Bien implanté en milieu rural, les pieds (presque) en raison de la proximité du lac de la Vingeanne, le festival du Chien à Plumes aboie chaque été depuis plus de 20 ans et se renouvelle à chaque mois d’août en alternant formation en devenir ou à la renommée confidentielle et grosses têtes d’affiche.
Cette année, le Chien à Plumes 2017 ne déroge pas à la règle et même si la journée du samedi fut la plus chargée. Il y avait clairement de quoi satisfaire tous les goûts au cours de ces trois jours.
Trois soirs de suite, je reprends donc la route que je parcours cet été pour la dixième fois. Tout droit, plein sud, quelques kilomètres avant la bien nommée « Niche » où sont organisés les concerts de l’association organisatrice du festival. Il fait chaud et pas une goutte de pluie ne viendra perturber le week-end (contrairement à 2015 auparavant comme le fera remarquer Mat Bastard).
À peine les artistes arrivés, les dernières notes des nordistes de Be4t Slicer résonnent sur la petite scène (Ponpon). On attrape un programme et c’est parti pour trois jours de découvertes parfois déconcertantes mais souvent réjouissantes. L’herbe est fraîche pour s’y asseoir, il y a des stands pour s’informer (Amnesty International, les antinucléaires…). Et bien sûr une enfilade de commerce de nourritures ethniques pour se restaurer !
Musicalement on passe donc d’une petite scène (Ponpon) à la grande (Ernest). Une troisième proposera des DJ sets, de la danse hip-hop, un micro-ouvert pour les plus téméraires ou avides de notoriété. À noter qu’un ancien du Saïan Supa Crew viendra s’y produire pour présenter son album solo le dimanche.
Les découvertes : c’est le Ponpon
La diversité est de mise et il fallait parfois beaucoup d’ouverture d’esprit pour s’y retrouver. Cette scène sera le terrain de chasse estival de formations parfois très étrange. On commence normalement avec la pop bien barrée des Normands de Gablé le vendredi. Ils produisent de la musique avec un peu tout ce qui leur tombe sous la main (« On Purpose »).
Le lendemain, on y croisera Léopoldine HH, cousine alsacienne de Giédré (qui elle passera le dimanche). Justement la prestation de la Lituanienne sera un des grands moments du festival. Captivant une foule étonnamment nombreuse pour une scène secondaire et surtout si tôt dans l’après-midi (ce qui confirme selon elle le caractère « familial » de sa musique), elle enchaînera les chansons crues et gentiment méchantes. La preuve : mes collègues photographes sont tous restés dans le pit pendant sa prestation, sourires aux lèvres.
Plutôt fan de rock ?
Il y en avait aussi au Ponpon. Du celtique surtout avec The Moorings et The Mahones qui feront écho à Matmatah, tête d’affiche du vendredi. Il y avait dû beaucoup plus barré aussi, avec Totorro et leur post-rock et surtout Pixvae sorte de fusion de musique latine avec du post-rock justement. Leurs compositions étaient soutenues par deux voies féminines et le rendu en devenait hypnotisant. Ce n’est probablement pas pour tout le monde. Toutefois, cela a le mérite d’être original.
Enfin, il y a presque eu une tête d’affiche avec Las Aves, le quatuor électro est venu nous emmener en ballade de Los Angeles à Shanghai. Ils joueront les chansons de leur premier album avec dynamisme. Un bon plan à guetter.
Grosse claque encore avec les Néerlandais de DeWolff et leur rock psyché (avec pattes d’eph’ de circonstances) qui auront offert une bouffée d’air frais dans en dépoussiérant ce style rarement mis à l’honneur dans les festivals généralistes.
Les têtes d’affiches se bousculent au Chien à plumes 2017
Que serait un festival comme le chien à plumes sans ses invités exotiques ?
Pour la première journée, c’est la Brésilienne Flavia Coelho qui s’y colle. Tandis que son compatriote Neymar est présenté à la foule parisienne le jour même, la chanteuse nous convie à partager son « Paraiso ». Ensuite, on assistera au retour de Matmatah. Un retour musical pour les Bretons qui viennent de sortir un nouvel album après près de 10 ans d’absence mais aussi un retour sur les bords de la Vingeanne après un passage remarqué en 2005.
Le samedi sera la journée la plus chargée, on l’a dit ! Il faut arriver tôt pour entendre la Canadienne Lisa LeBlanc se plaindre que sa vie « c’est d’la marde ». Heureusement pour nous, cela passe beaucoup mieux avec son accent sympathique et son banjo qui accompagnent ses compos plutôt rock. Place ensuite au plus maniéré Vianney qui met une touche finale à ses concerts estivaux (avant de reprendre à la rentrée avec des étapes à Lille et à Amiens). Toujours aussi affable, il prend son temps avec son public qu’il captive alors qu’il est seul en scène avec sa guitare. C’est vrai que ce n’est pas très original, mais le public a aimé.
Place au plat de résistance avec l’américaine LP
L’auteure de l’imparable « Lost on You ». Également programmée quelques semaines avant au Lollapalooza à Paris, je peux cette fois-ci profiter de son set en entier. Sa pop est classieuse, variée. C’est surtout sa voix impressionnante qui remporte les suffrages. L’ensemble est plaisant même si, là encore, cela ne renouvelle pas trop le genre. On la retrouvera ensuite au stand VIP pour assister à la prestation dynamique de Mat Bastard.
Ce dernier vient cette fois-ci au Chien à plumes 2017 pour son projet solo (qu’il présentera aussi au public lillois en décembre). La filiation avec Skip the Use est évidente avec peut-être moins d’éléments électroniques. Mais l’énergie est la même et cette capacité à entraîner le public aussi. On notera que plusieurs artistes présents lors des deux premiers jours se donneront rendez-vous ensuite à Ronquières au cours du même week-end (Matmatah, LP, Vianney).
Le dimanche sera un peu plus « ethnique »
D’abord avec les Japonais de Gocoo, une formation qui fait la part belle aux percussions, une sorte de Tambours du Bronx du soleil levant en somme. C’est tout de même un peu difficile d’accès, cependant c’est vraiment original. Enfin que serait un festival sans son groupe reggae ? Ce dimanche, c’est Danakil qui s’y colle. Populaires auprès du jeune public (qui reprend en chœur les paroles de « Marley »), ils aborderont des questions environnementales (un lieu d’enfouissement nucléaire doit voir le jour pas très loin). Le courant passe bien, les refrains sont fédérateurs. On approche déjà de la fin du festival. Peut-être des vacances pour certains.
Ne soyons pas trop triste, c’est le jeune DJ Fakear qui est chargé de conclure la soirée. Pas trop fan de musique électro habituellement, il me faut avouer qu’il a un petit quelque chose en plus. Communiquant avec le public et accompagné de musiciens, on s’éloigne agréablement du DJ set traditionnel de ses collègues.
Ça y est cette troisième journée s’achève. C’est épuisant, surtout la route bien que ma ville natale ne soit qu’à 3/4 d’heures de là. Il y aura eu des fous rires (merci encore Giédré), des confirmations (Matmatah, Mat Bastard) des découvertes (Las Aves) et quelques déceptions (Danakil). Épuisant certes, néanmoins j’attends déjà l’an prochain que cela recommence. En attendant de pouvoir apprécier la programmation annuelle de l’association, rendez-vous fin août pour le grand frère régional : le Cabaret Vert 2017.