
Arras Jazz Festival Couleurs Jazz prend son envol avec de belles rencontres aux couleurs de l’éclectisme. Propos recueillis par Christine Protin.
Evelyn Merlier, vous êtes la nouvelle Présidente de l’Arras Jazz Festival, Couleurs Jazz je vous propose de nous parler du festival Couleurs Jazz en dix mots. Commençons par… « Commencement » :
E.M. : Le commencement de l’Arras Jazz Festival c’était il y a quatre ans, et ça s’appelait Jazz à Guînes. Depuis l’année dernière, le choix de l’appellation Arras Jazz Festival permet une meilleure identification locale et en terme d’événement. C’est aussi un commencement pour moi qui ai pris mes fonctions en début d’année, à la fois sur Couleurs Jazz Ateliers et sur Couleurs Jazz Événements. L’association Couleurs Jazz qui se veut très dynamique, est toujours en recherche de partenariats que ce soit avec d’autres associations arrageoises ou ailleurs dans la région ! Quant au commencement de cette édition, il se fera le 14 mai avec un duo local « Duo Free Songs » qui regroupe Juliette Kapla et Claire Bellamy.
Si je vous dis… « Dates clés » ?
E.M. : L’histoire du festival a connu pas mal de changements, c’est difficile de donner des dates charnières. En fait, tout recommence maintenant. Cette année signe vraiment le renouveau du festival avec une nouvelle équipe et un projet qui va se dessiner sur chaque année, mais aussi sur du long terme.
On continue avec le mot « Envie ».
E.M. : Beaucoup d’envies ! Envie de faire plaisir aux spectateurs, aux amoureux du jazz, aux musiciens qui viennent jouer. Envie de voir l’association s’épanouir davantage. Envie de faire encore plus de découvertes musicales, de continuer à découvrir des pépites chaque jour… Envie de travailler avec cette équipe et cette directrice extra. Envie de davantage de partenariats avec d’autres acteurs culturels. Et bien sûr, envie que ce festival soit une réussite complète !
Le mot suivant va vous plaire… « Rêve » :
E.M. : Le rêve d’un monde parfait ! Le rêve que la musique puisse prendre toute sa part dans la vie des gens, comme un élément essentiel de l’existence, un élément d’épanouissement dans la vie.
Si je vous dis « Soutien » ?
E.M. : Je le verrais de deux façons. Nous qui soutenons, par l’accompagnement des musiciens, notre soutien dans leurs projets, leur montrer que nous aimons ce qu’ils font. Je trouve que les musiciens ne sont pas assez soutenus aujourd’hui et j’ai vraiment envie de pouvoir le faire de façon décente et respectueuse. Nous essaierons vraiment de leur offrir de beaux « écrins » comme l’Hôtel de Guînes ou la salle à l’italienne du Théâtre… L’association se veut aussi présente pour soutenir des actions comme la » Marche pour Liam » un petit garçon handicapé pour lequel nous organisons un concert à titre gratuit pour aider la famille à réunir des fonds. La musique passe aussi par ce type d’actions… Et puis bien sûr, pour pouvoir soutenir, il faut être soutenu ! On est plutôt bien soutenus par la Ville, le Département, la Région. On est soutenus aussi par notre partenaire DiDouDa, partenaire dans la chanson française. Je crois que nous sommes un festival qui a de la chance !
Le mot suivant… « Énergie » !
E.M. : Ah, énergie, il en faut pour un tel projet ! Les enjeux sont importants entre l’aspect éducatif et l’aspect événementiel. Mais c’est une bonne énergie qu’on ne se sent même pas déployer, ou avec bonheur. Le jeu en vaut la chandelle. Et je dois bien avouer, et je le vérifie avec notre directrice, que je trouve qu’il y a une belle énergie chez les femmes !
Si je vous dis « Rencontre »…
E.M. : « Le monde de la musique est vraiment propice à en faire de très belles, dans tous les styles et univers. Les mondes musicaux ne sont pas si fermés que ça et les rencontres qui seront l‘objet de ce festival permettront aux gens de faire aussi de très belles rencontres musicales et humaines à la fois. La musique est vraiment une source de rencontres enrichissantes, pittoresques, singulières… Je pense à celle de Sal la Rocca, contrebassiste belge, qui est un personnage très gentil, un extraordinaire musicien. Cette rencontre a déterminé beaucoup de choses dans ce que je fais aujourd’hui. Je citerais aussi Laurent Brouhon, contrebassiste du WW Quartet, qui a un grand talent et une très belle culture musicale. J’aimerais vraiment que tous les deux soient connus à leur juste valeur. »
On parle d’ »Anecdote » ?
E.M. : Je répondrais : Nico Morelli. Nous étions devenus amis et Nico souhaitait travailler avec moi. Et au moment de la programmation, un collègue a proposé le trio Bex-Morelli-Ladd. Nous n’étions vraiment pas sûrs de leur réponse… Leur oui est venu en vingt minutes ! Quand je suis allée écouter leur projet B2Bill (dédié à Bill Evans) au New Morning, j’ai vu les plus grands jazzmen venus écouter leurs pairs. Ce trio est incroyable. Vouloir les programmer était une évidence.
On ne peut pas éviter le mot « Programmation » !
E.M. : Programmation éclectique ! On aura des choses très différentes comme du slam ou du soundpainting. Cette année, on met aussi la Belgique à l’honneur : avec une journée belge le vendredi 15, qui sera assez festive notamment avec Sal La Rocca entouré de ses super musiciens. La soirée se terminera par un DJ qui mixera les vinyles jazz apportés par le public. Le samedi, notre tête d’affiche : Céline Bonacina, qui viendra avec en invité Nguyen Lê. Que dire de cette surdouée du saxophone qui nous fait l’honneur de venir et de Nguyen Lê, le virtuose que l’on connaît ! Le dimanche après-midi, le fameux trio Bex-Morelli-Ladd qui jouera au Pharos pour son Tribute to Bill Evans, tout à fait particulier par l’écriture de Mike Ladd soutenue par les deux autres musiciens. Un concert que je recommande, une découverte inclassable. Bien sûr, ce ne sont que quelques-uns des moments phares du festival et il y a énormément d’autres choses à découvrir dans la programmation complète, entre le 14 et le 17 mai !
On termine avec le mot « Demain ».
E.M. : Demain, un festival qui se continue avec la même ambition, la même énergie, la même envie de découvertes, toujours plus de plaisir de la découverte pour nous animer et nous épanouir.
La question subsidiaire : que pensez-vous de la situation du jazz aujourd’hui en France ?
E.M. : J’ai le sentiment que le jazz est très présent en France, qu’il y a comme un renouveau, qu’il ne se porte pas si mal. Je vois plein de nouvelles choses apparaître. Le jazz prend énormément de liberté, il se tourne vers d’autres styles musicaux… Il y a quelque chose de très audacieux dans le jazz actuel, notamment en France. Il est peut-être vu de manière moins élitiste aussi… En tout cas, j’ai le sentiment qu’il se passe quelque chose et je n’ai pas du tout d’inquiétude, pas du tout.