
Ce soir Ugly Kid Joe fait étape à l’Aéronef de Lille dans le cadre d’une tournée européenne bien chargée.
Tout comme Gojira le surlendemain, les californiens Ugly Kid Joe cumulent un concert lillois avec un passage du côté de Clisson pour le Hellfest le même week-end. Créée dans les années 1990, leur notoriété semble un peu plus confidentielle que celle de formations fondées à la même époque. Pourtant ils ont été portés à leur création par un tube imparable : I Hate Everything About You. Il faut dire que le groupe s’est reformé au début des années 2017 après un long sommeil.
Comme au cinéma
Avant cela une première partie plutôt originale. Les affiches annonçaient la présence d’invités à ce concert puis le nom de Wayne’s World était apparu. Je supposais bêtement qu’il s’agissait du nom d’un groupe local. Eh non ! C’est bien du film dont il était question. J’avoue ne pas avoir fait le rapprochement. Honte à moi. Une fois dans la grande salle, on se fraye donc un chemin pour s’asseoir et profiter du film qui a révélé Mike Myers.
Les blagues, très codifiées, s’enchaînent, apparemment déjà connues de la majorité du public qui les récite en même temps qu’elles se produisent à l’écran. Car les fans d’Ugly Kid Joe ont fait le déplacement (leur groupe favori est mentionné sur la bande originale du film). Ils se remarquent facilement, beaucoup arborent un t-shirt à leur effigie. Il s’agit souvent des parodies. Celle de la graphie de Motörhead revient souvent, mais ma préférée est celle du logo des whiskys Jack Daniel’s.
Mais passons. Le film touche à sa fin, après une heure et demie de blagues potaches et d’esprit rock’n’roll, place désormais à la musique sur scène.
Direction le club pour Ugly Kid Joe
Direction le club où une masse compacte s’est déjà agglutinée autour de la scène. Difficile de trouver une place devant la scène pour y prendre mieux des photos. Tant pis, je bats en retraite dans le fond de la salle histoire de mieux profiter de la musique. Bien que le groupe démarre son show sur les chapeaux de roue avec « Neighbor », je mets un peu de temps à me mettre dans l’ambiance. La faute à l’absence de vraie première partie sans doute. Les facéties de Mike Myers et compagnie ne m’auront pas suffi.
Ça n’empêche pas les fans d’être déjà à fond et de profiter de ce moment privilégié avec un groupe affublé d’une étiquette culte. Une étiquette due pour partie à sa contribution à la bande originale de Wayne’s World et plus sûrement à son tube imparable. Il n’en fallait pas beaucoup plus dans les années 1990.
J’ai sans doute aussi en tête une fausse image du groupe. Avec ce nom rigolo et ce petit personnage utilisé comme logo sur les pochettes (sorte de cousin américain de nos Andy et Gina) donnent forcément l’image d’un groupe à prendre au second degré. Rapidement, les morceaux révèlent plus de profondeur que prévu. Des structures parfois complexes se laissent entendre même si on reste sur du rock lourd à vocation efficace immédiatement. Des compositions qui ne sont pas sans rappeler Suicidal Tendencies. La basse étant toutefois moins mise en avant, mais les soli de guitare également bien exécutés.
Le chanteur du groupe est très en forme, malgré un atèle à son bras gauche.
Il multiplie les interventions, s’essayant même au français et exprime sa satisfaction de jouer ici ce soir. Il déclame ses textes d’une voix puissante. Cette date fait partie des trois programmées en France (en plus de Nancy et du Hellfest) au cœur d’une tournée « best-of » puisque le dernier album en date est snobé. En effet, aucune trace des dernières compos mais grosse rasade d’America’s Least Wanted, leur plus gros succès de 1992. Ils joueront 18 chansons en environ 1h30? ponctuées de quelques ballades (Mr Recordman, chanté par le guitariste). Ou cette reprise de Cats in the Craddle (d’Harry Chapin). Et surtout d’Ace of Spades, hommage à Motörhead.
Considéré comme un groupe métal, leur son apparaît pourtant beaucoup plus ouvert et semble pouvoir convenir à un public large
Le quintet de Whitfield Crane, bien que ses membres approchent tous de la cinquantaine, a encore de l’énergie à revendre et une vraie empathie pour leur public. Faisant même monter deux petites filles chanter les dernières lignes d' »I Hate Everything About You ». Une bonne côte de sympathie qu’ils auront sans doute renforcée ce soir devant un public conquis. Le public a parfaitement réagi aux injonctions des Californiens, reprenant en chœur des refrains entiers ou faisant la ola dès que l’occasion se présentait. Un groupe qui ne paie pas de mine, néanmoins qui sait clairement mettre une bonne ambiance.