Que faire en ce mois de juin maussade ? Franchir la frontière belge pour se changer les idées et rencontrer Dinosaur Jr.
Direction Courtrai, où la salle locale du De Kreun propose une programmation alléchante. On part voir les vétérans du rock alternatif The Melvins et ceux de Dinosaur Jr.
Concentrons-nous sur cette soirée du 15 juin pendant laquelle cette dernière formation Dinosaur Jr. Un trio originaire du Massachusetts qui était invité à se produire.
Rendez-vous donc dans cette petite salle pour se payer un petit bout de nostalgie grunge. On rentre dans une première pièce qui fait office de bar. Puis, on pénètre dans la salle de concerts à proprement parler. La configuration n’est pas sans rappeler le club de l’Aéronef pour les Lillois, au fond de laquelle se trouve… un autre bar. Les organisateurs doivent avoir peur que l’on ait soif ! Et on se prépare pour la première partie : Night Beats. Ce jeune trio est originaire de la côte ouest. Ce qui est étonnant car on les imaginerait plutôt en provenance du Texas avec le stetson et les santiags que porte le bassiste. Ils nous font découvrir leur rock garage sans effets superfétatoires.
Le bassiste branche ainsi directement son instrument sur l’ampli ! Le chanteur préfère, lui, le style mormon avec son chapeau plat et sa chemise remontée jusqu’au cou. Ça ne l’empêche pas avec son groupe de nous faire penser aux Strokes. En attendant leur son lo-fi bien gras est idéal. Car même si ça ne ressemble pas vraiment à la tête d’affiche, avec eux, le temps s’écoule bien trop vite. À peine le temps de s’en remettre, que le bassiste, entre deux gorgées de whisky, demande au régisseur s’il leur reste encore dix minutes. En tout cas, avec une dizaine de chansons interprétées en une grosse demi-heure, le groupe Night Beats aura eu le temps de nous faire découvrir son talent.
Une petite pause et l’on enchaîne avec Dinosaur Jr. La salle semble accueillir de nombreux français (ce genre de formations est rarement programmé en France). Après un petit moment de latence pour que tout ce petit monde se mette en place et les quinquagénaires peuvent lancer le spectacle. Cela fait désormais trente ans qu’ils écument les salles. Et ce soir, c’est complet pour les voir, plus un espace libre dans la salle même le balcon est plein ! Après un début un peu hésitant (Thumb) le concert trouve rapidement son rythme de croisière. La tournée européenne est longue et le groupe paraît rodé. Peut-être même un peu trop bien justement.
Le groupe parlera peu, voire pas du tout avec le public. Seulement pour introduire brièvement les nouvelles compositions du dernier album (Give a glimpse of what yer not) dont ils ne font pas vraiment la promotion. Deux titres seulement seront joués de ce disque. Mais peu importe, les fans du groupe sont là, beaucoup ont le même âge que leurs idoles et, a priori, ils n’attendent pas vraiment de chanson en particulier. De fait le set est homogène en raison d’une formule, certes, répétitive mais efficace pour se défouler. En gros le son est typique du rock alternatif des années 1990, on pensera à Pearl Jam notamment.
Les titres sont assez longs souvent en raison d’une césure entre une partie chantée et une autre plus instrumentale. Si le rythme est plutôt lent, le son est lui beaucoup plus lourd. Le chanteur-guitariste Jay Mascis est statique se contentant de dodeliner son instrument de droite à gauche, son visage encadré par ses longs cheveux blancs (il ressemble à un croisement entre le Père Fourras et Gandalf en somme). Il est encadré par son mur d’ampli, il ne fait pas de vague même si ses arpèges sont admirables. La section rythmique est plus intéressante à suivre. Le batteur est intrigant lorsqu’il manipule ses baguettes comme pour simuler ses premiers mouvements lors de la chanson à suivre. Le bassiste tout aussi chevelu que son acolyte paraît plus expansif. Il se tourne fréquemment vers son batteur. Il supplée même ponctuellement Mascis au chant et le remplace même complètement sur deux titres.
Deux groupes qui auront proposé une soirée variée. Notamment la tête d’affiche pour laquelle cela faisait plaisir de découvrir une des légendes encore en activité de la scène grunge dans une salle à taille humaine. Une proximité qu’aura appréciée le public présent.