Après quatre ans d’absence, les anciens membres de General Lee se sont retrouvés pour former Junon. Petit entretien avec Arnaud, le chanteur, pour en savoir plus.
On vous a quitté il y a un peu plus de quatre ans avec General Lee. Comment avez-vous formé ce nouveau groupe ? Il y a plusieurs membres communs à ces deux formations, je crois ?
Oui en effet c’était en juin 2016 avec notre dernier concert au club de l’Aéronef de Lille. Un split que l’on croyait définitif et qui s’est lentement transformé en pause à durée indéterminée, plus que nécessaire afin de recharger les batteries et retrouver l’envie de cramer de nouveau des amplis après 15 ans d’activité non-stop. Jusque 2019 chacun a fait ses trucs de son côté: Fabien (guitare) a monté The Third Eye rejoint rapidement par Vincent (basse) pour devenir Yarotz, Alex (guitare) a rejoint Unswabbed et a monté QueenAres, quant à moi j’avais totalement laissé tomber la musique. Puis ce qui devait arriver arriva…
On est la même bande de six copains, on se connait quasiment tous depuis 15-20 ans, donc se retrouver dans la même pièce et composer commençait à sacrément nous manquer. Après quelques échanges d’e-mails avec de nouveaux riffs de guitares puis des tentatives pour caler de répétitions – alors que l’on est tous dispatchés dans la France – entre le Nord, Les Landes et Nantes – on a enfin réussi à se libérer du temps pour le groupe et tout s’est enchainé depuis…pour notre plus grand bonheur et ce malgré la période bien compliquée que nous vivons tous depuis mars dernier.
Vous revenez avec un clip particulièrement esthétique (Carcosa). Pouvez-vous nous dire dans quelles conditions il a été tourné et qui l’a réalisé ?
Il nous tenait vraiment à cœur de revenir avec un beau clip sous le bras et nous avons eu la chance d’avoir Eloi Casellas & Eric Motjer une équipe de tournage solide et motivée derrière nous et prête à faire le déplacement d’Espagne. Cerise sur le gâteau, notre vieux copain Loïc Leclercq était disponible pour bosser sur la lumière.
Il nous restait plus qu‘ à trouver le lieu idéal. Suite à une idée lumineuse de nos copains des 4 Écluses de Dunkerque lors de notre résidence chez eux, nous avons demandé à l’équipe du FRAC (Fonds régionaux d’art contemporain) de Dunkerque si nous pouvions utiliser la salle du Belvédère, au dernier étage du bâtiment. Ils ont accepté immédiatement, chanceux que nous sommes.
Le texte de Carcosa est tiré de la nouvelle » The King in Yellow « de Robert W. Chambers, publié en 1895 dont on peut retrouver de nombreuses références dans la première et excellente saison de la série « True Detective » et dans quelques nouvelles de HP Lovecraft que j’apprécie beaucoup. Carcosa serait une cité maudite située dans un autre espace-temps et considérée comme un lieu de culte dans lequel des rituels macabres et des sacrifices rituels ont été exécutés.
Tourner dans le Belvédère nous a permis de profiter de toutes ses nuances de lumières et de couleurs avec sa verrière donnant sur la mer et sa vue magnifique du coucher de soleil. Nous avons pu jouer avec les nuances et les extrêmes en termes de lumières afin de représenter les différentes phases mentales d’une personne embrigadée dans une secte. Le processus psychologique de conversion est progressif et la superposition des images bleu et jaune représente cette dualité psychologique et ce passage d’un extrême à l’autre, du monde réel à celui de Carcosa.
Les super retours sur le clip nous confortent dans le choix de Carcosa comme premier single. Ce n’était pas le plus évident, mais nous tenions à marquer une évolution par rapport à General Lee avec ce refrain en voix claire et ce rythme plus martial. D’ailleurs, on tenait encore à remercier Élodie Sawicz et Romain Richez de l’Agence Singularités pour le gros coup de main promotionnel pour la sortie du clip et de l’EP.
Votre actualité immédiate c’est ce premier EP sous votre nouveau nom Junon, The Shadow Lengthen comprenant quatre titres. Où l’avez-vous enregistré ?
« The Shadows Lengthen », a été enregistré, mixé et masterisé par les bons soins de notre grand copain Clément Decrock du Boss Hog Studio, premier batteur de General Lee et qui a quasiment enregistré tous nos titres depuis le début du groupe. Nous avions que trois jours pour mettre tout en boite donc on a enchainé les journées de 15 heures comme à la bonne époque pour être dans les temps. « Junon » est le premier titre que Clément a réalisé en totalité en 2002 et notre premier EP sera certainement la dernière production qu’il aura produite de A à Z. La boucle est bouclée.
Nous sommes extrêmement reconnaissants pour la masse de travail abattue durant toutes ces années au service du Hard, le tout avec le sourire et son humour légendaire. L’EP sort le 9 février en format digital dans un premier temps puis on espère pouvoir le sortir dans une belle version vinyle. Nous sommes en autoproduction pour le moment, mais nous ne désespérons pas d’intéresser un label sur cette sortie ou pour la suite de Junon. En tous cas on est impatients d’avoir des retours sur le EP de personnes qui suivaient General Lee et de ceux qui vont nous découvrir.
Avez-vous déjà commencé à composer d’autres titres ? Un album complet est-il en préparation ?
Martin (guitare) est pas mal inspiré depuis le début de Junon et nous envoie un paquet de riffs sur lesquels bosser. On doit régulièrement freiner son élan, car sinon on va finir avec un triple album conceptuel (rires). Vu la situation on va certainement continuer à bosser à distance par démos interposées où chacun va ajouter ses idées puis on programmera quelques répètes pour dégrossir le tout et passer du bon temps ensemble.
Nous verrons dans quelle direction iront ses nouveaux morceaux, mais il y a fort à parier que ce sera dans la veine des titres du EP, un mix de tout ce que l’on aimait jouer des General Lee : des explosions hardcore, des envolées post-rock, de la mélancolie et un gros travail sur les mélodies avec les trois guitares.
Pour ma part, je vous continuer d’essayer des choses différentes au chant… Je ne me considère absolument pas comme un chanteur. J’ai tout appris sur le tas pour ne pas me flinguer la voix et j’apprécie de plus en plus ces passages plus posés dans les nouveaux titres même si je manque encore de confiance à ce niveau.
J’ai quasiment improvisé les parties de chants clairs en studios vu que j’ai manqué de temps pour les bosser sérieusement en répétitions. De plus, Fabien (guitare) et Vincent (Basse) se sont mis au micro dans Yarotz – quand vous entendez le malin dans les nouveaux titres ce sont eux (rires) – et ça nous permettra de composer des titres plus variés.
La crise sanitaire actuelle perturbe fortement la vie des artistes. Avez-vous tout de même des projets dans un futur proche ?
Nous ne sommes pas inquiets pour nous, car nous faisons de la musique en amateurs et nous avons tous des boulots sur le côté. Le seul sentiment que l’on puisse avoir c’est une impatience grandissante de remonter sur scène puis de retourner en studio pour enregistrer l’album. Par contre, on a un paquet de copains – copines qui bossent dans la musique en tant que programmateurs, bookers, techniciens, intermittents qui se sont retrouvés depuis mars dans une situation bien compliquée. On est de tout cœur avec eux en attendant des jours meilleurs.
Programmez-vous déjà des dates dans l’éventualité d’une reprise des concerts ?
Absolument aucune date n’est programmée officiellement pour le moment. On a failli faire un premier showcase chez nos copains de l’Arc-en-Ciel de Liévin pour clôturer notre résidence là-bas, mais à la dernière minute on a du le faire sauter cause Covid. Par contre dès que la situation redeviendra normale je suis sûr que quelques dates sympas, en région pour le moment, vont tomber.
On se voit très mal jouer devant des gens assis et masqués ou faire des directs en ligne. Ce serait vraiment déstabilisant, car on a besoin de l’énergie de la fosse pour envoyer le maximum. Peut-être que nous n’aurons pas le choix… Si c’est le cas, on ira se planquer dans les montagnes comme Iron Maiden pour organiser des concerts pirates avec de vraies gens dedans (rires).
Une chanson de General Lee s’intitulait Junon. Est-ce qu’une chanson de Junon s’appellera General Lee ?
Tu sais que faire un truc comme ça pourrait faire exploser l’univers ? Ce serait comme taper google dans Google. Merci pour l’interview et pour le soutien.