
L’avenir de la chanson se joue à Montréal. Louis-Jean Cormier en est un exemple !
Louis-Jean Cormier, le chanteur et guitariste de Karkwa, bouscule à nouveau les codes avec son deuxième album solo Les Grandes Artères. Le monsieur est déjà une véritable vedette dans la Belle Province avec quatre Félix (l’équivalent de nos Victoires) et un disque d’Or pour chacun de ses disques sous son nom. Le voici désormais à la conquête de l’Hexagone, armé de treize chansons taillées pour tout emporter sur leur passage.
Si pendant trop longtemps on a cru que le Québec n’avait à offrir que des chanteurs ou des chanteuses qui s’époumonaient en grimaçant tout leur âme. Une ribambelle de jeunes artistes audacieux est venue nous remettre fissa sur le droit chemin depuis quelques années. Ils s’appellent Monogrenade, Ariane Moffat, Malajube, Pierre Lapointe, Cœur de Pirate, Pas Chic Chic ou Karkwa. Ils nous ont démontré que l’on pouvait finalement chanter en français sans pour autant négliger la musicalité, et donc la musique. Post-rock, électro ou pop, notre sacro-sainte variété française s’est ainsi vu offrir quelques remodelages intelligents qui l’ont enfin propulsée dans le 21e siècle.
Louis-Jean a la plume affûtée et sait raconter les colères et les rêves de sa génération. Difficile de ne pas deviner le Printemps Erable derrière La fanfare. Cependant, il sait surtout sculpter une pop pastorale nous rappelant qu’il a les mêmes paysages sous les yeux que ses voisins d’Arcade Fire (écoutez par exemple Si tu reviens).
Les grands espaces résonnent dans tout le disque dans une sorte d’americana à la Calexico privé de ses mariachis. Il y a sans doute aussi du Tunng ou du Radiohead derrière certains arrangements (l’envolée grandiose du titre Le jour où elle m’a dit je pars). On avoue que l’on n’avait pas vu venir ce gimmick synthétique dans le refrain de Tête première, et que l’on avait encore moins imaginé se fondre dans ces cuivres majestueux. Du travail d’orfèvre pop !
Sur scène, Louis-Jean Cormier et son équipe n’ont jamais eu peur de pousser les guitares dans le rouge. Comme pour se souvenir que Montréal avait déjà aussi sauvé le post-rock avant la chanson française. Des grandes artères où coule du sang neuf par conséquent.
