L’orchestre national de Lille présentait cette semaine un concert alliant Mozart et Strauss. Après Armentières et Lens, le spectacle était donné deux fois au Nouveau Siècle à Lille.
Pour l’occasion, l’orchestre retrouve son chef fondateur, Jean-Claude Casadesus, et invite également le pianiste islandais Vikingur Olafsson qui s’était déjà produit il y a deux ans au Lille Piano(s) Festival.
Place à la musique avec la courte ouverture de Cosi Fan Tutte, toute en énergie, en guise d’introduction.
Ce n’est qu’après cette courte mise en bouche que Vikingur Olafsson fait son entrée pour le concerto n°24, une pièce plus importante scindée en trois mouvements.
En effet, bien que composées presque à la même période (respectivement en 1790 et 1786) ces deux œuvres divergent radicalement. L’ambiance devient soudainement plus dramatique.
Quand le piano joue enfin, après quelques minutes laissées à l’orchestre et entraîne avec lui les instruments à vent, on oscille entre la joie et la danse comme pouvait le laisser entendre le titre de cette soirée : Invitation à la valse.
D’abord arc-bouté sur son piano (il repositionnera plusieurs fois son siège), Vikingur Olafsson paraît ensuite plus à l’aise. La mélancolie sera plus prégnante encore durant le mouvement larghetto (le deuxième) mais dès la fin de l’allegro initial, la performance des musiciens sera très applaudie.
Place après l’entracte à Strauss.
Près d’un siècle sépare ce Burlesque pour piano (composé en 1890) de l’œuvre précédente. Celle-ci est plus folle, plus homérique et reflète le travail d’un Strauss encore jeune (il avait 26 ans). Les variations de rythme ou encore le mélange entre puissance et douceur donne tout son charme à cette œuvre.
Visiblement ravi de sa prestation, le musicien islandais reviendra, sous les applaudissements nourris du public, pour un bis où il jouera une pièce de Bach, sublime qui laissera penser aux spectateurs qu’ils assistent à un concert dans une cathédrale.
La dernière partie du concert est consacrée à une dernière œuvre de Strauss plus vieux cette fois-ci, car on se situe à la fin de sa vie après la Seconde Guerre mondiale. Le chevalier à la rose raconte l’histoire d’amour, forcément déçue, entre une femme trentenaire et son jeune prétendant. Il s’agit d’une pièce exigeant comme le décrira M. Casadesus juste après la représentation au bord de scène. Il en profitera aussi pour faire quelques révélations sur le Lille Piano(s) Festival. Mais chut ! Il faudra venir les découvrir dans trois semaines.
Cet exercice des questions-réponses, toujours très intéressant, permettra aussi d’entendre le discret mais très occupé Vikingur Olafsson, pianiste, compositeur et même organisateur d’un festival de musique contemporaine. Il parlera notamment de son goût pour ce style et de la possibilité de travailler avec des auteurs ouverts à la réinterprétation de leurs œuvres.
Peut-être un peu ardu (surtout la dernière œuvre de Strauss), c’est toujours agréable d’entendre un invité virtuose se produire avec un orchestre et pouvoir en plus, l’entendre décrire son travail.