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Reportages

[reportage] Le groupe SIMPLE MINDS était à Douai

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19 février 2015 - par L'équipe

Live Gold Dream 2015 pour Simple Minds à Douai

Le groupe écossais légendaire Simple Minds qui vient à peine de débuter sa nouvelle tournée “BIG MUSIC TOUR” était pour sa cinquième date dans le Nord de la France, sur la scène du Gayant Expo à Douai. La salle est réduite par d’immenses rideaux noirs pour accueillir intimement les 4000 personnes anticipées. Les fans qui portent sur eux le sourire d’une certaine sagesse (âge inclus), autrement dit d’une excitation contrôlée, patientent à la bière ou au merchandising bien fourni.

20h tapante, alors qu’une symphonie cinématographique à la “Braveheart” monte en volume, les lumières s’éteignent.

Non ce n’est pas une éventuelle première partie, mais bien les Simple Minds qui investissent déjà la scène un par un sous une nappe synthétique et sous les applaudissements du public abasourdi par l’effet-surprise. La scène est très esthétique avec ses estrades parfaitement disposées dont les symboles métallisés sous fond noir évoquent une certaine puissance celtique. 37 ans de carrière ravivés par un nouvel album majestueux et formation synergique en septet vont résonner comme une évidence.

“Let The Day Begin” (bien nommé pour le coup) et “Blindfolded” du dernier album entament parfaitement le show sur des lumières grandioses et boucles électro soul, sans doute trop sophistiquées pour les fans, car l’ambiance est mitigée. En effet Simple Minds est victime de ses hits précurseurs new wave ou grand public dans les années 1980, mais aussi par la même de ses passages plus faibles dans les années 1990 et 2000 n’ayant pu régénérer massivement de nouveaux adeptes.

Cela ne semble néanmoins en rien affecté Jim Kerr.

Il est plus jovial que jamais, qui tel un jeune premier se déambule d’un coté à l’autre de la scène, tombe à genoux, encense ses partenaires et surtout s’applique sincèrement au chant. Le groupe lui n’est pas en reste dans les performances. On ne présente plus l’incroyable guitariste au maintien atypique qu’est Charlie Burchill, ni le puissant batteur Mel Gaynor (décrété meilleur batteur au monde dans les années 1980) très bien entouré, même caché, de ses nombreux fûts et caisses de percussions. Le claviériste Andy Gillepsie, assis derrière ses synthés en impose dans les sonorités au même titre que le bassiste Ged Grimes est efficace dans son jeu. La superbe choriste Black Soul Sarah Brown devra cohabiter avec la jeune et nouvelle recrue Catherine Anne Davies aka The Anchoress (iamtheanchoress.com), musicienne écossaise à la rousseur flamboyante dont le vocal évoque aussi bien Kate Bush que Lana Del Rey. Avec elle, Simple Minds a gagné en fraîcheur et inattendue, le public lui en charisme scénique.

Alors que “New Gold Dream” (très fidèle à sa version avant-gardiste de 1982) contraste avec le suivant de 1989, “Mandela Day”.

C’est un morceau joué trop solennellement en hommage au 25e anniversaire de la libération de Nelson Mandela, le dernier single lumineux “Honest Town”, sensuel et pêchu sur le refrain “You and Me” de Catherine A.D, se marie à la perfection au “Love Song” à l’énergie post-punk inusable de 1981. Puis vient une version céleste et inédite de “Rivers Of Ice” de 1991 ré-interprétrée par Catherine AD au piano sous de très beaux effets de lumières, marque concrètement la nouveauté chez Simple Minds.

“Waterfront” lui marque concrètement (et sous les frissons) la force intemporelle du vrai son épique de Simple Minds.

Rythme martial, basse hypnotique, claviers autoritaires, guitares héroïques, chant prédicateur. Le classique rétro “Don’t You” étendu sur de longues minutes avec les lalalala du public ne possédera pas la même puissance, mais garde néanmoins un charme nostalgique indescriptible que son chanteur rend bien avant d’annoncer avec humour une pause de quinze minutes, “le temps d’aller boire trois verres de whiskys”. Jim Kerr n’a jamais semblé si authentique dans la communication sur scène, généreux et regardant franchement le public, s’essayant plusieurs fois au français avec un roulement de “r” irrésistible dans son accent et touchant quand il précise modestement “We are Simple Minds from Glasgow, Scotland, thank you for supporting us”.

La pause est bienvenue le temps de réaliser que ce groupe en 2015 tient encore vraiment la route et non pas dans une catégorie mainstream et vénale à la U2 ou stars 1980 façon le Come-Back (film parodique de 2007 avec Hugh Grant).  On regrette juste le choix peu judicieux de l’endroit car le show et la configuration de la scène semblent avoir été conçus idéalement pour les Zéniths ou théâtres d’envergure.

Qui dit deuxième set, dit nouvelle introduction, nouveau jeu de lumière, nouveaux costumes !

À l’honneur ce coup-ci Sarah Brown sur une réinterprétation à la Grace Jones du magnifique “Book Of Brillant Things” en medley avec “East At Easter”, fascinante entre soul, trip hop et disco. Il était une fois 1985, “Once Upon A Time”, “All The Things She Said”…, “Let There Be Love” voit revenir Jim Kerr dans ses années glorieuses, mais encore une fois c’est avec un titre de New Gold Dream 81 82 83 84 que l’émotion pure est atteinte.

“Someone, Somewhere In Summertime” sonne aujourd’hui avec une ferveur optimiste irrationnelle, où le temps n’a plus d’intérêt, car seul compte le refrain magique, rejoué à l’identique. Une bouffée de bonheur lié à “Midnight Walking” du dernier cru “Big Music”, mais aussi tuerie sur scène comme promise par Jim Kerr lui-même sur la toile. Très proche du meilleur de Depeche Mode, le titre impressionne par son traitement live intégral qui dépote jusque dans la prestation de Jim Kerr, dont la foi pour ce titre se ressent avec un plaisir viscéral. “Big Music” suit logiquement le potentiel actuel, énergique, riche, classe, avant le tube “Alive And Kicking” plus poignant sous les ovations chantées en chœur avant, durant et après le rappel.

Les nappes de synthés entament “Spirited Away” religieusement, sur une version plus profonde que l’album, qui doit encore une fois à Depeche Mode tout en fusionnant avec la facette la plus culte du groupe (Seeing Out The Angel). L’émotion est à son comble.

Les trois titres qui clôtureront le concert, malheureusement, la feront rabaisser.

En effet même si “Glittering Prize” est un très bon single dansant de “New Gold Dream”, il n’a pas sa place en rappel en comparaison du précédent “Someone…” Même si la reprise des Doors “Riders On A Storm” est pertinente, voir sympathique, car permet aux sept membres de s’exprimer sur scène, ne décolle pas.  À l’inverse , en final, “Sanctify Yourself” sans doute plus choisie pour ses paroles messianiques que qualité musicale, est trop hystérique pour déclencher une osmose.

Dommage. Finalement Simple Minds c’est un peu tout ça à la fois. De l’excellent avec de la recherche musicale et du lyrique. Du bon avec ses tubes mélodiques indéniables et du moins bon dans des choix lorgnant parfois avec un mauvais goût inexplicable. Néanmoins, pour la première fois de sa carrière Simple Minds a trouvé le juste milieu pour contenter tout le monde et surtout se faire plaisir.

Voir Jim Kerr en 2015 quitter difficilement son public en dansant sur “Louie Louie”, la reprise d’Iggy Pop, est juste un témoignage de valeur additionnel au ressenti globalement positif. La tournée qui prévoit 26 titres différents sur près de 2h30 chaque soir fortifiera nul doute le respect que mérite ce groupe, notamment pour son dernier effort à avoir réalisé un véritable album de grande musique, amplement joué et prouvé sur scène.

Josse Juilien

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