Revoir en concert la joyeuse bande de Tom Barman et CJ Bolland pour un nouveau show de folie douce, dans un lieu inédit à Ostende, est symptôme de comment joindre l’utile à l’agréable, mais aussi de comment savoir faire ou savoir vivre (la musique) à la Belge.
En plein cœur du parc Marie-Henriette et au pied d’un étrange phare dominant l’étang qui l’illustre, est né de façon temporaire, un théâtre de la verdure. Créé de gradins amovibles (à vue d’œil 500 places), avec au sommet une terrasse conçue de palette en bois donnant aussi bien sur la scène ornée par les arbres, que sur son hall naturel, inspire l’admiration. De gros containeurs customisés en bois façon marché artisanal servent de buvettes avec ses tables à l’entrée, mais aussi de passerelles d’accès à l’enceinte des gradins et de la fosse.
Dédié aux spectacles pour les deux dernières semaines d’août uniquement, l’endroit respire la convivialité et Magnus résonne comme le maillon fort de la programmation. Effectivement encore en pleine tournée des festivals d’été, le groupe annonce de nouvelles dates en tête d’affiche, ainsi que forcément la setlist optimisée.
Mais avant de la découvrir, c’est avec le duo de musique pop ambient Bruxellois Hydrogen Sea que débute posément le son du concert. Le couple qui n’a sorti qu’un seul EP « Court The Dark » en 2014, démontre sur scène une facette essentiellement électronique, teintée par les influences du trip hop et du folk. La voix cristalline de la chanteuse Birsen Uçar mariée aux arrangements mélodieux de son complice multi-instrumentiste Pj Seaux amène à la rêverie, tout simplement. Le public est d’ailleurs resté assis dans les gradins, comme scotché par la mélancolie.
C’est exactement l’inverse qui se produira avec Magnus, qui dès son entrée sur scène déclenchera une ambiance décomplexée par les appels de Tom Barman, très en forme. Comme anticipé le combo a livré une prestation nettement plus longue qu’au Heartbeats festival (lire le reportage), mais surtout plus explosive et festive, en partie causée par les arrangements éectro, acid et techno suprêmes de Cj Bolland. Ainsi, des titres comme « Regulate« , « French Movies« , « Singing Man » ou encore « Assault On Magnus » (qui manquait lors du Heartbeats) connaissent un nouveau traitement final, remixé de main de maître par Cj Bolland. Une grande partie du public manifeste sa joie par des « CJ » criés en chœur. Mais réduire le spectacle exclusivement à cette facette ne serait pas logique.
Tout un pan de la culture club belge fusionné à l‘indie rock se déroule là, dans une communion interactive surréaliste, qui ne manque ni de groove (tout le monde danse), ni d’humour (le jeu de scène entre Tom et Tim Vanhamel est euphorique) et surtout pas de rock’n’roll. La performance des guitares wawa de Tim égale le blues vocal de Tom, que réceptionne sensuellement la gent féminine. Les plus « groupies » d’entre elles achèveront le concert en beauté, lorsque par dizaine, elles envahiront la scène sur « Summer’s here« . L’été était bien là ce soir à Ostende, et il n’a pas oublié de rimer avec liberté le temps d’un concert. Mémorable.
Josse JUILIEN