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5 août 2017 - par L'équipe

Les Nuits Secrètes 2017 : 16 ans, le bel âge ?14 min. de lecture

Seize ans d’existence pour Les Nuits Secrètes 2017

Les Nuits Secrètes 2017 grandissent et traversent peut-être une petite crise d’adolescence. Ce festival singulier, figure de proue de l’Avesnois, s’est distingué par sa capacité, au fil des années, d’offrir des moments uniques et hors du commun.

En vrac : Keziah Jones dansant comme un fou au milieu de la foule de la Grande Scène, les berlinois hip-hop de Puppetmastaz enflammant le Jardin avec leur spectacle de marionnettes sous acide. Des soirées entières consacrées à des monuments du reggae, Arno ou Archive faisant leur show sur la place du marché.

Les concerts de blues sur tracteur en pleine ville, les combats de catch sous chapiteau entre deux concerts ou les DJ set au complexe aquatique d’Aulnoye-Aymeries, permettaient aux habitants du coin de voir leur quotidien sous un nouveau jour.

Les gens se mélangeaient et investissaient la ville

Entre locaux et visiteurs, entre gratuit et payant, entre mélomanes et passants. La programmation Les Nuits Secrètes 2017 était audacieuse, inventive et exigeante. C’est ce qui faisait en grande partie le sel de ce festival. Au moins autant que les incontournables Parcours Secrets, dont le nom a même été déposé en 2014.

La conjoncture de ces dernières années a eu pourtant raison de certains points qui faisaient le charme de ce festival. Parmi ces points, on peut citer la gratuité ou le petit prix des deux scènes principales. Désormais, ces scènes ont été regroupées pour des raisons de sécurité. On pense aussi à l’éparpillement de mini-évènements en ville qui apportaient une certaine émulation et permettaient aux habitants de se plonger dans l’ambiance.

Dans cette mutation qui s’avérait sans doute nécessaire au vu du contexte, la nouvelle scène de l’Eden fait figure de très bonne surprise. Le site, prenant place dans une ancienne usine de bombes, offre un écrin exceptionnel aux artistes et un nouveau terrain de jeu plaisant au public. L’Eden, combiné aux Parcours Secrets, fait partie de ces choses qui font des Nuits Secrètes, malgré tout, un festival pas comme les autres.

Eden
Le ciel sur l’Eden

Un autre point qui contribue à la sauvegarde de l’esprit « Nuits Secrètes », est l’installation d’un « Soundtruck » à l’entrée du site. Il s’agit d’un van vintage Volkswagen tenu par les « 2 mini Bee Gees » alias DJ Wallace et Mc Johnny. Les deux zouaves, impertinents et drolatiques, interpellent régulièrement les passants et proposent moult animations absurdes. Cet évènement a su créer, trois jours durant, des moments de folie douce très appréciés.

Nuits secrètes 2017 SoundtruckSoundtruck

Une fois le décor planté, place au reportage des trois jours de cette fin juillet à la météo changeante.

Jour 1, celui qu’on retient ?

On commence avec UNNO, groupe lillois qui sort son premier album en octobre prochain et nous jouait pour la dernière fois sa setlist en l’état. On a été conquis par de bonnes compositions à la manière d’un Jamie Woon avec un peu plus d’assise. Au menu : de bons choix de sons électro-sool, un chanteur bien présent et des chœurs masculins maîtrisés. Et surtout, un batteur à la fois groovy et précis qui a pu montrer ses talents en human beatboxing. Leur reprise de « Sunny » de Boney M manquait toutefois d’explosivité…

On part ensuite découvrir le groupe Ausstellung qui inaugure l’Eden.

Ces deux jeunes beatmakers ont remporté le tremplin l’Ascenseur et ont pu être accompagnés par l’association Bougez Rock pour peaufiner leur set.

Sur scène, ils se tiennent face à face, entourés d’écrans d’ordinateur vintage diffusant à l’identique des contenus vidéo intrigants. Avec leur humour facétieux, les deux gamins ont visiblement envie de partager leur amusement avec le public, à coup de second degré rétro futuriste. Musicalement, on voit que ça veut faire danser. On regrettera toutefois l’absence de traitement sur la voix des deux protagonistes. Sans doute un peu trop organiques pour se fondre totalement dans leur trip Kraftwerkien. La scansion de phrases évoquant les débuts de l’informatique était rafraîchissante, quoique parfois sur un rythme redondant. Bref, un bon lancement de fusée musicale, même si on attend que l’essai soit transformé.

Troisième round sur la Grande Scène : Roméo Elvis & the Motel.

Un public plus chaud qu’auparavant attendait le Belge et ses acolytes avec impatience. De notre côté, on a relevé des instrumentaux assez chaleureux et élégants, une voix qui sait growler… Et un discours parfois un peu agressif (notamment quand le bonhomme réclame de la « violence » pour motiver son public).

Au tour de Fishbach d’investir l’Eden.

Celle à qui une partie du public criait « Floraaaa ! » méritait sa réputation (découvrez l’interview). Avec sa présence magnétique sur scène et sa voix de mezzo impressionnante et impeccable, et l’atmosphère dark années 1980 qui se dégageait, elle légitime les larges compliments reçus par la presse. Ses musiciens ne sont pas en reste. On retiendra les multiples talents de la bassiste qui sait aussi danser et jouer la comédie quand il le faut.

Le show aurait mérité d’être programmé plus tard afin de profiter de l’atmosphère englobante de la nuit…

Fishbach aux Nuits Secrètes

Après le set live énergique de YUKSEK sur la grande scène, place à Parcels.

Parcels

Face à Parcels, on a eu l’impression d’être face à un de ces innombrables groupes pop-rock-électro-rétro-cool très référencé, aux influences Métronomy, Daft Punk et M83, sans qu’ils puissent se démarquer vraiment. Le chant, qui s’inscrit dans une attitude distanciée, n’aide pas à se plonger dans une musique qui reste cependant d’excellente facture. Parfait pour siroter sa boisson avec une musique branchée que l’on croirait sortie d’une programmation Deezer ou Spotify. Mais pas l’idéal pour qui cherche un enjeu émotionnel fort.

Contre toute attente, on a été assez emballé par le $-Crew.

Nekfeu et ses gars ont clairement mis les moyens avec une scénographie proprement impressionnante. Ils ont créé l’évènement sur la Grande Scène. Le public était mobilisé et a pu montrer son dynamisme, le tout dans une ambiance bon enfant. Une vraie réussite.

SCrew

Le reste de la soirée était consacré à des projets électro comme Charlotte de Witte, Daniel Avery et Molecule 60° 43′ Nord, comme pour donner un avant-goût aux amateurs de la Bonaventure.

Bilan du vendredi : on reste un peu sur notre faim, avec, mis à part quelques exceptions, une programmation un peu tiède par rapport à ce que l’on avait l’habitude de vivre aux Nuits Secrètes.

Jour 2, on vous remet une dose d’électro ?

Après le coup d’envoi de la deuxième journée servi par Blow, place à Rocky sur la scène de l’Eden.

Rocky !

Le groupe lillois nous a servi un électro rock soul et organique, porté d’une main de maître par la chanteuse Inès. Celle-ci déborde d’une énergie communicative. Le groupe a su aisément transporter le public de cette édition Les Nuits Secrètes 2017 dans un set dansant, solide et réjouissant.

S’ensuit Her, duo masculin dont la moitié, Simon, manquait ce soir-là… Victor aura eu à cœur de lui faire honneur avec ses musiciens, en déroulant un concert sensible et doté de belles basses.

Mais c’est finalement Jacques qui fera sensation à l’Eden.

Jacques aux Nuits Secrètes

Avec sa dégaine caractéristique, l’artiste force le respect avec son sens aigu du rythme et de l’autodérision. Face à ses machines, entouré de bannières que l’on croirait sorties de pays imaginaires, le bonhomme est capable de sortir des objets de récup’. Toute une batterie de cuisine et jusqu’à un extincteur pour en retirer le substantifique son, les boucler et faire monter la mayonnaise. Les premiers gros kicks finissent par mettre le feu aux poudres, font bouger les têtes et bientôt les corps.

Proprement impressionnant et jouissif.

20h30, c’est déjà l’entrée d’une des têtes d’affiche du festival, Camille.

Cette habituée des Nuits Secrètes a mis les petits plats dans les grands avec un spectacle très construit. Depuis le décor bleu ciel jusqu’aux costumes assortis. En passant par le travail autour des chœurs, des percussions ou du piano arrangé. Avec son show physique et généreux, Camille montre qu’elle et ses musiciens savent tout faire : batucada, danse, percussions corporelles sur « Pâle septembre », arrangements gospel…

Un cocktail plutôt réjouissant quoique très écrit. Le final est axé sur la voix, avec la chanson « Allez, allez allez ». Puis une séquence faite de superposition de voix sur le thème des Nuits Secrètes et d’Aulnoye-Aymeries… Situation un peu ironique alors que le festival n’aura jamais été aussi isolé par rapport à la ville.

Sur la scène de l’Eden, ça s’active. Louisahhh B2B Maelstrom nous balance du gros son techno qui tranche. Ce set fort en basses colle très bien au décor de friche industrielle, mais est sans doute un peu prématuré dans la soirée pour que l’on soit totalement plongé dans une ambiance berlinoise.

Louisahhh

Changement de scène, changement d’ambiance.

Julien Doré fait venir les foules dans les rangs de la Grande Scène avec un set propre et bien accompagné. Avec son parlé de ténor qui contraste étonnamment avec sa voix chantée plus grave, il se démène pour motiver un public venu plutôt en famille. Le concert n’est pas désagréable, mais il souffre toutefois d’une certaine forme d’égotisme. Tant musicalement (voix bien en avant, musique en arrière-plan) que visuellement (Julien Doré au centre et en pleine lumière, les musiciens dans l’ombre et/ou en retrait).

L’artiste montre, comme Camille précédemment, qu’il sait tout faire. Il multiplie les situations, un peu à la manière d’un livre pour enfants : Julien danse avec des pandas, Julien sur sa moto, Julien derrière son piano, Julien en chemise à fleurs, marcel ou veste en cuir, Julien attache ou détache sa chevelure. Les groupies ont dû être ravies. Les tubes s’enchaînent et se répondent parfois. Le chanteur finira par fendre l’armure avec un « Sublime & Silence » intimiste et en piano-voix bientôt rejoint par les musiciens dans un instrumental de toute beauté. On y aurait presque voulu y voir un petit quatuor à cordes compléter le tout.

Après le DJ Set d’Apparat, c’est Superpoze qui finit le bal de la Grande Scène avec son électrosensible et élégant. Après une introduction bien amenée, le cœur du public bat au rythme d’une montée dosée à la microseconde près. S’ensuivent des plages instrumentales profondes et organiques emmenées par un piano aux sonorités rondes et un show aux lumière minimalistes et efficaces. Il suffisait de laisser notre imaginaire faire le reste.

Superpoze

Bilan du samedi : un contraste évident entre des artistes comme Julien Doré. Peut-être trop décalé par rapport au reste de la programmation et à la ligne générale du festival. Et des artistes électro parfois audacieux à l’image de Jacques, coup de cœur de la journée.

Jour 3 : Back to the roots

Le dimanche a été une sorte de Madeleine de Proust pour les fidèles des Nuits Secrètes.

Mat Bastard était de retour à Aulnoye après un passage remarqué de son groupe Skip the Use en 2014.

Les collectifs Dub Inc et Inna De Yard ont apporté le son reggae qui manquait jusqu’alors. Les influences métissées de BCUC ou de Frànçois & the Atlas Mountains étaient également là pour faire renaître une atmosphère particulière que l’on pensait révolue.

Après l’ouverture de la dernière journée assurée par Blow, place à Edgär sur la scène de l’Eden. Il n’y a pas à dire, ça joue. Le duo, qui avait remporté comme Austellung le tremplin l’Ascenseur, aura su emballer les festivaliers avec leur pop électro.

Succédant aux sud-africains BCUC, le collectif Inna de Yard apporte enfin au festival un set 100 % acoustique avec leur reggae jamaïcain. Plusieurs chanteurs se relaient sur scène, avec chacun leur voix puissante et expressive. Une importante section rythmique accompagne le tout. Chaque note, même la plus simple, est jouée avec une réelle implication. La sincérité du discours et le charme des instruments acoustiques donnent une fraîcheur bienvenue au festival.

Inna de yard

Inna de Yard2

Sur la scène de l’Eden, les américains de Cigarette After Sex déploient une pop sombre et aérienne faite de nappes enveloppantes devant un public réceptif. Malheureusement, le contexte d’une scène de festival encore en journée n’aide pas à se plonger totalement dans une musique que l’on imaginerait volontiers résonner dans un club bien plus tard dans la nuit. Un peu dans l’esprit des années 1990 du « Bronze » dans Buffy the Vampire Slayer… Tant pis, on espère pouvoir se délecter de ce joli spleen musical ultérieurement, dans d’autres circonstances.

Sur la Grande Scène des Nuits Secrètes, à 20h30, Mat Bastard a envoyé du lourd, du très lourd.

Mat Bastard

Avec un véritable show à l’américaine, très carré et très fou à la fois. Il a prouvé qu’il n’y avait pas besoin d’être originaire des États-Unis ou du Canada pour servir un punk-rock ultra efficace et énergique en diable. Avec des interventions entre les morceaux qui lorgnaient parfois du côté d’un Didier Super drôle et impertinent. Mat a également exprimé sa gratitude envers le festival. Non sans une petite bourde (taquine ou involontaire ?) sur la « gratuité » de celui-ci. Le public a largement été mis à contribution. N’hésitant pas à s’adonner au wall of death sur des hymnes taillés pour des stades.

La jeunesse est là, elle est vive chez Les Nuits Secrètes 2017. Elle slame avec le chanteur qui hurle de joie en fin de concert : « Je suis vivant ! Bienvenue dans la famille ». On retiendra également une reprise punk de « Je t’emmène au vent » des Louise Attaque sous forme de demi-plaisanterie. Et une reprise rageuse et motivée du final de « Porcherie » des Béruriers Noirs. La jeunesse est bien là, Mat, et tu viens de la réveiller.

Autre scène, autre atmosphère à l’Eden quasiment au même moment

Frànçois & the Atlas Mountains sont dans une autre énergie ; une énergie tranquille et bienveillante lorsqu’ils chantent leurs morceaux francophones hybridés avec des sonorités africaines. On sent la recherche musicale et sonore dans leur travail. Un peu dans l’esprit d’un Radiohead, sans toutefois que l’on puisse profiter d’une voix aussi exceptionnelle que celle d’un Thom Yorke.

François atlas

Une autre tête d’affiche du festival Les Nuits Secrètes 2017 très attendue ce soir-là sur la Grande Scène était Dub Inc. Le collectif a installé une communion immédiate avec son public grâce à son ragga francophone positif et bon esprit.

Le festival Les Nuits Secrètes sera clôturé avec les groupes Mind Against, Tales of us et Chinese Man.

Bilan de la journée : on a enfin l’impression d’être pleinement aux Nuits Secrètes, dans un esprit un peu plus « roots » que précédemment. De la musique peut-être un peu plus immédiate qui aura su toucher un grand nombre de personnes. De toutes générations et de tous milieux. Rafraîchissant.

Alors, 16 ans, le bel âge ?

Après les balbutiements du début, les premiers pas, les expérimentations en tous genres, les facéties et la spontanéité des premières Nuits Secrètes qui ont fait leur singularité, nous ne sommes pas sûrs de pouvoir répondre entièrement par la positive.

16 ans est sans doute l’âge où l’on grandit beaucoup et où l’on se cherche un peu.

On se cherche une identité, on cherche à faire « plus grand », on se donne parfois un genre et on tente de faire un peu « comme les autres », de sortir du rang mais finalement, pas trop.

En témoignent un choix de programmation un peu plus timoré qu’à l’accoutumée, une forme de gentrification du festival. On commence même à y voir des Coachella people. Mis à part l’excellent SoundTruck à l’entrée des scènes, on note la relative absence d’ambiance « fofolle » à laquelle les fidèles étaient habitués.

Certes, les Nuits Secrètes n’auront pas été épargnées. Elles ont subi coup sur coup deux attaques ; l’une de l’extérieur (liée aux besoins accrus de sécurité) et l’autre de l’intérieur (via les baisses des subventions). Les Nuits se battent pour exister. Leur système de Nuits suspendues a permis aux moins bien lotis d’accéder tout de même aux scènes grâce à la générosité des festivaliers.

Ce qui est une expérience hors normes doit le rester. Les Nuits Secrètes 2017 résistent. Elles ont sans doute voulu reprendre quelques forces en privilégiant la prudence. Cela n’a pas empêché les oiseaux de nuit de faire quelques belles découvertes et de toucher de leurs plumes la magie des Nuits Secrètes lors du dernier soir.

Allez, à l’année prochaine Les Nuits Secrètes.

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