Écoutez enfin Grand Bois par Brome !
Si nous sommes bien plus que l’addition de nos expériences, les disques que nous écoutons, les villes que nous arpentons, les livres que nous lisons et les pays que nous visitons nous constituent. Ils forment notre sensibilité et nos rêves, intègrent notre ADN. Et cette somme est aussi singulière qu’unique. Prenons Grand bois, le nouvel album de Brome, projet du multi-instrumentiste Timothée Demoury, qu’y trouvons-nous ?
Rien de moins que le chemin d’une vie
Un musicien qui fait ses armes à Nantes en bord de Loire en écoutant tout à la fois du rock indépendant, du post-rock américain et la chanson française telle qu’elle a été redéfinie par Dominique A ; un auteur-compositeur-interprète qui déplace son univers à Berlin où il enrichit sa musique de grisailles, d’énergies, du sourire des jolies filles de l’Est et des voix féminines nordiques et éthérées avant d’aller puiser du côté de l’Afrique des rythmiques originelles et des sonorités aussi vieilles que la civilisation.
Grand bois, c’est la mélancolie d’une solitude volontaire entrecoupée de rencontres
Pas moins de neuf musiciens venus d’horizons différents ajoutent leurs touches aux arrangements (acoustiques comme électriques). Grand bois – dans le vaudou haïtien – est un lieu de culte, un Lwa élémentaire, ainsi qu’un esprit associé aux végétaux. Comme le suggère la photographie de Nicola Lo Calzo choisie pour la pochette de l’album, la mort nous accompagne. Elle est inscrite en nous. Alors, partons explorer ce qui échappe au regard et se tient à l’orée de nos consciences : un univers enfoui, troublant, peuplé d’esprits dont on ne sait s’ils sont protecteurs ou menaçants. Grand bois est une cérémonie vaudoue espionnée au fin fond d’un bayou, une expérience simultanément inquiète et heureuse.
Grand bois, c’est également une volonté de chanter en français
C’est accueillir la poésie en assumant son héritage anglo-saxon pour offrir une musique singulière tenant à la fois de l’électrique spoken folk, que de la pop ou d’un rock conscient de ses origines complexes et diverses. La reprise d’un traditionnel Cajun (Pa’ Janvier) va en ce sens. Accueillir les métissages des langues, assumer les racines du vieux blues du Mississippi comme celles du post-rock.
Enregistré à Berlin entre la maison et le studio de Boris Wilsdorf (Einstürzende Neubauten) puis mixé dans le Kentucky, au mythique studio analogique La Land par Kevin Ratterman (Shannon Wright, My Morning Jacket) Grand bois est né d’un périple qui illustre parfaitement la philosophie de son auteur, compositeur et principal interprète. Il faut aller de l’avant, métaboliser les influences et cheminer sur une voie de traverse qui n’appartient qu’à lui.
Le lien d’écoute de « Grand bois » : brome-grand-bois-album/s-K3KLa également disponible sur le site ilovebrome.com.
Le disque est paru le 29 septembre (Sosei records/Arbouse Recordings, distribué par Inouïe distribution).
Une vidéo pour le morceau Taurus makasi vient de paraître :
Brome sera en tournée en France et sera le 4 novembre 2017 à Lille au Caf&diskaire : facebook.com/events/281570065679258/