
Du bouche-à-oreille, ou plutôt du son au corps et à l’esprit, comme celui vécu durant le Heartbeats festival, le duo You Man s’impose comme la nouvelle sensation électro de la région.
De leur prestation de DJ’s gourou hypnotiseurs, à leur créativité démultipliée (entre les compositions, les remixes et les idées lumineuses enrichissant l’attrait), le binôme You MAN combine tel un polynôme. C’est donc d’une logique mathématique que l’entrevue avec Tepat Huleux et Giac Di Falco, complices depuis deux décennies, s’est déroulée à domicile.
Comme dans une scène cinématographique d’un hypothétique biopic sur la House Music 2.0, ils ont répondu, enthousiastes, à mes questions pour Ça C’est Culte. La ville de Lille, à l’instar de Manchester (à la fin des années 1980), en lice pour le nouveau Summer of love ? Entretien réalisé par Josse JUILIEN.
Comment s’est passée la rencontre avec le label lillois : Alpage ? Vous êtes allé vers eux ? Où ils sont venus vers vous ?
Giac : On est allé chacun l’un vers l’autre ! (Rire général)
Comme un coup de foudre ?
Giac : En fait, on se connaissait un peu tous de vue, on se croisait dans les soirées avec Vincent (NDLR : Vincent Thiéron aka Marklion) qui venait de créer le label. Et comme avec Tepat, on venait de construire quelque chose de nouveau avec You Man, on s’est dit çà serait cool de voir ce qui s’y passe, surtout que l’on avait besoin d’être boosté…
Tepat : On avait fait écouter à Vincent quelques morceaux auparavant, mais comme il hésitait et qu’on avait contacté d’autres labels, on luit a dit « dépêche-toi ! » et là il a signé le truc. Le label est très éclectique.
Giac : Depuis ces deux années, on a appris à se connaître, ce n’est d’autant plus cool que tous les artistes qui sont chez eux, c’est ce que j’écoute. On s’entend super bien et on se retrouve régulièrement pour faire l’Alpage Night (NDLR : Soirée qui réunit tous les protagonistes sur un plateau).
Après deux EP (Restless sorti en octobre 2013 et Birdcage en octobre 2014), est-ce qu’un album est prévu ?
Tepat : Oui c’est prévu pour début 2017, le temps de finir de le produire. On a déjà quelques morceaux, et ce que l’on veut, c’est avoir une homogénéité dans l’ensemble.
Giac : Et se faire plaisir aussi ! Enregistrer un album comme on les aime, avec des titres qu’e lon puisse écouter chez soi, en club, pour danser ou même s’endormir.
Quand j’écoute « The Indian Summer», j’entends le son des premiers Daft Punk fusionné avec Tiga, notamment pour la voix trafiquée d’Antoine Pesle, peut-on parler d’influence ?
Giac : Les premiers contacts que j’ai eus avec la musique électronique ont été avec «Homework», donc oui grosse influence Daft Punk. Avant on écoutait Rage Against The Machine, on jouait de la gratte.. et est arrivé aussi The Chemical Brothers, qui reste sans doute encore plus fortement imprégné dans notre inspiration.
Pour vous faire une idée du potentiel de leur « House music » sensuelle et mystique, découvrez le fascinant clip érotico-animé de «The Indian Summer»
Ce soir vous jouez au magazine Club sous la formule DJ sets , est-ce qu’il existe déjà une formule set live de You Man ?
Tepat : Oui, on en a déjà fait, contrôlés par ordinateur où on enchaînait nos morceaux de façon un peu triturés. Maintenant qu’on vient de signer avec l’agence de Booking Super ! Mon amour (NDLR : qui compte parmi leur écurie des noms prestigieux comme M83 ou Aphex Twin), on est justement en train de tout revoir pour un vrai live, avec une grande place laissée à l’improvisation.
Giac : On va réviser aussi la scénographie, à l’aide de jeu de lumière qui immergera le public, mais on n’est pas porté sur les écrans vidéos qui le canalisent trop… Un peu à la bonne franquette tu vois !
Oui un peu comme avec le « jeu de la chasse au vinyle » que j’ai pu voir sur la toile, vous êtes joueur ?
Giac : Le « Vinyl Hunt », c’est rigolo, c’est une idée que l’on avait eue avec un précédent projet, à l’époque où il n’ y avait pas encore le phénomène des réseaux sociaux.
Tepat : ça avait plutôt bien marché, enfin surtout à Lille. Et là, avec internet et nos connaissances qui voyagent beaucoup, on s’est dit que l’on pouvait se permettre d’en mettre un peu partout, San Francisco, New York, Tokyo,.. À Lille, les deux vinyles ont été trouvés en même pas deux heures !
C’est quelque chose que vous allez perdurer ?
Giac Non, car déjà il ne nous reste que très peu de vinyles (celui du premier EP RESTLESS !)
Tepat: Une petite dizaine et puis après toute bonne chose a une fin. On essaiera de trouver une autre idée…
Giac : On a aussi notre jeu « Giftracker » sur notre site youman.eu. On peut y remixer « Birdcage » sur des boucles animées.
D’ailleurs, vous avez des dons de remixeurs, vous l’avez encore prouvé récemment avec le remix fait pour We Are Enfant Terrible et sa ligne de basse incroyable !
Giac : Oh tu trouves que l’on a des dons !? En fait, ça compte pour nous d’utiliser de vrais instruments !
Tepat : C’est leur ligne de basse que l’on a cassée et recomposée avec un son de basse à nous. Au final, c’est du découpage, remontage, à l’ancienne.
Giac : Le côté laborieux sert aussi la créativité…
Existe-t-il un groupe ou artiste que vous aimeriez remixer dans l’absolu ?
Long silence
Giac: Ceux qui seront d’accord (éclat de rire). On est assez ouvert sur la scène pop, tant qu’il y a une ligne mélodique ou même voix. Pas spécialement des artistes connus finalement.
Tepat : Et puis si on a envie de remixer Gwen Stefani par exemple, tu trouves les a capella sur le net. Mais après ça nous ferait plaisir, évidemment, qu’il y ait de gros noms qui nous demandent… Jean-Michel Jarre (Ils le citent ensemble).
J’ai le sentiment que la scène électro lilloise, au sens large, est de plus en plus prolifique et talentueuse. Êtes-vous d’accord avec moi, ou suis-je juste en train de fantasmer ?
Giac : Alors je ne sais pas si c’est un fantasme (complice) mais j’ai rencontré un gars à Bruxelles la semaine dernière qui me demandait comment c’était Lille. Et je lui ai répondu : «écoute, on ressent de plus en plus que Lille est au carrefour de Londres, Paris et Bruxelles» !
Tepat : J’ai du mal à prendre du recul avec ça, car on ne fréquente quasiment que des musiciens, dont plein de potes qui font des trucs vachement bien. Et il y a six ou sept labels actifs sur Lille en ce moment. Mais chaque ville a aussi son lot de musiciens… Mais c’est vrai qu’on se sent bien soutenu dans la région.
Giac : moi personnellement j’ai un peu le même ressentiment, qu’il se passe quelque chose de cool ici oui ! (Rire enjoué)
Avec votre bon karma, auriez-vous un message à passer ?
Giac : Écoute, c’était en décembre dernier, après avoir joué à Saint-Sauveur, il y a un jeune couple, genre 18 ans à peine, qui sont venus nous voir après le set avec la joie dans les yeux, pour nous dire Merci pour Birdcage : C’est le morceau sur lequel on a fait l’amour la première fois.
Voilà qui prouve (et trouble même) que les ondes musicales de You Man sonnent aussi comme une « Human » révélation. Pour la consécration on se donne rendez-vous avec l’album en 2017. En attendant celle-ci, vous pouvez suivre leur évolution sur leur site www.you-man.eu. Retrouvez la passion de danser en écoutant leurs sensorielles productions, et rendez-vous à leur prochaine communication sonore et visuelle. La germination You Man a commencé et elle n’est pas prête de s’arrêter.