Pierre-François Blanchard, pianiste et compositeur reconnu pour sa sensibilité musicale et ses explorations audacieuses, se produira sur la scène prestigieuse de l’Opéra de Lille le 26 février en coproduction avec le Tourcoing Jazz Event.

Entre musique classique, jazz et créations contemporaines, l’artiste (voir les articles) tisse un univers singulier, empreint d’émotion et de finesse.

À l’approche de ce concert, Pierre-François Blanchard nous ouvre les portes de son processus créatif, partage ses inspirations et nous livre quelques confidences sur ce spectacle tant attendu.

Propos recueillis par Céline Galant.

Votre album #puzzled est né durant la période de confinement. Comment cette période a-t-elle influencé votre processus créatif et la conception de cet album ?
Le confinement a pour moi été une période de révélation. Le fait que le monde s’arrête m’a permis de réaliser que le lien le plus proche que j’avais à « l’intériorité » se faisait à travers l’écriture musicale, la composition.
C’est l’espace que le confinement a donné qui m’a permis de pleinement me consacrer à l’écriture, et écrire ce premier album. C’était comme une fontaine magique. J’écrivais un morceau par jour pendant les trois premières semaines.

Vous avez collaboré avec des artistes tels que Pierre Barouh, Archie Shepp et Raphaël Imbert. Comment ces rencontres ont-elles façonné votre parcours musical et influencé votre travail sur #puzzled ? 

J’aime à dire que dans mon parcours, j’ai quatre points cardinaux en les personnes de Pierre Barouh, Archie Shepp, Raphaël Imbert et Marion Rampal.

Pierre Barouh est définitivement mon premier maestro, qui m’a enseigné le lien éthique aux choses ; ce qui est réellement important dans la vie d’un artiste. Il m’a transmis aussi l’art d’accompagner un chanteur, d’écouter les mots, jouer très simplement. Sa poésie m’a dès le premier jour bouleversé.

Archie Shepp m’a transmis le feu sacré. Le lien à la spiritualité aussi. Il m’a aussi montré l’importance de la persévérance dans le travail. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi acharné. Archie Shepp, a une vraie vision de la Musique avec également une dimension politique importante.
L’un des plus beaux jours de ma vie d’artiste, a été le concert donné au Barbican Center à Londres, avec l’ensemble gospel. Raphaël Imbert m’a ouvert les portes d’un monde musical, très étendu ou, dès lors que la musique est bonne, – comme disait un certain Duke Ellington –  ressentie, jouée au présent !, tout est permis, tout est ouvert. L’exigence aux bons endroits.

Marion quant à elle, est l’amie essentielle avec qui j’ai créé le label Les Rivières Souterraines, avec qui j’ai collaboré dans de nombreux projets, comme Le Secret (duo) , Tissé, ou le spectacle, tout public, l’île aux Chants Mêlés. C’est avec elle que j’ai construit et développé beaucoup de choses.

Le titre de votre album, #puzzled, évoque la perplexité, mais aussi l’idée de pièces de puzzle s’assemblant. Quelle signification particulière ce titre revêt-il pour vous ?
Ce mot caractérise le faite qu’on ne puisse justement pas caractériser ce que l’on ressent de façon exacte.

Par exemple, il nous est tous arrivé de ressentir de la joie, teintée d’une légère mélancolie. Cette sensation, ambivalente, porte un mot que j’ai trouvé merveilleux qui est : puzzled. Et comme son nom l’indique également, c’est un puzzle !
J’ai trouvé que ce mot caractérisait parfaitement le geste de mon premier album, où je tenais à dévoiler ma « carte du tendre » musicale.

Lors de votre concert à l’Opéra de Lille, à quoi le public peut-il s’attendre en termes de répertoire et d’expérience musicale ?
Nous jouerons les pièces du disque, avec une dimension très importante donnée à l’improvisation. C’est un concert intime, intense, où il est permis de fermer les yeux et d’imaginer.

Comment voyez-vous l’évolution de votre musique dans les années à venir ? Avez-vous des projets ou des collaborations en perspective ?

Je souhaite écrire prochainement le second opus qui sera en trio avec le même kyste et une merveilleuse violoncelliste.
Il me semble important maintenant que le premier album est fait d’encre, mon geste de compositeur et de pianiste dans le long terme, et de poursuivre le travail commencé.

Par ailleurs, j’ai de nombreuses collaborations en cours, notamment avec Archie Shepp, la chanteuse Zaza Fournier (voir le nouveau clip) donc j’ai réalisé le dernier disque – ou encore Raphaël Imbert et le quintette Poetic Ways avec qui nous jouerons accompagné d’un orchestre symphonique pour les 50 ans du festival, les cinq continents à Marseille cet été.

Un petit mot pour les lecteurs de CCC ?
Je serai ravi de vous rencontrer à l’occasion de ce concert à l’Opéra de Lille. Je serai également très heureux de pouvoir vous dédicace mon disque.