
Comme l’année précédente la soirée d’ouverture du festival Wazemmes l’Accordéon s’aventure dans la salle du Grand Sud soit légèrement en dehors du quartier qui donne le nom à ce festival. Le plateau proposé est intéressant : Zoufris Maracas et Soviet Suprem. Deux formations festives pour Wazemmes l’Accordéon, qui, au-delà de ce point commun vont nous offrir des prestations variées jusqu’à minuit.
On commence par Zoufris Maracas, un groupe qui tourne beaucoup actuellement et que l’on avait déjà pu voir lors du festival Les Enchanteurs et qui revient donc dans la région ouvrir ce soir pour le Soviet Suprem. Il y a déjà beaucoup de monde pour entendre ce groupe qui mélange les sonorités chaudes d’inspiration caribéennes ou sud-américaines à des textes engagés. Au programme des Sétois : un peu d’utopie (« J’aime pas travailler », « Cocagne »), quelques invitations au voyage (« Pacifique ») et pour soutenir le propos, une section cuivre mise en avant et même quelques notes d’accordéon (c’est la moindre des choses vu le nom du festival) et des lumières vives. On trouvera aussi une critique récurrente de la société de consommation (« Les cons », « Bois bourgeois »). Ils dédient également une de leurs chansons (« Chienne de vie ») à Nuit debout, un mouvement qu’ils sont allés soutenir la veille, place de la République. Le tout est rafraîchissant même si c’est un peu répétitif. On se retrouve devant un groupe festif typique, mélangeant avec plus ou moins de bonheur les rythmes exotiques et des revendications sociales. En tout cas, ils auront une heure trente pour se faire entendre en interprétant une vingtaine de chansons piochées dans leurs deux albums. Les Zoufris Maracas seront très présents cet été lors des festivals où ils devraient beaucoup plaire.
On passe ensuite au second groupe à l’affiche, le Soviet Suprem. Contrairement à leurs prédécesseurs, ils viennent avec une identité visuelle forte (un petit personnage dont le visage est constitué d’une faucille et d’un marteau…. sous fond rouge bien évidemment). Les deux chanteurs, John Lénine et Sylvester Staline, sont eux-mêmes déguisés avec des costumes dignes de la grande époque de l’armée rouge. C’est d’ailleurs le bien nommé « Red Army » qui lance les débats. Enfin, débats, pas vraiment, car les deux lascars ont surtout retenu le côté autoritaire de l’URSS. Ainsi, le public, encore très nombreux malgré l’heure un peu avancée, est menacé du goulag s’il n’applaudit pas suffisamment. Mais n’ayez aucune crainte, car comme pour Zoufris Maracas le spectacle est suffisamment enthousiasmant pour que le groupe n’ait pas à mettre sa menace à exécution. Le mélange de hip-hop et de musique d’Europe de l’est est idéal. D’ailleurs, comme pour Zoufris Maracas, les Soviet Suprem ont des choses à dire et vont montrer pendant une heure trente qu’ils maîtrisent parfaitement le vocabulaire soviétique. Le public raffole et ce n’est pas simplement un réflexe conditionné (comme le groupe le décrit dans « Chiens de Pavlov »). La foule prend la formule des Soviet Suprem au mot et décide de participer avec eux à la révolution du dancefloor (« Soviet Suprem Party », « Bolchoï »). Cela ne les empêche pas de déverser leur programme politique résumé en un percutant « Sexe, Accordéon et Vodka ». Et vue l’humeur du public, de nouveaux membres auront été recruté ce soir. Ils ne se privent toutefois pas aussi de nous parler d’amour (« Rongrakatikatong », « Slow Slavic ») afin de mieux nous convaincre de les aider à envahir les États-Unis (« Eastern Western »).
Et pour concilier les deux tendances proposées ce soir, les deux groupes se rejoignent sur scène pour y baisser le « Rideau de fer ». En programmant ces deux formations, le festival « Wazemmes l’Accordéon » s’est assuré un démarrage parfait.
À noter que cette soirée de Wazemmes l’Accordéon rentrait dans le cadre d’une soirée proposée par le Magazine Francofans et le Terrier Productions.