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Interview de MASCARADE “On veut bien faire la première partie de Christophe Mae”

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27 mars 2015 - par L'équipe

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Deux semaines après avoir chauffé à blanc le public de l’Aéronef à Lille par un concert fédérateur, en première partie de Little Big, les deux badins rockers me reçoivent chez Jneb à l’issue d’un premier contact sur la toile. La rencontre du deuxième type est des plus enrichissantes, pour l’envers du décor, et a donné lieu à de sacrées vérités formulées par le duo, non sans humour, sur le monde de la musique.

Propos recueillis par Josse JUILIEN.

Alors pour commencer, bravo pour le nom du groupe ! Mascarade non seulement ça sonne bien et c’est rempli de sens et de non sens ! Qui de vous deux est à l’origine du nom ?
Jneb : C’est moi en regardant un groupe de rap…

En plus je crois qu’il n’a jamais été utilisé auparavant ?
Jneb : Si, y a un groupe d’électro, de Lille en plus, qui l’utilise à ma connaissance… Mais en même temps c’est un nom commun. Je ne sais pas pourquoi ils l’ont choisi, mais nous, c’est parce que venant d’un groupe de rock, on s’est dit qu’en déboulant dans le milieu hip-hop toute proportion gardée, les mecs se diront justement : “Tiens c’est quoi cette mascarade !?” On n’arrive pas dans les stéréotypes habituels et comme on vient du rock, on s’est dit aussi que les rockeurs se diront “Putain c’est quoi cette mascarade !?” (rire) entre le flot de morceau plus punk ou rock… La raison pour laquelle on s’est appelé Mascarade aussi, c’est qu’à la base le dénominateur commun entre Jibé et moi c’était d’avancer masqué, grimé. Jibé a fait partie de Marcel durant plus de 20 ans et a toujours été maquillé, grimé. Quant à moi avant Mascarade j’étais toujours masqué (NDLR : durant la carrière solo de Jneb). Et Mascarade c’est un peu l’ancêtre du bal masqué, donc voilà aussi pourquoi on s’est appelé comme ça, mais depuis on a laissé tomber le masque et après coup, on a réalisé que le mot mascarade était une anagramme de camarades au pluriel, ce qui nous a beaucoup plu. Toutes ces raisons nous correspondaient bien en fait !

J’aime beaucoup le nom en tout cas !
Jneb : Merci ! Car ça nous a causé pas mal de tort en fait… On fait relativement pas mal de choix où on se tire une balle dans le pied. Par exemple, il y a pas mal de gens, de radios dont je tairais le nom (rire), qui nous disent “ah ben moi je croyais que c’était une blague parce que ça s’appelle mascarade et qu’il y a un dessin en cartoon !”. Donc c’est vraiment à double tranchant car il y en a certains, je répète, qui ont vraiment cru à une vaste blague !
Jibé : Dû au nom et au visuel dessiné en fait.

Comment s’est créé le projet et votre rencontre ?
Jibé : Justement on est de vieux camarades, on en discutait encore l’autre jour… ça doit faire maintenant 18 ans que l’on se connaît ! On s’est rencontrés il y a 18 ans à l’époque d’une tournée avec Marcel et la Ruda Salka à l’Escapade à Hénin-Beaumont. Jneb était bien pote avec la Ruda, et on s’est retrouvé au bar à faire connaissance, boire des bières, on s’est tapé sur l’épaule ! Puis on est resté pote. Chacun faisait sa petite vie artistique de son côté. Moi j’étais à fond dans Marcel, Jneb lui était à fond dans ses projets puisqu’il fait plein de trucs tout seul : des vidéos, des films en animation, des albums etc.
Jneb : Et j’ai souvent convié Jibé à collaborer sur mes chansons. Il a même composé un titre pour l’un de mes albums, sorti en 2008 (Tout n’est pas rose). Donc voilà, on a toujours eu des affinités humaines (en chœur) et musicales ! Même plus musicale qu’humaine car tu es tout de même un sacré gros con ! (rire) Jibé : Et je te le rends bien ! (rire complice)
Jneb : Jibé venait souvent à la maison boire un café pendant que je lui faisais écouter mes démos. Et puis en septembre 2011, j’en ai eu marre de travailler seul sur mon ordinateur et un samedi après-midi on s’est dit “tiens, – sans faire aucun plan de carrière – on va faire notre premier morceau”. Et ça nous a bien plu, d’autant plus que ça c’est fait de façon assez rapide. J’aimais bien cette collaboration du jeu de ping pong créatif où tu peux rebondir sur l’idée de ton acolyte et vice-versa. Jibé lui, qui vient d’un groupe, où, quand tu veux composer un morceau c’est toujours difficile puisqu’il passe par la main de plusieurs personnes… Tu arrives avec un titre punk et à la fin tu as un morceau de polka de Nouvelle Guinée (rire) alors que nous, on avait  ce côté où l’on respecte l’univers artistique de l’autre. Soit Jibé compose seul, soit je compose seul, soit en compose à deux. C’est comme ça que ça a commencé et comme ça fonctionnait, on a continué. Jibé lui enregistre les disques. On s’est vite retrouvé sur la toile avec un retour positif. Voilà comment est né Mascarade, avec des objectifs un peu plus ambitieux, avec la volonté de faire des concerts, de faire des clips, d’enregistrer des albums etc.
Jibé : C’est venu par la force des choses parce qu’à la base, il n’y avait aucun projet de faire un groupe, ni même de jouer ensemble sur scène, juste passer du temps ensemble de manière agréable et constructive. Aujourd’hui on en est déjà là, un album, et un EP !
Jneb : On a déjà deux disques, le quatorzième clip va bientôt sortir (“Poubelle Star“, découvert lors de cet entretien avec le duo), il est en train de cuir tout doucement (rire).

L’humour et la parodie semblent évidemment primordiales dans la créativité du groupe ?
Jneb : Alors parodie je dirais pas trop car c’est justement ce qu’on essaie d’éviter. Tu vois quand on parlait de Michaël Youn (antérieur à l’interview sur la toile), lui il fait une parodie du hip-hop dans Fatal Bazooka, alors que nous pas du tout c’est plus l’humour mais pas que car on essaie de mettre des ingrédients intrinsèques à chaque style, au hip-hop, encore une fois toute proportion gardée, au punk, au rock… C’est un mélange en fait.
Jibé : Même au niveau des textes ce n’est pas forcément parodique non plus. On raconte des histoires, des tranches de vie, même parfois de la réflexion. On ne taille pas des costards à des gens stéréotypés !

Justement j’ai l’impression que les paroles sont moins innocentes qu’elles voudraient le faire croire, car elles sont même dures par moment.
Jneb : C’est le plus beau compliment que l’on puisse me faire car c’est ce à quoi je veux arriver. Tu sais on a parfois beaucoup de difficulté avec ça car comme tu parles à la première personne du singulier, les gens pensent que c’est ton propos, ton point de vue.

C’est comme une sorte de métaphore ?
Jneb : C’est surtout d’essayer de se placer dans la peau de quelqu’un d’autre en essayant de voir comment, lui, voit les choses. Par exemple, ce n’est pas parce que tu parles du nazisme que tu es nazi ! Alors comme c’est parfois un peu en dessous de la ceinture, on a pu nous taxer de misogyne alors que ce n’est pas du tout le cas. C’est toute la difficulté d’écrire en français, et des choses qui ne sont pas politiquement correctes. Parfois, ce que l’on écrit c’est l’inverse de notre propos, de ce que nous pensons. Mais oui, c’est ce côté à se vouloir second degré humoristique amenant à la réflexion “est-ce que c’est du lard ou du cochon ?”

Sur scène le concept prend toute sa dimension entre l’énergie quasiment punk de la performance et les blagues hilarantes dignes d’un “one man show“. Est-ce celles-ci sont spontanées ou écrites, répétées, à la manière des humoristes ?
Jneb et Jibé synchronisés : Il y a beaucoup d’improvisations.
Jibé : Mais l’idée sur scène est de rester naturel, un peu comme à la ville. Donc si on doit se vanner, on se vanne. Si on doit s’envoyer chier, on s’envoie chier. L’important c’est d’être spontané !

Jneb : Il y a un côté spectacle que l’on revendique mais on n’a pas non plus envie d’aller jusqu’au bout de ça, dans le sens où ça me fait chier de voir toujours la même chose comme dans les tournées de la plupart des groupes, qui reprennent mot pour mot, les gestes, chaque soir. Après cela dépend de la réaction des gens ! Tu peux avoir des “ta gueule !” des “ à poil !” et là dans notre besace on a cinq à six manières de faire les choses. L’idée est vraiment d’être spontané, naturel, généreux. On n’a pas envie de ne pas dire “Bonjour”, “Au revoir”, “Merci”, interagir, communiquer avec les gens. Quand on sait que l’on ne peut pas interagir parce qu’on irait au casse-pipe et bien ce ne sont pas de bons concerts pour nous, même si musicalement ça l’aura fait. Humainement non !
Jibé : On a envie de donner du divertissement et se divertir. On vient sur scène non pas pour se prendre la tête, mais parfois on peut faire réfléchir un peu les gens. On est pas ultra sérieux même si ce que l’on fait, on le fait sérieusement.
Jneb : On a envie de se marrer…on est pas dans l’esprit compétition des choses.

J’ai été marqué par votre revendication d’être un groupe à première partie ! Pouvez-vous nous en dire plus ?
Jneb : Alors ce n’est pas une revendication, c’est surtout une constatation (rire). Justement, on prépare de nouveaux morceaux sur l’envers du décor.

Quels sont les groupes pour qui vous rêveriez de faire la première partie justement ?
Jibé : On s’en fiche un peu pour tout t’avouer. D’ailleurs j’ai même une anecdote, en septembre dernier on faisait la première partie de Parabellum et une semaine après Schultz est mort donc…
Jneb : Peut-être que l’on porte la scoumoune, donc si c’est le cas on veut bien faire la première partie de Christophe Maé ou Michel Sardou, euh…
Jibé : Non pas Frédéric François, je l’aime bien (rire), mon côté 19e siècle…
Jneb : On aime la musique avec un grand M donc on peut très bien ouvrir pour des groupes punk, rock… ou des trucs comme Little Big qui musicalement n’a rien à voir avec nous.

En parlant de Little Big, est-ce que vous faites partie de la génération Youtube à l’instar de leur clip, comme vous les faites aussi “maison”?
Jibé : Oui, car c’est un peu notre vitrine. C’est grâce à Youtube et à Facebook que l’on s’est fait connaitre en publiant nos premiers sons, EP, clips. Alors en faire partie ce n’est pas vraiment de notre âge, mais a fortiori on est obligé, c’est notre média.
Jneb : On reste attaché à l’objet mais tu t’aperçois alors que les gens écoutent de la musique sur Youtube. Puis ce sont des compétences que l’on a. Je fais moi-même les clips car ça m’éclate, ça m’amuse et ça permet de donner du contexte, du supplément au texte.
Jibé : Après c’est un peu comme à l’image de la société : il y a des gens très riches, des gens très pauvres mais entre deux il n’y a plus beaucoup de monde. Sur la scène artistique c’est un peu pareil. Aujourd’hui, tous les jeunes consomment tout un tas de groupes internationaux très connus que l’on voit toute la journée sur la télévision, sur les ondes etc. et après en-dessous il ne reste plus grand chose. Donc, nous comme on n’a pas de maison de disques, de tourneur, on a décidé de tout faire nous-même, et c’est pourquoi on utilise, un peu par défaut, Youtube.

Le dernier EP s’appelle “Rien n’à Foot”et le sujet est exploité de façon ironique. N’avez vous pas peur de vous mettre à dos les footeux fanatiques ?
Jibé : Non parce que quand la coupe du monde arrive, on se transforme, on sort l’écharpe, les maillots etc. À fond pour l’Espagne, La France et puis voilà (rire).

Je m’en doutais (rire)
Jneb : C’est ni pro ni anti foot et c’est surtout prétexte à l’humour. Il y a des choses que j’aime bien dans le foot, l’esprit d’équipe…
Jibé : C’est un peu l’opium du peuple, la religion mondiale !
Jneb : C’est en juin dernier, pendant la coupe du monde, que l’on eu l’envie de sortir une thématique autour du foot. En dix jours on a fait le disque. On a sorti ça, sans vraiment de jeu de mot, sur un coup de tête !

Découvrez l’un des clips : Le Football c’est violand, réalisé à domicile :

 

Le prochain programme c’est “Poubelle Star” ? Un nouvel album en préparation ?
Jneb : Le prochain programme, dans l’idée, c’est de sortir un inédit avec une vidéo par mois pendant un an ! Ce sera une manière de se démarquer.

C’est aussi une manière sympa que l’on vous suive ?
Jibé : Si trente personnes le font c’est parfait !

Quel message auriez-vous envie de laisser pour les lecteurs de Ça C’est Culte ?
Jneb : Essayer de découvrir des groupes. L’outil Internet c’est quand même intéressant parce que quand tu vois que c’est toujours les vingt mêmes groupes programmés dans les festivals d’été, qu’une seule petite poignée de personnes raflent 90% des choses… et ce n’est pas la jalousie qui parle mais un constat. Alors pour en revenir à Internet, si tu as un peu de curiosité, tu peux découvrir plein de super trucs et dans tous les styles.
Jibé : Ça pourrait faire du bien au paf qui le réalise !
Jneb : Oui soutenez, allez voir les petits concerts à 4 euros, achetez les disques de petits groupes. Ne laissez pas la culture s’échapper entre les mains de quelques personnes.

Tout est dit ! Merci Mascarade pour ces messages sans langue de bois amplis de réalisme, d’intégrité, de passion et aussi de folie douce. Ne les ratez pas en concert au BetiZFest à Cambrai le samedi 11 avril 2015 : betizfest.info

Le site : mascaradehip-hopderockers.bandcamp.com

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