
« J’aime pas les chansons, j’aime pas les chanteurs »
Dans l’article consacré à l’album de Zora (« La neige sur la plage »), j’évoquais des chansons raisonnées et raisonnables. Continuons avec Anastasia. Je me suis demandé s’il fallait vraiment écrire quelque chose sur cette agréable production. Mais je vous connais . Si vous êtes en train de lire ma bafouille, c’est que vous avez besoin qu’on vous en cause un peu avant que vous n’y glissiez les oreilles. Pour ceux qui aiment les chansons, je vous encouragerais donc à ne pas lire la suite, mais à passer directement à la case écoute. Pour les autres, je vous invite à emprunter les onze pistes bien balisées de cet album. Pas la peine de trop se fatiguer, de s’user les souliers à chercher des qualificatifs pompeux et inappropriés pour le décrire, cela ne ressemblerait pas à ce premier album, enregistré dans le studio de Batlik à Aubervilliers avec son label « A brûle pourpoint ».
Il est simplement utile de se mettre un peu en condition en faisant des tours de hamac avec un verre posé sur l’étagère pour apprécier toutes les subtilités des paroles simples comme les mélodies, avec ses peines et ses joies. Anastasia est une rose aux ardeurs d’opiacées, douce comme une pâquerette avec un corps d’orchidée, agile, féline, un peu fêlée, mais attention aux épines, qui s’y frotte s’y pique, un fruit qu’on ne peut croquer, une herbe folle qui nous rendra amnésique.
« Ne disons plus je t’aime, vivons-le simplement »
Le disque passe comme une sieste un peu crapuleuse et je me suis dit (plusieurs fois) « tiens, c’est déjà fini ?! ». Des chansons courtes terre à terre, corps à corps avec une orchestration simple mais pas minimaliste. Un côté revêche, rebelle, un peu déluré mais très sentimental, swing et jazzy ; la douceur de Pauline Croze, le chant bien placé et travaillé de Camille, les petits piquants de Carmen Maria Véga et un je-ne-sais-quoi de GiedRé. Les textes sont parsemés de jeux de mots fleuris et acérés avec un phrasé chanté, rappé, scaté qui donne envie de fredonner, de l’accompagner ; «des mots doux, des mots magnifiques, des mots flous qui rendent nostalgiques, je les trouve magiques et ils tombent à pic ». Le registre vocal d’Anastasia est attachant. Elle a un charme indéniable (je craque,,,). La guitare est détaillée, propre et claire, il y a juste ce qu’il faut de chœurs et de cordes, une contrebasse discrète et la trompette est bien posée tels des petites virgules, des clins d’œil, des sourires. Une rythmique impeccable, des arrangements soignés.
Comme c’est agréable une chanteuse talentueuse encore en train d’éclore qui se laisse parfois emporter par ses paroles, par sa petite vie taillée sur mesure pour qu’elle lui colle à la peau, qui vole, qui plane et n’en fait jamais des tonnes. Dont stop !
Oublions les jours blêmes
Dansons toute la nuit, nous verrons bien demain
Je t’emmène à la plage
Faire l’amour au soleil
Vivre comme un nuage
Oublier le réveil
On pourrait tous être heureux mais ça f’rait pas marcher le business
Le temps fait des ravages et il n’épargne personne
On est bien cons quand on y pense.
Mais moi, de vous,
De vous, je suis fou
Le monde est à nous
Le reste je m’en fous.
Site officiel : anastasia.abrulepourpoint.com Sur Facebook : anastasiamusicofficiel
Anastasia, « Beau parleur », A brûle pourpoint/Musicast (2013)
L’auteur :
M. Bix, chronique de ‘Beau parleur‘ d’Anastasia. L’écoute très courte par M.Bix, c’est par ici.