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Chronique

23 septembre 2017 - par L'équipe

Melanie De Biasio, peint un nouvel album : Lilies4 min. de lecture

Melanie De Biasio vient et s’en va, comme un courant d’air, dans le nouvel opus Lilies

La petite voix intérieure qui nous invite à ne pas laisser filer nos rêves, à ne pas perdre de vue l’essentiel. Paru en juin 2017, le titre Gold junkies, constituait un premier avant-goût de Lilies, le nouvel album de Melanie De Biasio (vue au Tourcoing jazz Festival en 2014 et à l’Aéronef de Lille la même année), artiste et flûtiste belge qui paraîtra le 6 octobre 2017. Un projet lié intimement à Blackened Cities, une pièce imprévue de 24 minutes parue en 2016.

Difficile de ne pas ressentir le souffle vital, les respirations profondes et les échos peuplant les chansons de Melanie.

Donner de la consistance à l’air était le leitmotiv de Lilies.

Ses morceaux procurent bien plus qu’une douce brise. Ils sont ancrés dans l’émotion de l’instant, portés par le chant habité, la voix souple et magnétique de son auteure-compositrice-interprète de 39 ans, ils touchent l’auditeur au plus intime. Cet univers défiant les lois de la pesanteur et des genres avait déjà fait grand bruit en 2013. Entre whisper jazz, blues, trip-hop céleste et pop atmosphérique. De Bruxelles, Paris et Londres jusqu’aux et à l’Australie.

No Deal, le second album de l’artiste belge, avait suscité une pluie d’éloges, de récompenses et de précieuses rencontres. Des portes se sont ouvertes. La dimension cinématographique de sa musique s’est pleinement révélée. Récemment, dans l’une des bandes-annonces du blockbuster Alien : Covenant, magnifiquement rythmée par sa chanson I feel for you (version remixée par Eels). Par ailleurs, la Belge a renoué des liens avec des artistes d’horizons divers, parmi lesquels, le groupe britannique The Cinematic Orchestra.

Cela étant, Melanie De Biasio garde la tête sur les épaules et sa ligne propre

Ni grosse production, ni même producteur renommé sur Lilies. Elle a préféré une fois encore, garder les rênes de la réalisation. le processus de la création, elle l’a voulu hyper intime. L’album est enregistré à la maison. dans le studio de Pascal Paulus. l’un de ses fidèles compagnons musicaux, qui coréalise ce quatrième opus. Avec peu de matériel et des micros bon marché.

J’avais envie de me mettre sur un fil. Comment est-ce que je sonne dans ces conditions ? Suis-je toujours aussi créative sans technologie ? Ma quête tient en une question. Comment cultiver l’art du vivant ?

C’est ce que propose la chanteuse, au diapason de ses prestations scéniques, très intuitives et organiques. Résultat : beaucoup de premières prises et peu de coupes.

On prend tout ou rien. Pas de chipotage.

Pour le mixage, elle s’adresse à l’Australienne Catherine Marks, sur les conseils convergents d’Arno, de Philip Selway (Radiohead) et du producteur John Parish. Trois de ces grands noms touchés par la force de No deal et de Blackened Cities.

Melanie De Biasio et la poésie

On sait que la chanteuse use volontiers de mots-clés et d’images pour esquisser son style musical (espace, velours, silence, violet, écho). Avec le nouvel album, d’autres touches s’ajoutent à la palette : intime, moite, chaud. Même, et encore plus dans ses moments de grand dépouillement et profond ralenti, Lilies grouille de vie. Froissements, chuchotements, halètements, pulsations feutrées, instruments libérés. La mélodie de la chanson éponyme, piano-voix fantomatique, s’étire avec une douceur infinie.

Celle de l’ensorcelant Afro Blue volette gracieusement sur une rythmique hypnotique, effleurant des bruines de piano et de flûte. Dans And my heart goes on, parlando émanant des ténèbres, melanie explore de nouveaux recoins graves, de sa voix. L’a cappella Sitting in the Stairwell témoigne de son amour du blues ancestral.

Au fil de Lilies, errent des âmes déboussolées

Pas nécessairement par le désespoir amoureux.

L’autre invoqué dans les chansons peut être un homme, une femme, mais aussi une situation, notre part d’ombre, notre soi.

Il est vain de vouloir changer l’autre ou se changer soi-même. Par contre, l’espoir naît quand on porte son attention sur la relation que l’on a avec l’autre, avec soi, avec un événement. Cette réflexion est au cœur de ce disque. Notamment dans Lilies, And my heart goes on et Your freedom is the end of me (second extrait, dont le clip a été coréalisé par Melanie et Yves Kuper).

En attendant, Melanie a renoué avec Charleroi

Il s’agit de sa ville natale, qu’elle avait quittée à l’âge de 18 ans. En avril, elle a acquis l’ancien consulat d’Italie. Dans cette grande bâtisse chargée d’histoire où elle emménage petit à petit, elle va déployer un foyer de création, destiné à accueillir des artistes tous azimuts. Une belle manière de participer au déploiement de cette blackened city qu’elle chérit.

Elle sera en concert les 17 et 18 décembre 2017 à l’Ancienne Belgique à Bruxelles !

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