On avait laissé Anna Aaron dans l’environnement sylvestre et tellurique de Dogs In Spirit (Two Gentlemen, 2011).
Un monde de tumultes intérieurs, de pulsations primordiales et de contemplations mystiques entrelaçant un premier album par Anna Aaron d’une force renversante à la beauté quasi-vénéneuse.
Après avoir interprété les trois titres vocaux du dernier album d’Erik Truffaz, El Tiempo de la Revolución (Blue Note, 2012), la chanteuse bâloise Anna Aaron ressort du bois avec NEURO.
C’est à l’orée d’un univers que l’on devine toujours aussi hanté, dense, sombre et tortueux. Si la signature vocale et mélodique ainsi que le piano restent souverains, Anna Aaron a su croître artistiquement autour de ces pôles magnétiques, bien au-delà des attentes.
Magnifiquement produit par David Kosten (Faultline, Bat For Lashes, Guillemots), servi par la frappe de Jason Cooper (batteur de The Cure) et la science instrumentale de l’artiste Ben Christophers, NEURO visite des confins inédits, là où l’organique se fait immatériel, et questionne les frontières de la perception.
« Avant, tout ce qui n’était pas physique était spirituel. Aujourd’hui, tout ce qui n’est pas physique est digital. C’est un peu comme si l’univers numérique avait sa propre mystique », explique-t-elle.
À la source de ce deuxième album, la lecture de Neuromancer de William Gibson, ouvrage culte de la littérature de science-fiction datant de 1984, qui a énormément influencé les concepts et le lexique de l’ère internet. Anna Aaron en a fait son terreau créatif, et les morceaux ont poussé, presque d’eux-mêmes, gorgés d’un fluide nouveau.
« Pour moi, la beauté est essentielle. Je la bois comme un homme mourant de soif dans le désert », souffle-t-elle lorsqu’elle évoque le phénomène insaisissable de l’inspiration.
En bout de lecture, NEURO s’affirme comme une oeuvre à la recherche d’absolu, la matérialisation bouleversante d’une quête sans fin.
Notez qu’Anna Aaron sera en concert le 20 mars 2014 chez notre partenaire La Péniche (Lille).
Site : annaaaron.fr