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Chronique

29 septembre 2014 - par L'équipe

Air : l’atmosphère culte au Palais des Beaux-Arts de Lille sur vinyle4 min. de lecture

Air : Music For Museum ( Vinyl Factory)

Après avoir été les pionniers du mouvement French Touch dans les années 1990 au côté de leur confrère Daft Punk, Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin deviennent les pionniers de la B.O de musée. Cela n’avait jamais été fait auparavant. En perdurant leur amour à visage découvert pour le patrimoine français, à l’inverse des deux casques mondialisés et mondains, Air prouve une intégrité sans faille dans son espace d’inspiration et d’aspiration. Deux ans après avoir exploré en musique le film muet de Georges Méliès «Le voyage dans la lune» (sorti en 1902), ils visitent le Palais des Beaux-Arts de Lille avec un esprit sonore purement expérimental, à mille lieues d’une démarche commerciale.

Sollicités pour ouvrir du 10 avril au 24 août 2014 l’Open Museum à Lille, nouveau concept qui donne quartier libre à des artistes sur la vision des œuvres d’arts habitant le musée, Air en fait une expérience d’écoute de la musique, notamment avec les huit enceintes qui tournent au sein même du centre du Palais. Les neuf longs titres épurés, minimalistes, certains cosmiques, à l’échelle de l’art contemporain sont donc immortalisés sur un double vinyle limité à 1000 exemplaires, seulement, dans le monde. Sans être indispensable l’objet est déjà rentable pour ses propriétaires, car à fortiori en rupture de stock, le prix oscille entre 100 et 150 euros sur la toile. La pochette ravivant le concept du véritable double album physique façon 1970 est luxueuse.

Pour qui a les yeux grands ouverts, la photographie kaléidoscopique de l’atrium du palais est même kubrickienne (2001, l’Odyssée de l’espace). Le son à domicile lui malheureusement ne révolutionnera pas les enceintes ni les ouïes avides de nouvelles expérimentations. Elles pourraient même s’y ennuyer sans le contexte particulier de l’art aux palais. « Octogum » sortira pourtant du lot avec sa sonorité pêchue old school à la Jean Michel Jarre (Rendez-vous) ou Laurent Garnier (Unreasonable Behaviour) qui réveille le plaisir instantané de pousser le son. Ce n’est pas le cas avec la boucle « Art Tatoo » qui s’étend sur près de seize minutes à la manière d’une démo de machine non contrôlée, ou encore des premiers essais de Kraftwerk au stade « Organisation » en 1970. « North Cloud » qui sonne comme une oppressante production Warp des années 1990 (Aphex Twin, LFO) est transmutée avec la bande-son d’une série B des années 1970 (Cosmos 99).

Music For Museum vynile air
Pochette et vynile de Music For Museum par AIR

Les sons chillout et stellaires à la Brian Eno sont récurrents, mais se marient trop souvent à de sombres mélodies endeuillées comme avec la trompette de «Intégration-Désintégration», qui évoquent des images tristes de bandes originales de films de guerre. « Kiss Volcano » et son ambiance post apocalyptique ne remontera pas non plus le moral, mais relèvera une anticipation cérébrale qui prône le malaise. « Reverse Bubble » est un morceau de pure musique ambient qui cherche en vain sa vision du tableau home sweet home. À défaut  d’aura du musée chez soi, certains titres se prêtent néanmoins aisément au karma de la méditation, comme le céleste et tantrique « Angel Palace », l’onirique et bien nommé « The Dream Of YI » ou le sensuel « Land Me », seul titre vocalisé déshabillant l’œuvre « exploration du corps féminin » de Linda Bujoli, muse d’inspiration affichée par le duo.

Si cet album ne possède volontairement aucune luminosité mélodique, aucun tempo cardiaque, aucune basse humaine, son potentiel unique et mystique, impose néanmoins une réflexion intemporelle qui forge le respect. À l’instar d’une pièce de musée finalement, Music For Museum s’inscrit définitivement dans le temps. Grâce à lui, une nouvelle ère historique d’interaction culturelle s’ouvre pour les musiciens du monde réel. Dix-sept ans après son fantastique Premiers Symptômes, on peut penser que nos compositeurs ont appréhendé les derniers symptômes anti conventionnels. On peut ressentir qu’Air a insufflé la bande originale ultime. Lors de sa dernière conférence au musée, le duo a d’ailleurs annoncé un prochain album, son dixième, de format pop et une tournée traditionnelle qui les verrait sans doute se produire à l’atrium du palais des beaux-arts de Lille. Une future date exceptionnelle qui semblera légitime et symbolique au regard des « electronic performers » et des fans.

Josse Juilien

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