Le Cabaret Vert 2022
Le Cabaret Vert est de retour ! La dernière véritable édition a eu lieu en 2019, car entre-temps le COVID est passé annulant la plupart des éditions depuis. Le festival ardennais a tout de même choisi de faire un festival réduit (La Face B) l’an dernier.
Cette année il faut se rattraper. Aussi le festival passe de quatre à cinq jours ! Même le festival de la bande dessinée a le droit à deux jours de rabais et annonce 80 auteurs présents. Pour cette première journée, le belge Stromae est au programme. En effet, souhaitant participer au festival ardennais, mais étant uniquement disponible à cette date une journée a été conçue autour de sa venue.
Mais sitôt arrivé sur le site, on inaugure le festival avec Q : un jeune chanteur britannique aux faux airs de Michael Jackson.
C’est très bien fait et funk. On passe ensuite à la grande scène avec Parcels déjà venu il y a quatre ans et qui semblent vouloir étendre leurs chansons de longues minutes. C’est dansant mais un peu longuet. Sur la petite scène le duo féminin Wet Leg (qui passera à Lille à la rentrée) propose sa pop rafraîchissante. Un peu plus tard c’est Aurora, une chanteuse norvégienne habitée qui plaira beaucoup au public qui semble même connaître les paroles.
Sur la grande scène Vald, autre habitué du festival, chauffe le public efficacement. On est loin du concert poussif donné au Main Square en juillet dernier.
Enfin, la vedette Stromae se présente devant le public. Ce sera un long set qui pioche dans sa discographie, soutenue par des vidéos et même un chien-robot. L’ensemble est très efficace et ne gâche pas les qualités de parolier du belge.
Jeudi c’est le jour de Slipknot !
Je sais il y a autre chose à l’affiche, mais allez dire ça aux nombreux spectateurs arborant un t-shirt à l’effigie du groupe de DesMoines dans l’Idaho. D’ailleurs en attendant sur une autre scène, on peut entendre Duality de Slipknot en musique d’attente. Mais il y a effectivement de quoi faire avant. Le salon BD commence à ouvrir ses portes avec les premiers invités et les premières files d’attente pour les plus demandés. Côté musique : ce sont les Pixies qui créent la première sensation de la journée.
En jouant sur le côté nostalgique surtout, car le groupe de Black Francis parle peu au public et enchaîne les tubes (les trois premières chansons : Gauge Away, Wave of Mutilation et Monkeys Gone to Heaven, rien que ça) de manière un peu trop mécanique. Dommage, mais ça reste efficace. Par la suite, il faut faire avec les changements d’emploi du temps.
Certains groupes annulent et des décalages se font dans la programmation.
On peut tout de même découvrir le rock basique des canadiens de Cleopatrick (un duo dans le style de Royal Blood) ou le rap de l’anglais Slowthai.
Petite nouveauté il est possible d’accéder à un nouveau terrain en franchissant la Meuse. Ce décor forestier dans lequel sont programmés nombre de rappeurs est des plus intrigants. En effet, il faut traverser un pont, marcher un peu dans les bois pour découvrir la scène s’illuminer au travers des arbres.
Mais retour à Zanzibar (la grande scène donc), car enfin Slipknot apparaît !
Un grand étendard se soulève pour laisser découvrir les neuf rois du nu métal et le décor ahurissant dans lequel ils évoluent. Car outre les masques c’est tout un décor industriel qui est proposé. Les deux percussionnistes sont situés sur des rampes de part et d’autre de la scène, et bien sûr Corey Taylor, le chanteur, assure le spectacle.
Parlant souvent au public (parfois même en français) il chauffe le public et lui présente une chanson du nouvel album (The Dying Song) et bien sûr les tubes qui jalonnent la carrière du groupe depuis 25 ans (Wait and Bleed, Spit It Out, Duality, Before I Forget) le tout ponctué d’effets pyrotechniques et de cascades (Corey Taylor se roule en boule sur l’avancée de la scène). Bref du très grand spectacle qui justifie à lui seul de venir au Cabaret Vert cette année.
Un petit encart historique à présent.
L’organisation a prévu une visite du site. En effet, l’usine la macérienne est située à proximité immédiate du festival. Servant encore à l’heure actuelle de lieu de stockage, l’ancienne usine de pièces détachées créées par Adolphe Clément Bayard, pionnier de l’industrie du vélo puis de l’automobile et même de l’aéronautique.
Plusieurs éléments ont été conservés ou reproduits à l’identique comme ses poutres avec des rivets ou encore ces toitures en dents de scie caractéristiques des usines textiles en Angleterre. C’est dans ce cadre préservé qu’a eu lieu l’an passé la Face B, le festival organisé à la place du Cabaret. Pour l’avenir des projets sont en cours comme un tiers lieu ou un fablab.
Vendredi, c’est la journée de la pluie !
Seule journée qui déroge au beau temps en cours en ce mois d’août. J’arrive tôt sur le festival assez, pour aller faire un tour au cinéma où un court-métrage hilarant de Noé Debré avec Vincent Macaigne est projeté. Ensuite sur une fibre plus écologiste (j’ai raté la fondatrice de L214 la veille) un reportage sur des étudiants quittant les grandes écoles pour suivre une autre voie est aussi diffusé, éclairant ainsi sur les problèmes environnementaux contemporains.
En attendant les concerts, un espace avec des jeux traditionnels sont proposés ainsi que des installations comme ces casques géants permettant de voir seul un court-métrage.
Un petit tour dans les bois pour croiser entre deux arbres la nouvelle scène et notamment le rappeur San-Nom au flow et aux textes bien sentis.
D’autres formations locales se produisent aussi comme Chester Remington (rock) puis Somah (métal) sur des scènes annexes trouvent leur public. Sur la grande scène Alyona Alyona doit reporter son concert suite à des problèmes techniques pour être reprogrammé dans la soirée. Pas de problèmes pour Little Simz (reggae), HER (r’n’b), sauf la pluie abondante pendant le set de cette dernière.
Sur les Illuminations (la seconde scène) on a droit au punk vénère de Frank Carter et ses Rattlesnakes qui passent les premières chansons dans la fosse à slamer en se mêlant au public. Son énergie est débordante.
Enfin, dans le genre masqué, le rappeur Ziak et son bandana couvrant son visage se produit avec son rap hardcore qui n’est pas à mettre entre toutes les oreilles.
Clou de la soirée Orelsan qui vient en habitué (c’est sa quatrième fois à Charleville-Mézières).
C’est encore un gros spectacle qui est proposé aux festivaliers pour une des dernières dates de la tournée Civilisation. Les derniers titres (La quête, L’odeur de l’essence) se mêlent aux anciens (Défaite de famille, Basique) pour un set mieux maîtrisé qu’il y a trois ans.
Le dernier week-end est en approche avec déjà les premiers résultats de fréquentation sont de bon augure. Et place au spectacle avec encore la bande dessinée à l’honneur. Au cinéma des courts-métrages locaux sont proposés et les arts de rue font plus que faire patienter avant le retour des concerts.
Encore un groupe local avec les rythmes caribéens de Who’s the cuban ? : chaleur garantie.
Vous voulez plus de rock ? Il y en a aussi avec les nouveaux talents de Fontaines D.C. que l’on retrouve sur la grande scène après avoir joué sur des petites scènes lors des précédentes éditions. Du grunge aussi avec Mad Foxes sur le Razorback (une scène située dans un espace clos où se trouvent de nombreux bars dans un esprit très Hellfest) et on conclu avec du festif grâce à Madness qui met tout le monde d’accord dès One Step Beyond. Le rythme ne se relâche pas et l’on poursuit dans la bonne humeur pendant encore une bonne heure de plaisir.
Une petite pause rap avec Paris Texas qui mélange gros beat et flow ultra rapide.
Et enfin le grand moment tant attendu avec Liam Gallagher. Fidèle à lui-même il se cache sous un bob et des lunettes de soleil, bien emmitouflé dans un treillis militaire. Et pourtant le temps s’est réchauffé depuis la pluie de la veille. Bien sûr, la plupart du public attend les standards d‘Oasis (Wonderwall, Slide Away…). Mais les compos de sa carrière solo marchent aussi (Walls of Glasses, C’mon You Know), même si c’est un peu cousu de fil blanc la magie opère.
La journée du dimanche commence par une révélation.
Les poubelles de tri collectif sur le site sont encastrées dans de grands buffets. Or en visitant le musée Raimbaud situé en centre-ville (entrée gratuite pour les festivaliers au fait), je découvre que l’un de ses poèmes se nomme… Buffet ! Bien sûr d’autres références plus évidentes se logent dans le festival. Le nom même de l’événement, mais aussi le nom des scènes (Zanzibar, Illuminations…) ancre un peu plus le festival dans le territoire.
Le dernier jour est aussi l’heure des résultats dont se félicitent les organisateurs lors de la conférence de presse.
Plus de 125 000 festivaliers, le cap du million dépassé, l’accueil de Slipknot et ses huit semi-remorques (oui c’est pas très écolo, mais le festival est investi sur ce sujet). Avec ses 8,5 millions d’euros de budget le festival ardennais arrive à se placer sur les cartes des festivals journée supplémentaire, construite autour de Stromae, une scène nouvelle créée en traversant la Meuse, tout ceci a ravi les festivaliers.
Ce dimanche ce sont les familles qui viennent ! Vers 15h00 le dessinateur Arthur Despins présente son film Zombilénium et ses courts métrages au cinéma. Tandis que l’on attend la tête d’affiche : Véronique Sanson.
Dans mon cas ce sera trois salles, trois ambiances.
La grande scène Zanzibar tout d’abord avec la pop de Gaëtan Roussel qui glisse de nombreuses chansons de Louise Attaque dans sa setlist. Ensuite, direction le Razorback où jouent les lyonnais de Johnnie Carwash. Je les avais vus au début des vacances à Roubaix, et ils n’ont rien perdu de leur énergie cinq semaines plus tard. Une des très bonnes découvertes du genre en France.
Enfin, place au hip-hop sur les Illuminations avec d’abord Luidji qui raconte ses peines de cœur à un public conquis. Et en clôture de soirée Eddy de Pretto, vue également au Chien à Plumes il y a trois semaines.
Tandis que je quitte le site, on aperçoit déjà les techniciens démonter l’immense grande scène ce qui montre l’incroyable quantité de travail nécessaire pour organiser ce festival qui a réussi une fois de plus à conjuguer l’exigence qualitative avec la popularité.
On se retrouve l’année prochaine. Vous y serez ?