
Godspeed You ! Black Emperor est de retour à Lille, à l’Aéronef pour être plus précis là où je les avais découverts il y a huit ans de cela.
Le temps passe, mais la réputation des montréalais, adeptes d’un post rock engagé et radical musicalement demeure.
En première partie c’est souvent un artiste avant-gardiste qui précède les Canadiens. Il y a cinq ans à Roubaix c’est une déconcertante saxophoniste norvégienne (Mette Rasmusen) qui a laissé un goût… surprenant dirons-nous au public. Ce soir c’est la plus consensuelle Marissa Anderson qui arrive, seule avec sa guitare électrique. Elle enchaîne ses compositions, sans jamais chanter, le visage masqué par sa longue chevelure. Elle n’utilise son micro que pour présenter d’une voix timide et quasi inaudible ses chansons. Ce n’est pas spécialement très technique, mais elle attire toutefois la sympathie du public.
Enfin après une pause, la lumière baisse (la scène sera faiblement éclairée pendant le concert) une violoniste et un contrebassiste arrivent.
Tandis que sur un grand écran installé en fond de scène, des vidéos sont projetées. Cela montre l’ouverture du groupe : à la fois à d’autres univers musicaux et à la vidéo, support important de la musique du groupe. Enfin, les autres musiciens se succèdent (ils sont huit au total) tandis que les lignes blanches qui zébraient l’écran deviennent moins floues au fur et à mesure que le premier titre Hope Drone se prolonge (chaque chanson dure un bon quart d’heure en moyenne).
Les titres qui se succèdent suivent plus ou moins le même schéma : un rythme lancinant puis une césure qui permet d’enchaîner avec un rythme brut plus rock.
C’est un peu comme une composition classique avec plusieurs mouvements.
L’ambiance est ténébreuse : il n’y a presque pas de lumière, aucun membre du groupe ne prendra la parole pendant l’heure trois quarts que durera la prestation. Une prestation aride qui n’empêche pas la salle d’être comble ce soir et le public captivé (très peu de gens regardent leur portable, une rareté de nos jours). La seule voix audible provient d’une bande préenregistrée en introduction de Cliffs Gaze.
Une poignée d’autres titres se succèdent (ils en joueront sept au total) piochés dans leur dernier album ou dans leurs opus précédents (Mladic et Anthem for No State ont déjà été joués plusieurs fois à Lille).
Alors oui c’est peu commun et sans doute réservé à des initiés, mais il n’en demeure pas moins une force d’attraction et une vision radicale de la musicale absolument captivante.