
Le centre culturel de Lesquin, bâtiment confortable et flambant neuf, accueille ce soir du 18 novembre 2015 Les Innocents. Mais c’est vrai, que deviennent-ils au fait ?
Reformée après près de quinze ans d’inactivité l’an passé, la formation Les Innocents évolue désormais en mode duo (autour de JP Nataf et Jean-Christophe Urbain). Les deux comparses se répartissant les guitares électrique et acoustique sur scène. Auparavant, chacun aura mené sa barque de son côté, avec un réel succès solo dans le cas de Nataf. Plus dans l’ombre pour Urbain. Finalement, le groupe se reforme donc et tourne depuis 2014. Ils étaient aux Nuits Secrètes l’été dernier, pour donner un avant-goût de la tournée à venir.
Juste avant l’entrée des artistes, une minute de silence sera faite en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015. Après hésitation les organisateurs ont voulu maintenir cette date. Pour beaucoup c’est la première depuis les attentats.
Ensuite, la salle comble peut enfin accueillir les Innocents. Le public est relativement âgé. On comprend vite que les quadras et quinquagénaires locaux ont voulu se souvenir des heures de gloire et ce groupe. Véritable lien entre pop anglo-saxonne et chanson française qui proposait une véritable alternative durant les années 1990. Cette fois-ci c’est la vraie tournée donc, conçue pour promouvoir leur nouvel album Mandarine et en s’appuyant sur un set complet d’une vingtaine de titres.
Les deux musiciens évoluent dans un cadre agréable, il y a même un canapé installé sur une estrade en fond de scène et des guitares sont disséminées un peu partout auprès d’eux. Ils débutent par « Les philharmonies martiennes », issus de leur dernier opus. Un album finalement pas si mis en avant que cela. Le duo préférant miser sur des compositions plus anciennes, les rappelant au bon souvenir du public lesquinois (oui car le gentilé local a beaucoup plu à Nataf) ravi de l’aubaine.
On retrouve immédiatement la fraîcheur, la simplicité et l’efficacité de leur style. « Un monde parfait », joué juste après, permet de rapprocher immédiatement les deux époques. La chanson bénéficie de la rétroprojection dans le fond de la salle, les images d’une grande ville défilant en cadence avec la musique. Ce titre fait aussi partie de l’album Post-partum qui sera le plus joué avec entre autres « Dentelle », « Colore » ou le moins connu « Franges en bataille ».
Il faut toutefois attendre un peu pour que le public, un peu passif, ne se réveille pas complètement. Les applaudissements lancés durant « Raide, raide, raide » donnent le coup d’envoi de la participation du public. Elle comprendra également le lancement d’un titre grâce à un compte à rebours prononcé en ch’ti. Ce qui ne fera que s’accroître au fur et à mesure du spectacle pour finir par une standing ovation finale. Entre-temps, ils mettront à profil le canapé (que l’on imagine très confortable) car ils s’y assiéront pendant une demi-douzaine de titres, prétextant leur âge avancé pour renoncer à jouer debout.
Le spectacle est aussi malheureusement un peu long. Il durera 2 heures 15 environ. Le fait de n’avoir que deux musiciens sur scène enferme quelque peu la formule. Alors que leur pop aurait pu bénéficier de l’apport d’autres instruments. Quelques moments de magie se produisent tout de même comme « Love qui peut » pendant lequel les lumières rouges, plus brillantes qu’avant, illuminent la salle et captivent le public et qui, comme ils le disent, est finalement, la réponse la plus appropriée aux événements survenus la semaine passée.
Du duo, Nataf est le pus expansif, même si les deux n’arrêtent pas de se vanner, c’est surtout lui le boute-en-train, qui s’amusera à lancer une chanson comme Harry Nelson en anglais. Au final, c’est plus le fait de revoir un groupe ancré dans les esprits auquel on a assisté. Même si les nouvelles compositions sont loin d’être négligeables et laissent augurer d’un retour en forme des Innocents. Les fans du Nord-Pas-de-Calais pourront s’en rendre compte par eux-mêmes à Béthune et à Boulogne où ils repasseront.
Découvrez les photos de la soirée Les Innocents par Sébastien Ciron.
Nicolas Fournier