Nouveau venu dans le calendrier chargé des festivals lillois, Cinecomédies se fait tranquillement sa place dans le paysage culturel de la métropole.
Le cru Cinecomédies 2019 propose donc son lot d’avant-premières (Docteur !) et de soirées spéciales (Mon Ket, en présence de François Damiens, son auteur). Ce qui a retenu mon attention, ce sont les deux rétrospectives offertes : Bertrand Blier le vendredi et Michel Blanc (le parrain de cette édition) le samedi.
Commençons par la soirée du vendredi avec deux films à l’affiche. Tout d’abord le très connu Buffet froid, étape importante qui marque un lien solide entre le réalisateur et un de ses acteurs fétiches, Gérard Depardieu. Bertrand Bier y filme avec réjouissance un enchaînement de meurtres loufoques, porté par l’abatage de Bernard Blier, son propre père. Par la suite, c’est le nettement plus expérimental Calmos – et sa galerie de personnages dérangés – qui est proposé aux courageux restés jusqu’à plus de minuit.
Entre les deux, Bertrand Blier passera plus d’une heure avec les spectateurs de Cinecomédies.
Le modérateur est visiblement un fan lui-même et distille des anecdotes et des souvenirs personnels lors de la rencontre. Le réalisateur évoque sa technique pour écrire (sachant qu’il n’a mis que huit jours pour concevoir Buffet Froid).
Les nombreux spectateurs sont avides d’en savoir plus et abordent de nouveaux thèmes pour profiter de sa longue expérience. Le réalisateur évoque sa passion pour les tournages qu’il compare à une sorte de colonie de vacances. On parlera aussi de son rapport avec son père, que l’on verra dans une archive de l’INA, dire le plus grand bien de son fils. Comme il le résumera lui-même « Tout m’est arrivé, y compris faire des films« .
Le lendemain, c’est Michel Blanc qui prend sa place.
Visiblement ému, le fameux Jean-Claude Dusse des Bronzés intervient entre Marche à l’ombre et Viens chez moi j’habite chez une copine. Lui aussi parle librement de sa carrière, sans filtre ou presque, comme pour se remémorer le tournage difficile de Mauvaise passe (1999).
Il parle de son goût pour le cinéma comique, de ses débuts avec la troupe du Splendid et il raconte avec humour quelques anecdotes, comme l’origine de sa célèbre moustache qu’il s’est laissé pousser pour le tournage des Bronzés et qui lui sera réclamée pour d’autres films.
Il revient sur l’écriture de Viens chez moi… alors qu’il tournait justement les Bronzés avec Patrice Leconte. Il finira en donnant quelques conseils à une jeune actrice présente dans l’assemblée.
Un thème commun sera abordé avec ces deux réalisateurs : la musique.
C’est pour établir une claire divergence quant à son utilisation. Pour Blier c’est l’écoute du concerto pour clarinette de Mozart qui lui inspire son film Sortez vos mouchoirs. À l’inverse, Michel Blanc refusera le rajout en off de musique, préférant qu’elle s’insère naturellement dans les scènes (Marche à l’ombre).
Deux standings ovations concluront les deux rencontres avec ces réalisateurs qui, s’ils évoluent dans des registres bien différents, auront pu constater qu’ils restent populaires.