
Le 16 juin prochain sortira l’album « I Can Change” de Readymade FC !
I can change c’est ce titre programmatique que ReadyMade FC a choisi pour revenir au premier plan, tel un diapason qui donne le ton et sonne comme une déclaration d’intention pour celui qui n’avait plus envoyé de nouvelles depuis tant d’années.
I can change, une affirmation donc, qu’il traduit par une question:« Comment faire évoluer sa musique tout en étant reconnaissable?». Il y répond en posant sa singulière signature sur de multiples pistes, dont le bout à bout trace une forme d’autoportrait d’un musicien pétri de paradoxes, ceux-là mêmes qui ont nourri sa créativité depuis tant d’années.
Le jeune Jean-Philippe Verdin trouve sa voix au sortir des années 1980. Tout d’abord à Berlin Ouest, où incorporé dans l’armée, il découvre l’underground berlinois boosté de beats et basses. Puis à Paris où Philippe Cohen-Solal, futur concepteur de Gotan Project, l’embarque dans une rave à la fac de Jussieu.
C’était parti : le lendemain, il cesse toute activité dans la pop et bientôt s’achète un séquencer Atari afin de commencer à mettre les doigts dans les machines tout en bossant comme graphiste et directeur artistique. L’ex-élève de l’Ecole nationale supérieure de Paris-Cergy se choisit pour nom de scène Readymade, double clin d’œil à sa formation dans les arts et au fait que les DJ et producteurs ne montraient pas leurs têtes. «Comme une manière de dire que la musique électronique est une œuvre d’art qui n’en est pas tout en étant.», ironise cet autodidacte multi-instrumentiste, érudit fan des pianiste Bud Powel et Al Haig. Il ajoutera le FC lorsqu’au moment de sortir son premier maxi découvrira qu’un groupe de power pop allemand avait déjà pris le nom. C’est le début d’une ascension où il atteint une renommée internationale (il partage la scène avec Underworld, Roÿksopp, Carl Craig, travaille avec David Sylvian…) tout en étant sollicité par de grands noms de la scène française (Etienne Daho, Jacno, Alain Chamfort, et plus tard Michel Delpech dont il signera en tant que réalisateur un disque synonyme de renaissance).
Après un deuxième album Flexion /F.Me, qui regroupe les bandes-son réalisées pour un défilé pour Dior, agrémentées d’inédits et d’un texte signé du couturier Hedi Slimane), il rejoint Peacefrog, label de qualité sur lequel paraît Babilonia, où les voix (Feist, Yaël Naim, et la sienne pour la première fois) ont comme toujours chez lui leurs mots à dire. Dès lors, adoptant un nouveau surnom (Akzidenzgrotesk, tout en programme en soi), réalisant nombre de bandes originales (pour des films grand public à commencer par Lol) et couturant le son pour des voix (Barbara Carlotti, Daphné, Hubert Mounnier, La grande Sophie ou encore récemment Charles Pasi sur Blue Note), ReadyMade FC disparaît peu à peu des radars pour œuvrer désormais en souterrain. Comme il rit: «La dernière fois qu’on m’a vu c’était chez Michel Drucker. C’est le grand écart !» Le revoilà donc après des années d’absence, et non de silence, avec un nouvel album qui persiste et signe dans cette voix, à mi-chemin entre la pop sophistiquée et l’expérimentation aux confins de l’abstrait, entre l’improvisation qui suspend le temps et une mise en son à la seconde près, entre ternaire et binaire, cet élément rythmique fondamental pour celui traque depuis toujours le bon vieux swing. Toutes choses qui font le grain de ce recueil, bizarre et décadré, avec des ouvertures dans tous les sens, comme autant de défis à la sacro-sainte loi des catégories. Au fil des titres de ce qui n’est ni une collection de chansons, ni un album conceptuel, on retrouve à ses côtés des voix tout aussi singulières.
Visionnez le clip The Light At The End of The Tunnel feat. Queen Kaltoum
Photo : Stephane Gallois