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INTERVIEW Julien Marga8 min. de lecture

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10 avril 2015 - par Christine PROTIN

C’est à l’occasion de la sortie du nouvel album Rain Never Surrenders que nous sommes avons rencontré l’artiste de Jazz Julien Marga. Propos recueillis par Christine Protin.

Christine : Julien, nous sommes ravies de présenter dans la rubrique le Cercle de Jazz du site Ça C’est Culte, la sortie du deuxième album de votre quartet Rain Never Surrenders. C’est l’occasion de nous parler de vous et de votre parcours déjà conséquent de musicien…

Julien Marga : Eh bien, j’ai commencé ma formation de musicien assez jeune de façon classique, au saxo d’abord puis en jouant d’un peu de piano. À l’adolescence, j’ai basculé vers la guitare mais d’abord de façon amateur en parallèle de mes études d’ingénieur. Et j’ai fait le choix il y a trois ans d’être musicien à temps complet. Donc j’enseigne, je joue dans plusieurs formations dont mon quartet, j’ai fait le choix de vivre à Bruxelles pour terminer ma formation au conservatoire et j’ai aussi pas mal de projets là-bas.

Vous accompagnez plusieurs formations, vous jouez également au sein du groupe Esprit Gospel. Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer votre propre quartet ? Comment l’aventure a-t-elle commencé ?

C’est un long cheminement. Ça a commencé quand j’ai pris des cours avec mon premier “maître” qui est Andry Ravaloson. On était au départ un trio originaire de la classe de jazz de Lomme et cela a débouché après quelques concerts sur le projet du quartet. On a connu bien sûr des changements de musiciens, pour en arriver à une formule qui fonctionne très bien humainement et musicalement. J’ai donc travaillé avec Tohery et Bara Ravaloson, son oncle. Sur ce nouvel l’album, j’avais envie d’un autre son, mes compositions appelaient autre chose… J’ai eu la chance de rencontrer Franck Dhersin sur un spectacle, le tilt s’est fait tout de suite ! On a vu qu’on communiquait bien musicalement, qu’on avait les mêmes références. À ce moment-là je travaillais sur ce nouvel album et j’étais beaucoup sur le piano… Je me suis dit qu’il me fallait vraiment un pianiste pour pouvoir me concentrer sur la guitare, être en soliste et jouer les mélodies comme je souhaitais les jouer.

Donc tout comme sur le premier album, vous êtes entouré de Tohery et Bara Ravaloson pour la rythmique, auxquels sont venus s’ajouter Franck Dhersin au clavier, des guests comme Arnaud Becaus, Cécile Cuvelier à la voix…

Oui, j’ai la chance de travailler avec des amis : Arnaud qui est le parrain de ma fille, Cécile avec qui je joue déjà dans Esprit Gospel, et qui est vraiment une chanteuse et une personne que j’adore. Franck m’a proposé une composition avec du chant, on avait très envie tous les deux de rajouter cette chanson qui s’intègre parfaitement sur l’album. Et bien sûr Magali Hotton qui est mon épouse ! Arnaud et elle jouent tous deux en invités sur la composition que j’ai écrite pour notre fille. Ça nous a aussi permis d’explorer le talent de Franck à l’accordéon pour donner une couleur un peu différente. Tout ça avec un vrai sens artistique, car tous sont là non pas comme de simples invités, mais pour ajouter leur énergie au sens du projet.

Dans votre musique, on peut sentir plein d’influences très diverses : afro-américaine, malgache, cubaine, vous revendiquez aussi l’esprit du label ECM… D’où vient ce beau mélange d’inspirations ? Quelles musiques, quels musiciens vous ont influencé pour l’album et pour l’artiste que vous êtes ?

Ça vient de 15 ou 20 ans d’écoute intensive de jazz qui m’ont appris à piocher un peu partout ! Pour moi, l’enracinement dans la tradition du jazz afro-américain était important, donc on conserve ces codes-là. Mais je voulais aussi dépasser cela et aller vers d’autres styles plus “modernes” et surtout viser une musique qui soit la plus mélodique possible. J’aime que la musique soit simple, qu’elle permette aux gens à la fin d’un concert de chantonner la musique qu’on a jouée. Là je me dis que j’ai gagné, que j’ai réussi à faire une musique qui les touche simplement. Et ce qui me touche aussi dans l’esprit ECM c’est l’ ”interplay” : ce qui se passe entre les musiciens. Il faut un cadre mais il doit exister des zones de liberté à l’intérieur de celui-ci, qu’on communique entre nous. Vous le verrez en concert, par exemple dans ce super-jeu dans la section rythmique, la complicité entre Franck et Tohery.

Quant aux musiciens qui m’ont influencé, je dirais que le premier choc pour moi ça été d’écouter Pat Metheny : son aspect de composition, son aspect mélodique, lyrique dans ses improvisations. Cela m’a beaucoup parlé. Aujourd’hui je continue à évoluer et je me sens plus proche des guitaristes comme Bill Frisell ou John Scofield. Mais j’écoute aussi beaucoup de… piano ! Et c’est ce qui m’a donné autant envie d’avoir un pianiste dans ce nouveau projet : plus j’avance dans cette musique, plus je ressens les couleurs, et l’impact du piano dans le jazz.

Les illustres noms de guitaristes leaders ne manquent pas (John Mac Laughlin, Pat Metheny, John Scofield…), quelle est la particularité d’un Band dont le leader est le guitariste ? Vous dites vous définir comme le “grand artificier” de votre ensemble…

Pour cet album on est passés sur une équipe bien plus conséquente. J’ai eu le soutien d’Artexox, j’ai eu sept musiciens, deux ingénieurs du son, des réalisateurs pour la bande-annonce… On était parfois douze dans le studio ! C’était extraordinaire de voir tous ces gens présents, toutes ces énergies différentes au service du projet. Et d’où l’impression oui peut-être d’être le grand artificier ! Pour le fait d’être guitariste et leader, je ne pense pas qu’il y ait une particularité, sinon que la personnalité que je veux donner à mon projet. J’arrive avec des compositions, avec une vision claire mais j’essaie de ne pas mettre trop de cadre à mes musiciens, de les laisser assez libres pour qu’ils puissent proposer des choses. Et c’est arrivé sur tous les morceaux de l’album : j’arrivais avec des idées précises et chaque musicien a eu des propositions qui ont dépassé mes espérances ! Chacun est venu mettre son grain de sel, son énergie et c’est comme ça que j’aime travailler.

Par rapport au premier album, celui-ci est plutôt, une continuité, une nouvelle étape, un virage musical ?

Déjà dans le son, c’est radicalement différent. Quand je joue en quartet avec un saxo et une section rythmique, j’ai une dimension d’accompagnement, et dans mes solos la dynamique n’est pas non plus du tout la même. Il y a aussi trois ans qui sont passés entre les deux, avec plus de maturité, ma façon d’écrire qui a évolué. Autant dans le contenu que dans la réalisation, je le vis vraiment comme une nouvelle étape. Même si j’ai voulu garder le même sens mélodique et rythmique qui était déjà là au premier album.

En avril, on vous verra partout en promo, en radio, sur plusieurs scènes dont la fête de sortie d’album du 19 avril à Jazz à Véd’a. Vous jouez dans la région mais aussi à Bruxelles, où vous étudiez le jazz. Comme beaucoup de musiciens de jazz de la région, vous faites le grand écart entre France et Belgique… Fait-on du jazz de la même façon des deux côtés de la frontière ?

Forcément, beaucoup de choses sont identiques. Mais je trouve quand même qu’il y a un attachement plus fort à la tradition, à la culture, aux origines du jazz en Belgique, en tout cas à Bruxelles. Et c’est surtout une scène très vivante ! Il y a de très bons Jazz Clubs avec une programmation internationale. Bruxelles est aussi une très belle zone de rencontres pour beaucoup de musiciens, où beaucoup de clubs permettent de se croiser. Dans le Nord de la France, les lieux ou événements sont beaucoup plus ponctuels (Tourcoing Jazz, Jazz en Nord, les Arcades, Jazz à Véd’a et d’autres). Mais on peut trouver plus de jazz expérimental ici comme avec Muzzix, qui donne aussi une teinte pour les musiciens locaux.

Quelles sont les prochaines étapes et les rêves futurs pour le Julien Marga Quartet ?

Continuer à défendre cette musique et la jouer le plus possible ! Humainement, musicalement, ça fonctionne et j’ai envie que le projet tourne au maximum. Qu’on joue ici, à Bruxelles, à Paris ou à l’autre bout du monde ! L’avantage aussi c’est qu’on a le soutien d’Artevox et de Florent Loiseau avec un premier engagement sur son label naissant. On espère qu’il en appellera beaucoup d’autres. C’est un label qu’on veut développer en ayant à la fois un pôle de musique d‘activité commerciale pour de l’habillage d’antenne par exemple, et avec les droits collectés on peut produire et faire de la création de disques. Au lieu d’avoir une grosse voiture, on préfère produire et faire vivre le jazz dans la région ! Notre rêve, c’est de faire vivre ce label pour jouer et rencontrer le public. C’est pour cela qu’on fait ce métier : jouer et faire vivre nos créations devant le public.

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