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Chronique

24 mars 2024 - par Marieh Bellynck

Christian Olivier lors du Festival Les Enchanteurs3 min. de lecture

On connaît bien les multiples casquettes de Christian Olivier, tour à tour aux commandes de Têtes raides, ressusciteur de poètes à qui il donne sa voix ou éternel actif aux Chats pelés, aujourd’hui, et depuis la sortie de son album « Le ça est le ça » en 2023, on le découvre chantre des poètes russes.
Et c’est au centre culturel de Méricourt que cela se passe, jeudi 21 mars, dans le cadre du festival les Enchanteurs.

La salle, assez confidentielle, se prête à merveille à l’objectif de la soirée, nous présenter en chansons l’oeuvre de 12 poètes russes des années 17. Une façon pour le chanteur de leur rendre hommage pour leur engagement passé mais aussi et surtout pour la beauté de leurs textes. Et même si l’initiative peut paraître exigeante, le résultat est époustouflant. Christian Olivier emmène avec force et facilité, la salle entière sur les traces de ces poètes méconnus et disparus.

 

 

 

 

 

Si 100 ans nous séparent de ces hommes, tout paraît pourtant étrangement et effroyablement actuel. En naviguant entre les chansons de son propre répertoire (Je crie, democramotie…) et les textes de ces poètes (accompagnés sur scène d »extraits filmés en arrière plan), il renforce ce sentiment de résonnance. On ne peut qu’ inévitablement interroger notre propre époque, notamment face au conflit Russo Ukrainien. Car ces poètes chantés ce soir, ont bel et bien écrit en leur temps l’oppression de leur peuple face à un régime dictatorial. Impossible de ne pas voir la situation actuelle ou l’Histoire comme un triste recommencement. On peut y voir un réel engagement de la part de Christian Olivier qui leur redonne vie, qui leur redonne voix. Si les textes revêtent parfois la noirceur de leur époque, leur interprétation n’en est pas moins lumineuse, elle parvient à transcrire la force et l’espoir qui régnait également, elle donne à l’Art toute sa dimension révolutionnaire. Et qui mieux que Christian Olivier pouvait réussir à cela? Accompagné de son armée de musiciens, aux sons hypnotiques en même temps que survoltés, il chante, souvent le bras levé, le regard toujours magnétique. Il emmène le public dans le temps pour réveiller son présent. Il devient Maïakovski, il est Pasternak., il incarne Tsvetaïeva…
Et c’est sublime.
Dans un décor, sombre et de fumée, la lumière fuse parfois, pour encore signifier que l’espoir doit perdurer.
Au fil de la soirée d’ailleurs, il semblerait que cela soit plus léger, Christian Olivier redit souvent sa joie d’être là, il rappelle qu’il est utile de continuer d’être là.
Les musiciens rayonnent, s’envolent, l’accordéon à bout de souffle côtoie le violon virevoltant. Les instruments jouent une partition sur laquelle tout le monde s’accorde: c’est la force de l’union joyeuse. C’est électrifiant et euphorisant.
Puis Christian Olivier rallonge le set avec malice, entonne des chansons de Têtes raides, et on voudrait que ça ne s’arrête jamais.
On voudrait prolonger le moment et nul doute que certains le feront en se (re)plongeant dans la lecture de ces auteurs russes, qui revivent de la plus belle des façons.

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