible qui leur est offert ce soir (si vous saviez dans quelles petites salles je les ai vu ces dix dernières années !) en y ajoutant même quelques fumigènes pour donner de l’effet. La suite, ils la puiseront dans leur discographie plus récente en jouant parfois deux titres consécutifs d’un même album (principalement « Une somme de détails » et « Failles »). Le groupe aime ses fans et le lui montrera. Ceux qui sont appelés les furieux (en référence à leur titre « Furia » qui conclut généralement leurs concerts) sont invités à venir sur scène pour se rapprocher du groupe. Pendant « P4 » les Mass descendent même dans la fosse tandis que les spectateurs tournent autour d’eux pour un circle pit de folie. Un fan prend même Mouss (le chanteur) sur ses épaules ! Les textes sont souvent repris en chœur par la foule. Des paroles souvent politisées ou tout du moins ancrées dans les problèmes quotidiens sont abordées. Le public nordiste est chaleureusement remercié pour sa présence. D’ailleurs une petite surprise lui est réservée. Nicolas Sarrouy vient, l’espace d’une chanson, (« L’archipel des pensées ») reprendre sa place de guitariste au sein du groupe. L’entente avec son replaçant, Fred Duquene, semble même très bonne celui-ci ayant bien réussi à prendre à son compte les compositions du groupe. Il faut aussi féliciter le batteur dont le jeu rapide a été ms à rude épreuve pendant « P4 ». On relèvera également une dédicace aux victimes des attentats de 2015 (« L’enfer des dieux »).
Mass Hysteria reviendra pour un long rappel de six titres où ils interpréteront des titres plus anciens, datant souvent du milieu des années 1990 (« Contraddiction », « Respect to the dance floor ») ponctués d’une courte reprise de « Search & Destroy » de Metallica. Une excellente soirée qui montre la présence de la scène métal en France ou tout du moins dans le Nord. Une expérience que pourront vivre les amateurs des Mass Hysteria puisqu’ils repasseront au début du mois d’avril au Betizfest à Cambrai.
Nicolas Fournier
Découvrez les photos de Noesis de toute urgence :