Après La Fiancée, disque baroque et ciselé au millimètre paru en 2014 chez Polydor, Cécile Corbel livre Vagabonde. Un album qu’elle qualifie de plus léger et entraînant, plus joyeux.
Jeune maman, Cécile Corbel aborde, dit-elle, une nouvelle étape de sa vie, toute en énergie. Elle revient à l’étymologie première du folk populaire. Un registre où il y a bien sûr des complaintes qui font pleurer, mais aussi des chants de travail ou des chansons à danser et à partager. Vagabonde est ainsi, mélodique, insouciant et ouvert.
L’artiste est née à Pont-Croix, une petite commune du cap Sizun, à la pointe du Finistère. Elle est l’une des chouchoutes du Festival Interceltique de Lorient. Tombée en amour devant une harpe à l’âge de 15 ans, la jeune femme a pris le train de la réhabilitation de la harpe celtique. La harpe nourrit les imaginaires autant qu’elle peut clouer au rayon celtitude, ce qui dans le cas présent serait une erreur. Elle la promène, apprivoise cet instrument, roi de la musique celte avec lequel elle fait de plus en plus corps. Elle s’en échappe par la voix, diaphane, transparente, mise au service des chansons qu’elle crée équitablement avec Simon Caby. Également en charge du son et du mixage.
Coup de foudre du studio d’animation japonais Ghibli en 2009, Cécile Corbel a composé la musique du film Arrietty, le petit monde des chapardeurs, sous la direction d’Hiromasa Yonebayashi. Le film est un succès avec près de dix millions de spectateurs et 150 millions de dollars de recette. Cécile Corbel noue une histoire d’amour avec le Japon où elle est deux fois disque d’or.
Pour Vagabonde, la charpiste-chanteuse-auteure-compositrice, tire le fil de la musique folk de façon très moderne, en treize titres avec des invités. De jeunes groupes français tel Poppy Seeds ou The Moorings, inspiré par les pubs irlandais et les Pogues, des écossais Manran, invités pour une suite de danses irlandaises. Puis un sénégalais à la voix d’or : Faada Freddy. Une toute débutante : Pomme, 19 ans, proche de la musique folk américaine. Enfin Gabriel Yacoub, fondateur en 1973 du groupe phare folk français Malicorne.
Cécile poursuit son voyage et fouille. The Berry, chanté en français, est inspiré par The slave songs of the United States, recueil de chansons du sud des États-Unis. Mama always told me regarde du côté de la musique cajun. Under the lake créé un trait d’union entre le bayou de Louisiane et les grands lacs irlandais. Working song est puisé dans la tradition des chants de travail des Iles Hébrides. Winterchild est imprégné d’anciens textes mystiques irlandais. Liam des chants de marin qu’affectionne le Finistère… Objet de ses joies présentes, son fils, né un 31 décembre, gagne au passage deux chansons, Winterchild et Entre ses bras, une berceuse composée pour lui, qui peut être aussi une chanson d’amour. Vagaonde flâne, mais il a été enregistré à la maison à la campagne. On peut y imaginer le vent et l’océan (Les courants d’air, chanté avec Gabriel Yacoub) ou l’exil de La Fille sans nom avec Faada Freddy. Cécile Corbel fabrique un genre musique hybride et délivré.