
À la croisée des musiques pop, poétiques et métissées, Frànçois & The Atlas Mountains tissent depuis plusieurs années un univers singulier, entre mélancolie douce et rythmes dansants.
Porté par la voix envoûtante de Frànçois Marry, le groupe continue de tracer une route audacieuse et sensible, entre introspection et ouverture au monde.
À l’occasion de la sortie de son nouvel album « Âge Fleuve » (In Finé) sorti le 31 janvier, nous avons eu le plaisir d’échanger avec Frànçois & The Atlas Mountains pour évoquer son parcours, ses inspirations et sa vision de la création artistique.
Un moment suspendu, empreint de sincérité et de lumière avant son concert du 17 avril à Lille. Merci à Nicolas pour sa précieuse complicité.
Propos recueillis par Céline Galant.
Comment est né ce nouvel album et quelles en sont les grandes inspirations ?
Comme un ruissellement sur des coteaux arrosés par des pluies lointaines. Par touche, par méandres. Une somme de canaux et d’adjuvants.
Quels thèmes y explores-tu et en quoi se distingue-t-il de tes précédents opus ?
Un.e journaliste musical aurait probablement plus de recul que moi pour en juger. C’est une somme de ce que j’ai pu explorer auparavant. Pour les soins de la bande-annonce promotionelle, je dirai : ça parle de sexe et l’on y révèle des grands secrets de l’humanité.
Ton univers mêle pop, sonorités africaines et expérimentations. Comment travailles-tu cet équilibre ?
Avant je travaillais à l’inspiration et à l’énergie, ce qui faisait qu’un même morceau pouvait être très chargé en intentions variées. Maintenant je chapitre un peu plus. Le monde est si dense et complexe, je prends le soin de rester lisible.
Quelle place accordes-tu aux visuels et à l’esthétique dans ton projet musical ?
J’essaye de produire un contenu qui me parlerait si je tombais dessus dans le courant immense des images. J’aime dessiner, assembler des images. Je joue un peu à ça autour des morceaux que je sors.
Je suis sensible aux formes, aux couleurs. Par ce truchement je peux lire l’esprit d’un objet et de son créateur. C’est souvent comme cela que je découvre de la nouvelle musique d’ailleurs ; les pochettes sur Bandcamp ou les vinyles au disquaire.
J’adore aussi quand des labels développent une direction artistique cohérente disque après disque (Soundway, Safetrip, SoulJazz, Principe).
Mais pour être honnête et transparent, mes visuels c’est un assemblage de modestes moyens. C’est clair que si je vivais 30 ans en arrière à l’âge d’or de l’industrie musicale je pourrais par exemple, réaliser des clips à la qualité cinématographique. Chose devenue impossible pour un artiste indépendant en 2025. Le futur nous promet beaucoup d’inventivité artistique !
Comment vis-tu la transition entre le travail en studio et l’énergie du live ?
Ce sont comme deux frères et soeurs avec des personnalités radicalement différentes. Ils sont d’accord pour dîner à Noël ensemble, mais en dehors ils vivent leur vie séparément.
On me fait éternellement la même remarque : Sur disque j’en’ai pas trop accroché mais j’ai adoré le live.
J’ai envie de répondre : quand tu mets de la musique chez toi tu te mets debout devant l’enceinte avec de la lumière qui clignote, tu transpires et tu applaudis après chaque morceau ? L’expérience, le cadre, le contexte, la perception du temps, la disponibilité sonore sont radicalement différents. Comment imaginer que la musique soit la même ?
La musique live est un animal sauvage. Les albums sont des animaux de compagnie. Va-t-on dans la jungle pour voir des tekels ? Est-ce que l’on met des panthères sur son canapé ?
Que peux-tu nous dire sur le concert du 17 avril à Lille ? À quoi doit s’attendre le public ?
Ça dépendra de l’ambiance ce soir-là et j’ai plutôt de bons souvenirs du public lillois ! Je révèlerai deux trois des grands secrets de l’humanité. À ne pas rater donc.
As-tu une anecdote marquante d’un précédent passage à Lille / dans les Hauts-de-France ?
J’ai un souvenir marquant d’un concert au Familistère de Guise. Lieu incroyable, créé par un esprit supérieur philanthrope, trop rarement absent des designs monumentaux. Le concert était bien. La pluie avait attendu qu’on passe pour humidifier le set de Dick Annegarn et de Radio Elvis.
J’ai aussi un bon souvenir d’un concert improvisé en forme sportive dans un gymnase d’Aulnoye-Aymeries avec Seb Martel et Flavien Berger aux Parcours Secrets. On avait joué avec Anna Calvi dans une belle salle tout en bois à Lille aussi en 2012. En vrai, j’ai beaucoup de bons souvenirs de live par là-haut !
Y a-t-il des morceaux de ce nouvel album que tu as particulièrement hâte de jouer sur scène ?
J’aime beaucoup le début de Jeune Versant, avec Colin on peut se poser un peu et écouter le doux chant de Laure Sanchez.
Quels sont tes projets après cette tournée ?
Dévoiler de nouveaux grands secrets de l’humanité. Ou bien alors, repeindre ma maison. J’hésite.
Un dernier mot pour les lecteurs de CCC ?
Merci de vos curiosités musicales !